Le pianiste, si rare en France, sera à la Halle aux grains dans le cadre du Cycle Grands Interprètes, le jeudi 25 mai à 20h. Le programme, à cet instant, n’est pas déterminé, mais qu’importe. Ou plutôt, voir plus loin, sur ce point, le musicien s’en explique en quelques phrases.
András Schiff © Nadja Sjostrom
Sir András Schiff est né à Budapest en 1953. Il est fils unique de deux rescapés de la Shoah. Ce qui marque toute une vie de façon la plus indélébile qui soit. Il reçoit ses premières leçons de piano à l’âge de cinq ans par Elisabeth Vadász. L’environnement familial est porteur. Papa est violoniste amateur et maman pianiste professionnelle. Dès ses quatre ans, le petit András lorgne sur le piano. Orphelin de père très tôt, il décide à douze ans qu’il sera musicien. À partir de ce moment, de une heure de piano par jour, il passe à six à huit heures. Il est très heureusement récupéré par l’excellente Académie Liszt, même si Liszt ne sera pas pour autant son compositeur favori, loin de là !! Un magnifique parcours suivra pour le hongrois naturalisé autrichien en 1987 puis britannique en 2001, et faisant partie des noms qui gravitent dans le cercle fermé des grands maîtres du piano qu’il se doit, pour une salle prestigieuse, d’avoir à son programme de saison le plus souvent possible.
« Je ne suis un homme associatif, je ne pense jamais la musique comme un art abstrait. »
Sir András Schiff n’est pas du style, bienvenue aux manifestations d’enthousiasme. Les applaudissements, avec parcimonie tout au long du concert, laissant peu de place au public qui se doit d’être discipliné. Le programme de ce concert n’étant pas déterminé avec assurance, la gestion se fera au moment. Quels compositeurs ne risque-t-on de retrouver ? Bach et son Clavier bien tempéré, ou…Ne dit-il pas du compositeur allemand : « Bach est pour moi comme un dieu, mon dieu est Bach ». Mozart, Beethoven, Schubert, Brahms ? Une chose est certaine, nous serons davantage dans la méditation que dans l’introspection ou la démonstration.
Sur l’absence de programme annoncé, le pianiste s’en explique : « J’ai beaucoup réfléchi pendant cette période difficile qu’a été la pandémie. Comment renouveler la scène musicale ? Que changer, et comment ? Les pianistes sont tenus de préciser leurs programmes de manière détaillée des mois, voire des années à l’avance. C’est un fardeau énorme, car comment savoir ce que nous aurons envie de jouer dans deux ans, sept mois et quatre jours ? Tant d’éléments entrent en jeu : l’acoustique, l’instrument, l’humeur du jour… Pour moi, il est bien plus spontané d’annoncer le programme sur place et d’expliquer un peu les œuvres. Cela crée un lien avec le public ; nous sommes réunis pour partager une expérience. Aussi devons-nous nous respecter mutuellement et nous faire confiance. Le public doit être convaincu que j’ai à cœur de ne présenter que les meilleures œuvres en étant le plus préparé possible. C’est une des approches qui peut nous permettre de vivre les concerts de manière inédite et innovante. » Sir András Schiff
András Schiff © Nadja Sjostrom
Sir András Schiff se produit avec la plupart des orchestres et chefs d’orchestre de renommée internationale. Il se consacre notamment à l’interprétation des concertos pour piano de Bach, Mozart et Beethoven sous sa direction. En 1999, il a fondé son propre orchestre de chambre, la « Cappella Andrea Barca », avec lequel il collabore étroitement en tant que chef d’orchestre et soliste, comme il le fait avec le Chamber Orchestra of Europe.
Les récitals de piano constituent une part importante de son activité, en particulier les interprétations cycliques des œuvres pour piano de Bach, Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert, Chopin, Schumann et Bartók. Depuis 2004, Sir András Schiff a interprété le cycle complet des sonates pour piano de Ludwig van Beethoven dans l’ordre chronologique dans plus de vingt villes. Leurs enregistrements en direct de la Tonhalle de Zurich sur CD (ECM) ont reçu les plus hautes récompenses.
Il affectionne maintenant les pianos Bösendorfer. Il peut aussi jouer sur un pianoforte mais il se rapproche du clavecin puisqu’il s’est mis au clavicorde récemment pour jouer Bach. Il se contentera d’un Steinway, s’il ne peut pas faire autrement……
András Schiff en 1979 a livré ce petit bijou
Sir András Schiff est un chambriste passionné depuis son plus jeune âge. De 1989 à 1998, il a dirigé les Musiktage Mondsee, un festival de musique de chambre qui a bénéficié d’une grande reconnaissance internationale. Avec Heinz Holliger, il a assuré la direction artistique des Ittinger Pfingstkonzerte à Kartause Ittingen, en Suisse, de 1995 à 2013. Depuis 1998, la série de concerts « Omaggio a Palladio » est organisée au Teatro Olimpico de Vicence sous sa propre direction.
En 2017, son livre « Music Comes from Silence », essais et conversations avec Martin Meyer, a été publié par Bärenreiter et Henschel.
Sir András Schiff a reçu plusieurs prix internationaux.
En juin 2014, il a été nommé Knight Bachelor par la reine Élisabeth II pour ses services rendus à la musique. Depuis décembre 2014, il est citoyen d’honneur de la ville de Vicence. En juin 2022, il a reçu la Médaille Bach de la ville de Leipzig en tant que « l’un des plus importants interprètes de Bach de notre époque ».
