Sens du partage et créativité l’ont fait collaborer avec le monde gastronomique. Depuis plus d’un an, ses initiales signent certains menus toulousains. Et si elle se déplaçait de cuisine en cuisine, aujourd’hui, elle possède ses propres fourneaux. On est allé y faire un tour. Rencontre avec CMP, Clara Marie Petit, cheffe à domicile et du restaurant Garçon Sauvage à Toulouse.
Rencontre avec Clara Marie Petit, cheffe à domicile et du restaurant Garçon Sauvage à Toulouse, ©Julie Rodriguez
Il y a rarement de hasard dans la vie. Clara Marie Petit en est le parfait exemple. À 33 ans, la cheffe cuisinière rêve de son métier depuis le plus jeune âge. “Je devais avoir 6 ans quand j’ai monté un petit restaurant dans l’espèce de cazotte de mon grand-père. Mes cousins assuraient le service, et moi je faisais payer les parents pour manger des olives (rires). Je courais partout comme si j’étais dans le rush, ça a toujours été ma passion”. Mais derrière la satisfaction d’exercer une profession en accord avec sa passion et ses valeurs, émerge parfois un doute, celui de sa légitimité. Un nœud que partagent de nombreux jeunes cuisiniers propulsés dans le grand monde de la restauration. Une éternelle remise en question qui, quand elle se transforme en stress positif et stimulant, crée des merveilles. Touchée elle aussi par cette pression, nous sommes directement allés goûter la cuisine de la cheffe toulousaine, et alerte spoiler : elle a choisi la bonne voie ! Direction le restaurant Garçon Sauvage, place Saint-Étienne, ouvert depuis le vendredi 1er décembre 2023.
©Julie Rodriguez
Une cuisine de souvenirs
Mise en bouche : Radis noir mariné, ricotta & œufs de truite
FRAÎCHEUR & SIMPLICITÉ, comme celle qui a dressé ces petites bouchées surprises inattendues, servies peu de temps après notre arrivée. Sourire naturel fixé sur le visage et mots doux pour accueillir les clients qu’elle croise, Clara Marie Petit respire la délicatesse et la convivialité, à l’image du quartier Saint-Étienne qu’elle régale midi et soir, du mardi au samedi, avec sa cuisine traditionnelle issue du terroir. Un amuse-bouche surprenant, qui donne envie d’en savoir plus, de découvrir la suite…
Mise en bouche : radis noir mariné, ricotta et œufs de truite. ©Julie Rodriguez
Entrées : Velouté de poireaux, ricotta au chili & lard fumé et Pâté de campagne
TRADITIONS & RÉCONFORT, avec des entrées de bistrot, exécutées à la perfection, nids de saveurs et de textures. Une recette que Marie Clara Petit décline dans ses deux métiers : cheffe de restaurant et cheffe à domicile. Ses inspirations, elle les tire des plus grands mythes de la cuisine française. « Je m’inspire de cuisine de grandes bases de la gastronomie, à la Auguste Escoffier ou Jean-François Piège; j’essaie de remettre en lumière ces plats un peu oubliés, et parfois de les twister avec un ingrédient ou une préparation qui me vient. Par exemple, cette semaine c’est blanquette de veau ! » (à déguster dès aujourd’hui, au Garçon Sauvage, 5 rue Riguepels à Toulouse).
Entrées : Velouté de poireaux, ricotta au chili & lard fumé et Pâté de campagne. ©Julie Rodriguez
Plats : Filet de lieu noir, moules sauce marinière & panais et Sauté de porc confit aux épices, polenta crémeuse
SINCÉRITÉ & GÉNÉROSITÉ : “J’ai toujours adoré cuisiner, surtout pour les autres, je cuisine rarement pour moi”. La cuisine, Clara Marie l’a dans la peau, et ce, malgré un parcours professionnel diversifié. En commençant son cursus par le dentaire, elle n’a entrepris la restauration que deux ans plus tard. Un retour à la réalité qui l’a fait abandonner la médecine pour se tourner vers le lycée hôtelier de Toulouse. “Aucune personne de ma famille n’était dans la restauration, je n’y ai jamais pensé, je ne l’ai jamais envisagé comme une potentielle future profession pour moi”. CAP, BTS, licence pro et master l’ont conduit à travailler pour le groupe de restauration Elior. “Puis j’ai tout arrêté pour travailler dans une entreprise de gestion de produits dentaires. Je sais, un gros brouillon cette partie de ma vie !”. Mais alors, comment la cheffe a-t-elle retrouvé la voix de la sagesse ? Son instinct a choisi dès le plus jeune âge le chemin de la restauration, elle le retrouvera finalement plus tard. Un parcours sincère, des choix du cœur, qui l’ont mené aujourd’hui, à offrir à manger dans de belles grandes assiettes généreuses.
