Pierrot Corpel revient d’une tournée sur l’ile de la Réunion où il a présenté Les Fâcheux et Les Précieuses Ridicules et a créé, avec son équipe, 4 spectacles sur place avec des collégiens Réunionnais.
Homme de théâtre, musicien, enseignant, théâtro-thérapeute il chemine de façon peu conventionnelle. Retour sur le parcours d’un pluridisciplinaire prolixe, émaillé de rencontres qui en font toute la singularité.
L’enfance en guise de théâtre
Depuis l’enfance, Pierrot Corpel voulait être clown et musicien. Il grandit à Toulouse, joue au rugby au Stade Toulousain et pratique le solfège au conservatoire. Il joue de la guitare, écrit des chansons et se sait attiré autant par la scène que par ce qui se passe derrière le rideau, l’envie de découvrir la magie du spectacle. Au rugby, au contact de futurs grands joueurs, il mesure la puissance du collectif, les forces et faiblesses de chacun permettant de construire ensemble.
Il est à Paris à vingt ans, dans une école d’ingénieur du son. Il rencontre et vit avec différents artistes, danseurs, musiciens, comédiens, en prémices de ce que deviendra son univers. Il découvre l’art de rue en jouant tous les jours dans les rues, places et bars Parisien.
Pierrot Corpel rentre à Toulouse. Il continue la musique, et commence à monter des spectacles qui mêlent théâtre, musique, danse avec les enfants dans différentes écoles. Il y a beaucoup de plaisir, tant du côté des enfants que du sien, à jouer la comédie ensemble.
Il prend plaisir à tout ce qui se passe «dans et autour du spectacle : l’écriture, la création, les répétitions… du chargement des camions au passage derrière le rideau pour sentir la salle frémir, sentir les vibrations juste avant l’entrée sur scène…
Vers la professionnalisation
En 2000, à Montrabé, Pierrot Corpel créer l’Atelier Art-en-Ciel et propose des cours de théâtre pour les enfants, ados et adultes, dans une ambiance familiale, joyeuse. La réputation de l’Atelier circule vite et la reconnaissance arrive — c’est dans ce contexte que Pierrot Corpel rencontrera Thierry Lafforgue : ensemble, ils fonderont Aparté-Théâtre en entreprise.
Une rencontre vient démultiplier le champ des possibles. Pierrot Corpel côtoie Carlo Boso, au cours d’un stage de Commedia dell’arte à l’Académie internationale des arts du spectacle (AIDAS) — Carlo Boso, dramaturge et metteur en scène italien, en est le fondateur. Elena Serra, comédienne chez Marceau et professeure de mime, enseigne également pendant le stage. En 2006, ces apprentissages donnent à Pierrot Corpel le goût pour le théâtre gestuel et la pantomime et surtout pour cette forme de théâtre qui mélange tous les arts du spectacle : théâtre, musique, danse, combat, acrobaties…
Parmi la trentaine de stagiaires de nationalités multiples, huit décident de monter une compagnie internationale. C’est la naissance de la Comedia de Babel dont Pierrot Corpel fait partie, une troupe atypique dans laquelle chacun joue son rôle dans sa langue d’origine, sans surtitrage. Alors, puisque le corps joue la même histoire que le texte par le biais des techniques expressives, le public finit par comprendre ce qui se raconte à travers un texte pourtant multilingue. Ce projet fou tient pendant 2 ans où les tournées dans toute l’Europe se succèdent, mais l’éclatement à travers les territoires complique la vie de la compagnie.
Dix-huit ans après son lancement, l’Atelier Art-en-ciel de Montrabé a vu passer plus de deux mille élèves, et quatre professeurs y donnent aujourd’hui des cours.
Les Tréteaux du Capitole
De la Compagnie A au Festival d’Avignon
Invité par Pierrot Corpel à conduire un stage de commedia dell’arte à Toulouse, Carlo Boso trouve l’expérience de l’Atelier formidable. Il pousse et motive Pierrot à monter sa compagnie professionnelle, en 2010.
Ainsi débute La Compagnie A, riche de jeunes talents, eux aussi pluridisciplinaires. Son premier spectacle, Les Amants du Capitole — un Roméo et Juliette modernisé à la sauce Toulousaine —, obtient le prix de la meilleure pièce de théâtre du Printemps du rire 2014. La pièce se joue sur des tréteaux, comme le faisait Molière avec sa troupe de comédiens.
Le spectacle suivant se déploie lui aussi sur tréteaux. La compagnie joue Les Précieuses Ridicules en costumes d’époque, dans la version intégrale du texte augmentée d’une mise en abyme autour de l’histoire de la compagnie et de la vie des comédiens. Ce spectacle est toujours sur les planches et continue de se promener sur les routes de France.
