Ce jeune Toulousain de 23 ans assiste à son premier concert à la Halle aux grains de Toulouse alors qu’il n’a pas encore …un an. Ce sont eux qui découvrent la fascination qu’exerce le pupitre des percussions sur leur fiston. Tout petit encore, il a 4 ans, Aurélien commence à martyriser des casseroles. Papa et maman comprennent enfin et lui offrent un tambour. Le premier pas est fait et s’apparente à un point de non-retour. Aurélien sera percussionniste. Actuellement en dernière année de master au CNSM de Paris et après un court séjour Erasmus à Munich, Aurélien Gignoux se singularise déjà par sa technique certes, mais également par une maturité étonnante à cet âge concernant son domaine instrumental. Lui qui aurait rêver de rencontrer Stravinski, se déclare très heureux de travailler avec des compositeurs d’aujourd’hui afin de faire progresser le répertoire de son instrument. Ou plutôt ses instruments, car, comme chacun sait, ce pupitre de l’orchestre est très divers, réclamant une condition physique exceptionnelle. Ses réflexions sur l’improvisation laissent deviner un musicien avide d’apprendre, d’avancer, curieux d’un avenir dont il veut être l’un des acteurs.

Aurélien Gignoux
Rencontre
Classictoulouse : Il semble que tout jeune vous ayez été destiné à devenir musicien, quand ce ne serait que par vos ascendances.
Aurélien Gignoux : Effectivement, j’ai eu la chance de grandir dans un milieu de musiciens, notamment dans ma famille et aussi grâce à mon contact avec l’Orchestre du Capitole de Toulouse. Mais ce n’est pas forcément ça qui m’a donné la passion, je pense plutôt que c’est le partage entre musiciens et artistes qui m’a parlé le plus et qui continue de m’animer ! Je termine actuellement mes études au Conservatoire National Supérieur de Paris (CNSMDP) et j’ai eu la chance de pouvoir m’enrichir d’expériences un peu partout en Europe et dans le monde, en allant étudier à la Hochschule de Munich ou en participant à une académie d’orchestre au Japon par exemple. Après avoir été récompensé de plusieurs prix au concours international de l’ARD de Munich, un des concours les plus réputés tout instrument confondu, j’ai pu me concentrer sur le répertoire soliste et concertant. Depuis peu, je suis membre du Trio K/D/M où le travail de création contemporaine auprès des compositeurs est un aspect majeur, et c’est un travail que j’affectionne beaucoup.
CT : La question incontournable du moment : que représente pour vous cette Victoire ?
Aurélien Gignoux : Cette Victoire vient récompenser toutes ces années de travail et de plaisir, et en plus d’être un superbe tremplin médiatique, cela permet de donner accès à ce monde extrêmement riche que sont les percussions !
CT : Votre jeune âge ne vous interdit certainement pas, bien au contraire, d’avoir des ambitions, des projets de cheminement autant personnel que professionnel. Pouvons-nous les évoquer, sans être indiscret bien sûr ?
Aurélien Gignoux : J’aimerais dans un premier temps pouvoir reprendre cette route si indispensable des concerts avec public. Nous nous en sommes rendu compte, cet échange est absolument nécessaire autant pour l’artiste que pour le spectateur, et c’est au travers de ces expériences que nous pouvons espérer procurer des émotions et des réflexions. Dès que cela sera à nouveau possible, j’aimerais donner à entendre de nouveaux sons, de nouvelles couleurs, que cela soit par le biais de la création contemporaine, de la musique de chambre ou de l’orchestre. Un aspect que j’aimerais continuer d’explorer également serait l’improvisation, qui me permet de chercher de nouveaux chemins musicaux…
Propos recueillis par Robert Pénavayre
Dans le jeu des 7 familles, version musiciens, le trio sélectionné par les Victoires de la musique classique 2021 avait largement de quoi abattre ses cartes. Cela dit, entre la violoniste Eva Zavaro (papa compositeur, maman violoniste) et le pianiste Jean-Paul Gasparian (parents musiciens), le représentant de la Ville rose n’avait pas de raison de baisser la garde, avec des parents musiciens à l’Orchestre nationale du Capitole de Toulouse et, au milieu d’une fratrie qui baigne dans la musique, un grand-père qui n’est autre que l’immense organiste Louis Robilliard. Excusez du peu ! Aurélien ne pouvait passer incognito dans cet univers qui l’a d’ailleurs très vite séduit.