Plats : Filet de lieu noir, moules sauce marinière & panais et Sauté de porc confit aux épices, polenta crémeuse. ©Julie Rodriguez
Desserts : Assiette de fromages et Flan pâtissier maison, caramel de pomelos
PARTAGE & CONVIVIALITÉ. 2020 et le Covid vont la convaincre de prendre un nouveau virage et de créer sa propre entreprise, baptisée CMP. “Quand est arrivé le confinement, le fameux, celui qui change la donne pour beaucoup de personnes; je me suis lancée sur Instagram. J’y partagé mes plats en expliquant les recettes. Ça a pris progressivement, au début je postais la nuit parce que je n’osais pas trop, puis j’ai pris confiance et à la fin du confinement je me suis lancée comme cheffe à domicile”. Prestations pour entreprises et particuliers; conception de menus personnalisés, budgets adaptables, courses et service arts de table inclus; CMP né, la machine est lancée. “Par la suite j’ai été contactée par le Bistrot 12 à Saint-Cyprien pour des prestations brunch en week-end, j’ai aussi rencontré Benoît Angelé, il m’a parlé de son projet et concept Manine. On a collaboré tout un été sur une guinguette.”
Desserts : Assiette de fromages et Flan pâtissier maison, caramel de pomelos. ©Julie Rodriguez
Mignardise : Madeleine Amandine
ASSOCIATION & DOUCEUR. Finir en douceur… Encore une belle surprise de la maison Garçon Sauvage, toute droit arrivée de la cuisine de Clara Marie Petit. “Theara, le patron du Marché noir m’a contacté en début d’année pour l’ouverture d’un nouveau projet, ici, à Saint-Etienne, Garçon Sauvage. Il m’a dédié l’entièreté de la partie cuisine, je suis libre de faire ce que je veux”. Le midi, la cheffe a décidé de proposer un menu maison de produits frais, changeant toutes les semaines. Trois entrées, trois plats, trois desserts; et toujours un poisson, une viande, un plat végétarien. “Le soir ce ne sont pas des tapas mais des plats à partager, j’ai tenu à ce qu’on les appelle comme ça. Des plats dans la cuisine que j’aime, à savoir, la cuisine de grand-mère. J’aime la gastronomie française profondément, les plats de bistrot, la cuisine de partage”. Oeufs mimosa, chou farci, fondue de poireaux au Rocamadour ou purée de pommes de terre et jus corsé; amoureux de traditions et de souvenirs culinaires, retrouvez votre madeleine de Proust dans la cuisine de Clara Marie Petit.
Mignardise : Madeleine Amandine. ©Julie Rodriguez
La question indispensable
À quand un resto à toi ?…
C’est dans les projets ! Mon mari est sommelier, il travaille au restaurant les Assoiffés (Et oui depuis peu, c’est désormais sous les initiales CMM que la cheffe se présente, Clara Marie Mellin). On a toujours eu cette envie d’ouvrir un restaurant ensemble. Pour le moment je suis très bien au Garçon Sauvage. On verra comment ça évolue ici, si des nouveaux projets naissent…
La question gourmande
Ton ingrédient du moment et ses déclinaisons ?
En ce moment, sur la carte du soir, vous pouvez retrouver le potimarron farci au Mont d’or. Un plat hyper gourmand et réconfortant, surtout avec le grand froid. Il est rôti au four avec de l’ail et du thym. Au moment de l’envoi je le farcis avec le fromage, un peu de vin blanc et de l’ail, je le remets au four pendant 20 à 25 minutes, puis il est servi avec des petits mouillettes de pain. En général, ça fait le taff ! Sinon cette semaine je sers en entrée un velouté de potimarron et châtaignes.
©Julie Rodriguez