Fort de ces succès, Pierrot Corpel décide de poursuivre le montage de pièces classiques. La compagnie A remet en lumière Les Fâcheux, la pièce que Molière a la plus jouée à la cour du roi de son vivant, pourtant tombée en désuétude. Alors qu’il travaille au décor de ce projet, le metteur en scène rencontre l’un des plus anciens horlogers toulousains : Robert Guneau. Après la visite d’un atelier foisonnant de mécanismes aux pièces incroyables, la décision est prise : une horloge monumentale servira de décor pour Les Fâcheux, en symbole temporel de la course contre le temps qui émaille la pièce.
Une nouvelle rencontre, celle avec Paul Drugbert de La Métallerie Paul, métallier, permet au projet de se concrétiser : il faut que cela tourne pendant le spectacle, il faut que ça marche ! Et c’est un monumental mécanisme d’engrenages qui s’installe dorénavant sur scène.
La Compagnie A à remporter un réel succès avec Les Fâcheux pendant tout le mois de juillet au festival d’Avignon 2018 au théâtre des Lucioles.
Un succès dû à une troupe formidable et aux comédiens de la Compagnie A avec qui Pierrot est très fier de travailler : Magalie Lopez, Loic Carcassès, Sylvain Baurens et Ibrahim Hadj Taieb.
Les autres comédiens de La Compagnie A que Pierrot tiens absolument à citer sont Maxime Calvet, Mathilde Ramade, Maud Curassier, Camille Maugey et Yohann Villepastour.
Sans oublier les fideles régisseurs qui assurent la technique des spectacles, Ghislain Noby et Franck Lopez, et aussi l’indispensable chargée de communication de la Compagnie : Camille Cabarot.
Transmettre l’art du “Je”
La passion de la transmission anime aussi Pierrot Corpel. Il propose des interventions à destination de différent public, créé des classes « option théâtre » au collège de Verfeil, puis se lance en 2010 en ouvrant des Ateliers de théâtrothérapie en clinique psychiatrique, où il créé avec Benoit Monié, psychologue, la Compagnie du Cèdre bleu. Il rencontre des personnes brisées par des vies professionnelles trop prenantes ou par des parcours de vies décousues. Par le biais de différentes techniques où le théâtre devient un véritable outil thérapeutique, leur travail sur soi à travers l’autre est porteur. Ici, comme au rugby, le collectif devient aussi un outil qui permet de développer la confiance en soi, l’écoute bienveillante de l’autre favorisant la bienveillance envers soi-même.
La Compagnie du Cèdre Bleu propose des spectacles à partir de l’histoire des patients qui jouent leur propre rôle. Des spectacles “d’utilité publique” qui font la démonstration que l’art, en tant que révélateur de soi, permet une renaissance. La dernière création à découvrir est : « Résonances ».
Avec Thierry Lafforgue, il créé aussi Aparté-Théâtre en Entreprise où il intervient grâce au théâtre pour : des teams building, des apports de techniques de théâtre pour la prise de parole en public, des sensibilisations pour des comités directeurs et managers sur les risques psycho-sociaux.
En s’adressant autant au comité de direction qu’à des collaborateurs, ou à des managers victimes d’épuisement professionnel, il trouve un vrai sens et une vraie action humaniste.
Le théâtre devient alors un formidable outil de transmission, un détonateur émotionnel, qui déclenche des réactions qui amèneront de véritables actions au sein des entreprises.
Avec ces multiples activités qui ont comme trait d’union, le théâtre, l’amour et la passion des arts du spectacles, de la transmission, Pierrot Corpel se nourrit humainement de rencontres, avec des publics divers, de classes sociales, de nationalités et d’âges très différents : enfants, ados, star du rugby international, théâtre amateurs, comédiens professionnels, personnes en souffrance psychologiques, entreprises…
Pierrot est aussi en pleine programmation 2019 de la saison culturelle où il assure la direction artistique : Les Tréteaux du Capitole. L’édition 2018 à vu le succès des 2 éditions en Juin et Septembre et à permis à de nombreux Toulousains de découvrir La Compagnie A, le théâtre de tréteaux au cœur de la ville rose dans la magnifique cour de l’hôtel Ibis centre Capitole.
Les projets à venir de Pierrot Corpel sont multiples mais nous resterons à l’écoute pour découvrir sa nouvelle création qu’il est déjà en train d‘écrire, une écriture beaucoup plus contemporaine… faisons lui confiance pour nous surprendre encore… la suite reste à découvrir … !!
Actualité
Tournée 2018/2019 :
- « Les Fâcheux » et « Les Précieuses Ridicules » par La Compagnie A
- « Le Père Noel est une ordure » par l’Atelier de La Compagnie A
- « Résonances »par La Compagnie du Cèdre Bleu
- « Les Tréteaux du Capitole 2019 » (de Juin à Septembre)
La Compagnie A
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Pierrot Corpel © Pierre Beteille
📍 Thierry Lafforgue, un homme au singulier pluriel