La Pampa un film d’Antoine Chevrollier
Le premier long d’Antoine Chevrollier embrasse une multitude de thèmes, les réunissant dans son Anjou natale autour d’un terrain de motocross : la Pampa.
Jojo (Amaury Foucher) et Willy (Sayyid El Alami) – Crédit : AGAT Films
C’est là que nous croisons deux grands ados, Willy et Jojo. Plus que des amis, ils sont des « frères », chacun révélant à l’autre ses plus intimes secrets. Jojo va concourir très bientôt pour un championnat important de motocross. Poussé, c’est un euphémisme, à la performance par David, son père, et entraîné quotidiennement par Teddy, il a la faveur des pronostics. Dans ce petit monde rural, tout tourne autour de ces engins rugissants, traceur d’un virilisme triomphant. Sauf que Jojo garde ultrasecrète une part de lui-même, peut-être la plus sensible. Willy va s’en apercevoir. Pour le jeune homme cela ressemble à une trahison. Non pas ce secret, mais le mutisme de son ami. De fil en aiguille, toute la petite communauté va l’apprendre. Les réseaux sociaux s’en mêlant, Willy va en être éclaboussé. Difficile de résister aux assauts de la bêtise humaine, en particulier celle de ses camarades de classe de terminale. En fait Willy cache aussi une douleur, insupportable : la mort de son père. On le voit bien, deux thèmes très lourds s’entrecroisent dans ce film. Antoine Chevrollier tente de les réunir et arrive souvent à nous convaincre. Ceci étant, conjuguer le travail de deuil à une masculinité toxique n’était pas simple comme challenge. Pour cela il est aidé par un casting au cordeau mais dominé par le jeune Sayyid El Alami (découvert dans Leurs enfants après eux, en 2024). Il campe un Willy meurtri mais résilient, affrontant avec un courage exemplaire les épreuves de son passage à l’âge adulte. On n’est pas près d’oublier le magnifique duo qu’il forme avec Amaury Foucher, Jojo testostéroné comme le souhaite David (Damien Bonnard) mais dissimulant les dangereux chemins de traverse qu’il emprunte. Dans un emploi pour le moins inattendu, Artus (Teddy) révèle la face « sombre » de son talent.
