Bohemian Rhapsody, un film de Bryan Singer
De la rencontre de Freddie Mercury avec le groupe Smile jusqu’au mythique concert de Wembley pour Live Aid en 1985, la vie flamboyante de « l’ultime dieu du rock ».

Rami Malek (Freddie Mercury)
Ce titre, finalement très évocateur dans sa grandiloquence, lui a été attribué en 2009 après un sondage extrêmement large initié par l’Institut britannique OnePoll. Pour la petite histoire il devance rien moins qu’Elvis Presley !
Nous découvrons Freddie alors qu’il se prénomme encore Farrok, jeune homme né dans le Protectorat de Zanzibar en 1946. Il est exilé à Londres avec toute sa famille et traîne de petits métiers en petits métiers plus ou moins pénibles. Son rêve de rockeur est d’intégrer un groupe. Ce sera Smile. Chanteur à la technique époustouflante, qui fit même l’étonnement de l’immense Montserrat Caballé, pianiste, compositeur, il ne va pas tarder à transformer cette petite formation en icône du rock sous le nom de Queen. Nous suivons cette lente évolution, de cabarets en boîtes de nuit, puis de salles de concert en stades accueillant de par le monde plus de 100 000 spectateurs. En fait quatre génies sont à la manœuvre. L’immense bassiste John Deacon, le célébrissime Brian May et sa guitare légendaire, la Red Special, Roger Taylor, batteur aussi virtuose qu’hors normes et, enfin, Freddie Mercury, chanteur et pianiste, un monde à lui tout seul. Le biopic que nous présente le réalisateur d’Usual Suspects (1995) et des X-men, se termine sur une scène d’anthologie, leur passage au Wembley Stadium pour leur participation au concert humanitaire Live Aid en 1985, au profit de l’Ethiopie. Entre nous assistons à l’éclosion d’une formation qui va entrer à jamais dans l’histoire du rock mais aussi, et surtout, à la naissance d’un artiste flamboyant, un vrai, digne de la Renaissance, avec son génie, ses outrances, ses excès, son don de soi et cette redoutable habileté à faire communier son public, un public qui était sa raison de vivre, de jouer et de chanter. Inutile de préciser que la BO du film est une pièce d’ores et déjà indispensable pour tout amateur. Elle reprend, en son original, la plupart des tubes de ce groupe : I Want to Break Free, Radio Ga Ga, We Are the Champions, Bohemian Rhapsodie, etc., au total près de 80 minutes propres à nous faire revivre, ou nous faire découvrir, des moments d’anthologie. Si les trois musiciens : Joseph Mazzello (John), Gwilym Lee (Brian) et Ben Hardy (Roger) sont largement à saluer, non seulement pour leur mimétisme par rapport aux modèles mais aussi pour leur engagement musical et dramatique, comment ne pas littéralement s’agenouiller devant la performance de Rami Malek, Freddie à hauteur de la légende qu’il endosse.
Et l’on ne sait quoi admirer le plus dans cette interprétation, une véritable incarnation qui devrait lui valoir une pluie de récompenses au plus haut niveau. Doté d’une prothèse buccale qui l’a martyrisé pendant le tournage, livrant son corps aux extravagantes et explosives apparitions scéniques du chanteur, laissant passer dans ses regards une peur viscérale et une volonté sans faille aucune, il est le pilier, la tour de contrôle d’un film que le public adore déjà, même s’il est regardé de manière circonspecte par certains ayatollahs de la presse cinématographique confondant cette production avec une thèse de troisième cycle sur l’histoire de ces artistes. Peut-être pas tout à fait nickel sur la forme, ce film, achevé par Dexter Fletcher après le renvoi de Bryan Singer sur la fin du tournage (ceci expliquant peut-être cela), un peu lent à décoller, n’en est pas moins le témoignage grandiose, indiscutable et jubilatoire d’un talent exceptionnel. A voir en VO impérativement !
Robert Pénavayre
Bohemian Rhapsodie – Réalisateur : Bryan Singer, achevé par Dexter Fletcher – Avec : Rami Malek, Lucy Boyton, etc.
Rami Malek – Freddie Mercury lui ouvre les portes de la gloire
Ce jeune Américain d’origine égyptienne décroche son premier rôle à la télévision en 2004. Il a 23 ans. Deux ans plus tard, le public du 7ème art le découvre sous les traits d’un pharaon (normal !) dans La Nuit au Musée. Alternant théâtre, petit et grand écran, Rami Malek se construit un répertoire conjuguant avec virtuosité comique et drame. De seconds rôles en seconds rôles, le voici en tête d’affiche aujourd’hui pour une interprétation qui devrait lui valoir de prestigieuses récompenses. Largement méritées !!!