Le concert du 29 juin dernier en l’église du Gesu constituait l’aboutissement d’un événement musical baptisé Premières Ondes #1 et qui a occupé toute cette semaine. Le jeune ensemble de musique ancienne au nom évocateur, Tumbleweeds (Virevoltants), offrait un programme lumineux représentatif des musiques de l’Italie du XVIIème siècle.
Les jeunes artistes lors du salut final – Photo Classictoulouse –
Il faut replacer cet événement dans son contexte culturel et éducatif. L’Atelier des Sacqueboutiers, cette nouvelle institution créé en 2007 par l’ensemble de cuivres anciens de Toulouse, Les Sacqueboutiers, s’est engagé à offrir à de jeunes instrumentistes en début de carrière l’opportunité d’acquérir une compétence spécifique dans le répertoire des musiques anciennes et de se confronter au public.
Ce soutien apporté aux jeunes musiciens par Les Sacqueboutiers se manifeste par un accueil en résidence à l’église toulousaine du Gesu pendant quatre jours, par un accompagnement artistique de Daniel Lassalle et Jean-Pierre Canihac, codirecteurs de l’ensemble, par un diagnostic des besoins et de conseils dans les champs de la diffusion, de la production, de la communication, par des rencontres avec divers publics, notamment les scolaires, et par un concert de fin de résidence dans l’église du Gesu ouvert au public et gratuit.
Pendant cette semaine de juin, l’Atelier des Sacqueboutiers a donc accueilli et mis à l’honneur ce jeune ensemble en pleine ascension, baptisé Tumbleweeds, du nom de ces buissons qui roulent sur les grands plaines… Créé en 2021 par Claire-Ombeline Muhlmeyer et Pernelle Marzorati, cet ensemble à géométrie variable est composé de jeunes étudiants ou diplômés des Conservatoires Nationaux Supérieurs de Musique et de Danse de Paris et de Lyon. Les quatre jeunes musiciens accueillis cette semaine sont Claire-Ombeline Muhlmeyer, flûte à bec et sacqueboute, Pernelle Marzorati, harpe triple, Valentin Seignez-Bacquet, violon et Jérémy Nastasi, archiluth et guitare baroque.
De gauche à droite : Valentin Seignez-Bacquet, violon, Pernelle Marzorati, harpe triple, Jérémy Nastasi, guitare baroque, Claire-Ombeline Muhlmeyer, flûte à bec – Photo Classictoulouse –
Signalons qu’une rencontre vivifiante et animée entre ces musiciens et de jeunes élèves de l’école voisine Saint-Stanislas a été organisée le matin même du concert à l’église du Gesu et a obtenu un grand succès.
Au public venu assister au concert conclusif de cette session, ce 29 juin, Tumbleweeds offre un programme illustrant un “Voyage musical au cœur de l’Italie du XVIIème siècle”. Sont exécutées des œuvres de Marc Uccellini, Giovanni Picchi, Dario Castello, Alessandro Grandi, Biagio Marini, Girolamo Frescobaldi, Johannes Hieronymus Kapsberger, Giovanni Legrenzi, Maurizio Cazzati, Giovanni Battista Fontana, Alessandro Piccinini. Présentée, commentée à tour de rôle par les deux musiciennes/fondatrices, cette succession de pièces met en évidence l’impressionnante maturité musicale des quatre interprètes. Les partitions choisies s’enchaînent astucieusement grâce à l’imagination et au sens aigu de l’improvisation et de l‘ornementation de chacune et de chacun.
De nombreuses pièces instaurent un dialogue rutilant entre le violon et la sacqueboute. Valentin Seignez-Bacquet et Claire Ombeline Muhlmeyer rivalisent de virtuosité et de délicatesse dans ces échanges subtils et chaleureux. Grâce et légèreté sont néanmoins soutenues par une authentique intensité musicale. Le continuo s’avère brillamment assuré par un duo raffiné de cordes pincées : celles de la splendide harpe triple de Pernelle Marzorati et celles de l’archiluth et de la guitare baroque de Jérémy Nastasi.
Jérémy Nastasi joue ici de l’archiluth et Claire-Ombeline Muhlmeyer de la sacqueboute – Photo Classictoulouse –
Parmi les grands moments de cette soirée, saluons la voix comme simulée par la sacqueboute dans le nostalgique motet sacré d’Alessandro Grandi “O quam tu pulchra es”. Sensibilité et éloquence s’y déploient avec tendresse. Plusieurs autres solos instrumentaux mettent en évidence les talents de chacune et de chacun. Violon (dans une Sonata quarta de Biagio Marini), archiluth (dans une pièce poétique de Johannes Hieronymus Kapsberger), harpe triple (dans la Sinfonia 13 de Marc Uccellini) rivalisent à leur tour de virtuosité et de musicalité.
L’accueil enthousiaste du public obtient même un bis qui accompagne les remerciements des interprètes, par la voix de Claire-Ombeline Muhlmeyer, adressés aux Sacqueboutiers, les organisateurs de cette fructueuse semaine de soutien aux jeunes artistes.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
