L’été est propice aux découvertes, aux surprises, aux déplacements. On quitte les grandes salles, les opéras, pour se laisser tenter une fin d’après-midi, oser rentrer dans une petite église qui serait autrement fermée… Aujourd’hui, tout y était : un tract jaune glissé à la sortie d’une messe, un groupe inconnu, un répertoire non annoncé. Et me voilà, ce dimanche 16 juillet, au concert donné par l’ensemble vocal lotois (Envol).
Notre-Dame de l’Ile est un petit bijou gothique, niché au bout d’une… presqu’ile. En fait, une boucle du Lot uniquement accessible depuis le village de Luzech, entourée de vignes. Des bateaux au plafond et des ex-voto nos feraient croire à Rocamadour, mais on est bien dans cette chapelle solitaire à la magnifique voute en croisée d’ogives. L’acoustique est enveloppante, elle adoucit et enrobe, mais laisse entendre chaque inflexion, chaque accent, chaque ligne de voix.
C’est Cécile Cardinot qui nous invite aujourd’hui. Musicienne, guitariste, chanteuse et cheffe de chœur, déjà connue dans le duo qu’elle forme avec Olivier Bensa, elle a créé l’ensemble vocal du Lot il y a peu de temps. La composition de l’ensemble, à quatre femmes et deux hommes, permet toutes les configurations, depuis le solo au trois voix égales, au un par voix, soutenus par la guitare ou a capella. Les timbres sont doux, les voix assurées.
Le programme est intelligemment conçu : une première partie renaissance, de tous les pays (Weelkes, Arcadelt, Lassus, Monteverdi…). Et une seconde partie plus contemporaine (Migné, Trias, Denza…). Beaucoup de raretés, de trouvailles, comme ce poème de Prévert déclamé sur fond de prélude de Bach. Cécile Cardinot introduit le concert par trois pièces d’une suite pour guitare seule de Vincenzo Galilei. Par la suite, elle aura une conduite de son ensemble rigoureuse et précise, jusque dans des accelerandos bien dosés. Les pianissimi, maîtrisés à la perfection, autorisent des nuances très développées que les voix suivent au cordeau.
Crédit Robert Sadurni-Prat
Et donc, il ne faut pas juste passer par là, pour entendre à nouveau ce concert. Il faut se déplacer, faire des kilomètres, car la qualité le justifie autant que le plaisir à les entendre. Prochains rendez-vous : dimanche 6 août à Martignac, et vendredi 18 août à Castelfranc.