Comme annoncé dans un précédent article, le Festival Cinélatino vous attend en salles du 9 au 12 juin 2021 !
Deux invités qui viendront rencontrer et discuter avec le public à la Cinémathèque de Toulouse : l’acteur Alfredo Castro et la documentariste Maria Augusta Ramos.
Alfredo Castro est mon acteur chilien, et même d’Amérique latine, préféré. Nous l’avions découvert en salles en France avec Tony Manero de Pablo Larraín, et ses qualités d’acteur ont pu se vérifier au fil des années. Sebastián Sepúlveda, réalisateur du film Les Sœurs Quispe, m’avait parlé d’Alfredo Castro (entretien complet ici)
J’étais un peu perdu avec le rôle du voyageur qui passe seulement, a peu de dialogue, est un peu déprimé, puis disparait. Mais il doit être fort. Alfredo, qui est aussi directeur de théâtre et a proposé de couper le rythme du film, en faisant celui qui arrive de la ville. J’ai réfusé car c’était le rôle du colporteur. Lui, c’était plutôt le fantôme qui passe avec ses angoisses, qui n’a pas digéré ce qui lui arrive. J’ai connu beaucoup d’exilés qui dormaient sur notre canapé. Je lui ai fait un peu le look que mon père avait à cette époque-là, et un mélange de Nino Rota (rires). J’étais plus méchant avec ce personnage, car il représentait la génération de mes parents. J’avais un conflit avec eux, leur dépression. J’étais vacciné de leurs histoires, sur la dictature, les coups d’état, les combats des compañeros. J’ai fait ce film aussi car c’est un film très périphérique, un monde paysan éloigné de tout. Alfredo a apporté de la fragilité au rôle, il a bataillé un peu pour lui donner plus de valeur. Et il a eu raison.
Marcela Said, la réalisatrice de Mariana (Los Perros) (chronique à lire ici) ne tarissait pas d’éloges sur son acteur (à 3min56). Marcela Said faisait partie cette année du jury qui décernera le Gand Prix Coup de Cœur 2021.
Pour la générosité avec laquelle il met son talent au service des premiers films, notamment Karnawal de Juan Pablo Félix, mais aussi de réalisateurs plus confirmés, comme avec le film de Rodrigo Sepúlveda Tengo miedo torero.
Quatre films avec Alfredo Castro sont à (re)voir + une rencontre :
Mercredi 9 juin :
16h30 : Tony Manero de Pablo Larraín, à la Cinémathèque
PRIX CINÉ +
PRIX DU PUBLIC LONG-MÉTRAGE DE FICTION
PRIX DES ÉLECTRICIENS GAZIERS
Mention spéciale du Jury du GRAND PRIX COUP DE CŒUR pour l’interprétation d’Alfredo Castro
Mention spéciale du Jury de PRIX CCAS LONG MÉTRAGE DE FICTION
Jeudi 10 juin
16h30 : Rojo de Benjamín Naishtat, à l’Institut Cervantès
18h00 : Karnawal, de Juan Pablo Félix, à la Cinémathèque
Mention spéciale du Jury du GRAND PRIX COUP DE CŒUR pour l’interprétation d’Alfredo Castro
Alfredo Castro fait la couverture du 29e numéro de la revue CINÉMAS D’AMÉRIQUE LATINE, disponible à l’achat.
Écouter le podcast de la rencontre avec le comité de la revue enregistrée mardi 23 mars à Ombres Blanches par Radio Radio.
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Après deux annulations covidesques, le rendez-vous avec Maria Augusta Ramos est enfin possible.
