XXVIII iéme édition du Festival de SALON DE PROVENCE. Dimanche 2 Août 2020. Salon de Provence, Château de l ‘EMPERI. Nino Rota (1911-1979) : Trio pour clarinette, violoncelle et piano ; Leo SMIT (1900-1943) : Sextuor ; Witold LUTOSLAWSKI (1913-1994) : Variations sur un thème de Paganini pour deux pianos ; Karol BEFFA né en 1973 : Double REED Loop, création ; Camille SAINT SAENS (1835-1921) : Le Carnaval des Animaux, Grande fresque zoologique, texte de Francis Blanche. Natacha Reignier, récitante ; Daishin Kashimoto, Maja Avramovic, violon ; Emmanuel Pahud, flûte ; Paul Meyer, clarinette ; François Meyer, hautbois ; Gilbert Audin, basson ; Benoit de Barsony, cor ; Claudio Bohorquez et Aurélien Pascal, violoncelle ; Olivier Thiery, contrebasse ; Emmanuel Curt, xylophone ; Éric Lesage, Lucille Chang et Alessio Bax, piano ;
L’ Humour en musique dans tous ses étatsLe concert de dimanche soir a été coloré par l’humour de bout en bout. Dès le début du trio de Nino Rota son style si impertinent et très aimé par Fellini a fait merveille. C’est surtout Paul Meyer à la Clarinette qui a porté la partition tant dans les moments joyeux que dans la mélancolie inattendue de l’andante. Couleurs variées, nuances généreuses et phrasés éblouissants de verve ou de profondeur, Paul Meyer a été particulièrement inspiré soutenu par des partenaires plus prudents.
Le Sextuor de Leo Smit est une véritable découverte et une vraie merveille sauvée de la guerre et de l’oubli. Sous une apparence de légèreté et même de musique de variété, s‘entend un compositeur très sensible à son époque (Les années 30) avec une vraie personnalité. La solution finale nazie a éliminé un artiste doué et sensible. Éliminé physiquement comme tant d’autres mais immortel par sa musique…. Ce Sextuor de sa période heureuse est un bijou. Un grand merci tant pour cette découverte que pour une interprétation particulièrement brillante. Le gang des vents de Salon de Provence est inénarrable dans cette surenchère d’humour et de perfection instrumentale.
Le couple glamour au piano comme à la ville : Lucie Chang et Alessio Bax a été totalement éblouissant dans les variations de Lutoslawski sur le thème de Paganini déjà utilisé par Rachmaninov. Cette très rare partition, une des seules sauvées de Lutoslawski, a été ardemment défendue par ce duo énergique et aux moyens phénoménaux.
La création de Karol Beffa pour clarinette et basson est toute pleine d’humour et de saveur délicatement piquante. Paul Meyer et Gilbert Audin ne cachent pas leur plaisir à ce duel d’anches à fleuret moucheté.
Le final avec tous les musiciens, augmentés de la contrebasse et du xylophone va nous entraîner dans un voyage plein d’humour et d’émotions. La partition de Saint-Saëns est virtuose, scintillante, d’une inventivité constante. Le charme de Natacha Reignier a éclairé le texte de Francis Blanche et a participé au succès de ce final. Chacun jouant des possibilités de son instrument brillamment utilisées par Saint-Saëns pour évoquer ces animaux si humains.
Impossible de retenir un moment plus qu’un autre, tout a été absolument parfait. Un bonheur absolu. Oui les meilleurs solistes sont à Salon mais surtout de grands musiciens tous en pleine forme.