Toulouse Guitare accueille le duo Desiderio/Dukic le dimanche 30 mars 2025
En quelques années, Toulouse Guitare s’est imposé comme l’événement de référence pour tous les amoureux de la six cordes, trouvant d’emblée son public dans la ville rose. Un engouement renforcé par l’excellence de la programmation de cette saison pas comme les autres, où se produisent à la fois les meilleurs guitaristes classiques internationaux et les jeunes talents issus de la formation musicale toulousaine. La venue du prestigieux duo formé par l’Italien Aniello Desiderio et le Croate Zoran Dukic en est une illustration de plus, dimanche 30 mars à 17 h à Saint-Pierre-des-Cuisines. Présentation de ce concert très attendu avec Thibaut Garcia, directeur artistique de Toulouse Guitare.
Zoran Dukic et Aniello Desiderio
Le duo Desiderio/Dukic est en concert pour la première fois à Toulouse le dimanche 30 mars à l’invitation de Toulouse Guitare. Pour Zoran Dukic, en revanche, il ne s’agit pas d’une première puisqu’il s’est déjà produit dans le cadre de votre saison. Pourquoi appréciez-vous tout particulièrement ce musicien ?
Je connais Zoran Dukic depuis plus de dix ans, j’avais même suivi une master class avec lui quand j’étais étudiant. J’ai une grande admiration pour cet artiste, très généreux sur scène, mais la première chose qui le caractérise à mon sens, c’est le son. Un son incroyable, large et chaleureux comme il est rare d’en entendre. C’est aussi quelqu’un d’assez extrême dans ses partis pris musicaux, que ce soit lorsqu’il joue piano ou forte, ou dans ses nuances et ses phrasés. Il y va toujours à fond et j’aime les musiciens qui vont au bout de leurs idées, raison pour laquelle j’ai une affection toute particulière pour lui. Il n’y en pas d’autres qui jouent de cette manière ou dont le jeu ressemble à celui de Zoran Dukic.
Aniello Desiderio est également un grand nom de la guitare classique. Quelle place tient-il aujourd’hui sur la scène internationale ?
Aniello Desiderio est avant tout un grand soliste, très réputé, comme l’est Zoran Dukic. Il est demandé et joue partout dans le monde, la plupart du temps en solo. Il est vrai qu’il en impose déjà par sa seule présence scénique, en y ajoutant lui aussi un son énorme et une immense virtuosité. Lorsqu’on le voit jouer, avec ses doigts impressionnants, tout paraît simple pour Aniello. Dans ses mains, une guitare a l’air d’un jouet dont il fait ce qu’il veut. Avec Zoran Dukic, il forme un duo de guitaristes qui se complètent et se ressemblent. Je crois que l’Italien et le Croate se sont bien trouvés.
Leur duo existe officiellement depuis peu de temps, puisqu’il a fait paraître deux CD en 2022 et 2023. Pourtant, on a l’impression qu’ils jouent ensemble depuis toujours.
Ce sont deux musiciens qui ont la guitare facile, et ça aide pour jouer en duo. Ils ont une grande aisance technique, une compréhension musicale claire, de nombreuses idées communes… Il est donc très simple pour eux de jouer ensemble. De surcroît, les deux hommes s’entendent à merveille dans la vie, comme larrons en foire pourrait-on dire. Cette entente humaine facilite aussi leur relation sur scène où ils s’amusent énormément. Certains duos de musiciens peuvent être un peu austères, tout en étant très professionnels, alors que là on a vraiment affaire à deux copains. Leur complicité et leur côté « bon vivant » se ressentent musicalement et dans leur rapport au public. Pour l’anecdote, ils avaient commandé une oeuvre au compositeur gallois Stephen Goss, une suite de pièces dont le titre était la Cocktail List. Chaque morceau avait un nom de boisson et je crois même me rappeler que Desiderio et Dukic avaient donné un concert où ils buvaient une gorgée de cocktail entre chaque pièce…
C’est donc un concert de gourmands pour les gourmands qui nous attend à Saint-Pierre-des-Cuisines. Si vous deviez définir ce duo en quelques mots, que diriez-vous ?
« Gourmand » est déjà un mot qui définit bien le duo formé par Aniello Desiderio et Zoran Dukic. J’y ajoute « virtuose », « explosif », « charismatique », « drôle » et « enivrant »… sans qu’il soit nécessaire de boire un cocktail pour connaître l’ivresse en les écoutant, leur musique y suffisant largement.
Quel programme jouent-ils le dimanche 30 mars ?
Ils proposent un répertoire très latin avec des pièces d’Astor Piazzolla, Joaquin Rodrigo, Isaac Albeniz, Enrique Granados et Sergio Assad. On retrouve une nouvelle fois Piazzolla dans ce programme, compositeur dont l’œuvre a connu un regain de popularité depuis qu’on a célébré le centenaire de sa naissance en 2021. L’Argentin a toujours été plus ou moins programmé en concert mais j’ai le sentiment que sa musique est désormais plus jouée dans l’esprit qui était le sien. Quand j’étais étudiant, je trouvais que les interprétations de ses œuvres étaient un peu trop classiques. Aujourd’hui, il me semble que l’on redécouvre le vrai Piazzolla, sans doute grâce à ses enregistrements, les « live » de ses concerts, où l’on ressent la liberté dans l’interprétation, la fougue et la folie qui lui étaient propres. Le 30 mars, avec Aniello Desiderio et Zoran Dukic, je suis sûr que nous allons avoir la parfaite illustration de ce que je viens de dire.
Zoran Dukic et Aniello Desiderio
La tradition de Toulouse Guitare est de donner l’occasion à un ou une jeune guitariste de montrer ses talents en 1ère partie de chacun de vos concerts : qui avez-vous programmé le 30 mars à 17 h avant le duo Desiderio/Dukic ?
Nous allons retrouver Aimé Vu, un ancien étudiant du CRR de Toulouse qu’on aime beaucoup. Il avait déjà joué à Toulouse Guitare en 2021 et nous le faisons revenir quatre ans après. Aimé a fait son chemin depuis sa première apparition dans notre saison ; il est étudiant au CNSM de Paris où il continue brillamment sa formation de musicien. Ce qui est formidable, c’est que près de sept ans après avoir lancé cet événement, nous avons des étudiants découverts lors des premières saisons qui commencent maintenant à se lancer dans la carrière. Nous souhaitons donc les réécouter afin qu’ils aient la chance de montrer les progrès qu’ils ont réalisés entre temps. C’est une raison supplémentaire de ne pas rater ce concert exceptionnel du dimanche 30 mars, à 17 h, à Saint-Pierre-des-Cuisines !
Entretien réalisé par Éric Duprix