Voici l’édito de Franck Lubet, programmateur de la Cinémathèque de Toulouse, pour mesurer la qualité de ses films :
Primé aux festivals de Berlin et Visions du Réel (mais pas seulement) en 2018, O Processo (Le Procès), qui nous entraîne dans les coulisses de la procédure de destitution de Dilma Rousseff, aura marqué l’année 2018, autant que l’élection de Jair Bolsonaro quelques mois plus tard de cette même année. C’est que Maria Augusta Ramos nous plongeait au cœur d’une machine politique qui avait tous les attributs d’un drame. Celui de la démocratie. Une tragédie même, tant cela ressemble à une fiction : on y voit, hallucinant, Bolsonaro réclamer au Parlement la destitution de Rousseff au nom du Colonel Ustra, tortionnaire de la junte militaire qui l’avait torturée ! Décidément, la réalité toujours dépassera la fiction. O Processo est la pierre de Rosette qui permet de comprendre comment le Brésil a pu basculer dans un conservatisme qui convoque ses plus noires années. Le film marque par son actualité. Par son acuité surtout. Mais Maria Ramos n’en était pas à son coup d’essai. Déjà Futuro Junho sorti en 2015 saisissait un premier point de bascule, sociale celle-ci, en suivant quatre personnages à la veille de la Coupe du monde de 2014 : un analyste financier, un employé de métro syndiqué, un ouvrier d’une usine automobile et un coursier. Quatre trajectoires qui, sans être amenées à se croiser, donnent une vision kaléidoscopique de la crise économique et sociale qui déjà faisait plus que menacer le pays. Maria Ramos a l’œil. Un regard perçant qu’elle pose sur la société brésilienne et ses institutions. Institutions politiques, judiciaires et policières. Ainsi avec Justiça (2004) elle suivait le procès de jeunes délinquants face à leurs juges et ces juges face aux délinquants, des deux côtés, car son cinéma n’a rien de partial. Il donne les moyens d’essayer de comprendre les situations. Juízo (2007) allait plus loin dans cette même veine en observant le traitement judiciaire de mineurs. Quant à Morro dos Prazeres (2013), il nous plongeait dans le quotidien d’une favela, « La colline des plaisirs », investie par une unité spéciale de la police. Maria Ramos y suit de nouveau plusieurs personnes, donnant à découvrir finalement davantage des portraits d’hommes et de femmes dans leur vivre ensemble qu’une mécanique institutionnelle. Et c’est bien là que son cinéma se distingue de celui d’un Frederick Wiseman, par exemple, auquel on ne manquera pas de penser de prime abord : filmer au cœur des institutions, pas de voix off, pas d’interview. Un cinéma d’observation bien que Maria Ramos semble davantage scruter qu’observer. Il y a un sentiment de mise en scène qui se dégage paradoxalement de son cinéma. Paradoxalement, parce que l’on parle ici de cinéma documentaire. Un sentiment qui passe par un sens du cadre très sûr, photographique, profondément cinématographique, et une maîtrise de la durée du plan. Un sens du plan plus proche de celui de Chantal Akerman que de celui de Wiseman. Un sentiment qui passe aussi par le montage, très imbriqué, attaché à suivre en alterné des personnes / personnages dans une structure de film choral. En regardant Futuro Junho ou Morro dos Prazeres, par exemple, on se surprend même à attendre le « truc » scénaristique qui fera basculer le film dans le drame. Tous les ingrédients sont là, les personnages, la tension, ne manque plus que le coup de pouce de la fiction. L’un pourrait être un drame réaliste, l’autre un film policier sur le mode de la chronique. Juízo, un film de prison. Seca (qui contient des parties fictionnées), film sur la sècheresse au Sertão, pourrait être un western. O Processo, un thriller politique paranoïaque. Maria Augusta Ramos possède un véritable art de la mise en scène. Et il est d’autant plus fort qu’elle travaille avec un matériau du réel. Avec le réel. Devrions-nous dire qu’elle travaille sur le réel ? Peut-être, tant son cinéma, contrairement aux premières impressions, dépasse la seule notion d’observation d’une réalité, pas pour la sublimer, mais pour lui donner une véritable incarnation. Une incarnation qui est d’abord son regard. Un regard sur la société brésilienne, bien sûr, mais un regard qui embrasse aussi le cinéma. Tout le cinéma. Ses films font tomber les barrières archaïques qui voudraient que l’on oppose toujours documentaire et fiction. On y découvre une écriture documentaire qui maîtrise totalement la grammaire de la fiction. Un cinéma qui nous confirme, s’il en était encore besoin, qu’une véritable écriture cinématographique dépasse les notions de doc ou fiction. Il y a du bon cinéma ou du mauvais cinéma. Celui de Maria Augusta Ramos est du meilleur.
OTRA MIRADA sur Maria Augusta Ramos
Les six films et la rencontre avec Maria Augusta Ramos sont détaillés ici.
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Et Cinélatino, c’est toujours des expositions, un village dans la cour de la Cinémathèque de Toulouse, des rencontres avec le public, des avant-premières.
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Et comme l’édition ne dure que 5 jours au lieu des 10 habituels, voici la grille horaire des salles toulousaines :
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