Ghost in The Shell, un film de Rupert Sanders
Après un premier long qui avait stupéfié la planète cinématographique (Blanche Neige et le Chasseur – 2012), ce réalisateur britannique de 47 ans se lance dans une grande aventure en adaptant pour le cinéma un manga culte de 1989 : Ghost in The Shell, titre que l’on pourrait témérairement traduire par « âme dans un corps robotisé ».
Dans cette traduction il y a tout le moteur mental de ce manga. Nous sommes dans un futur que l’on aimerait imaginer lointain. Pourquoi ce souhait ? Voir Les Echos du 29 mars 2017, page 21, où l’on apprend qu’Elon Musk, le PDG de Tesla, travaille à la conception d’implants cérébraux visant à permettre à l’homme de télécharger ses pensées sur un ordinateur. Nous ne sommes plus dans la science-fiction ! Bref. Pour l’heure, tentons de nous rassurer avec ce magnifique film qui nous transporte au cœur d’une mégapole asiatique saturée de publicités « holographiques» dont le rendu est totalement bluffant. Si vous pensez avoir tout vu en termes d’effets visuels… C’est là que travaille Le Major (Scarlett Johansson, parfaite en cyber fliquette). Elle est issue, à la suite d’un accident, d’un mélange d’humain (son cerveau) et de technologie (le restant de son corps). Autrement dit, elle est quasiment invincible. Appartenant à la Brigade 9, commandée par un supérieur qui protège ses hommes jusqu’à se mettre en danger (Takeshi Kitano, parfait, tout simplement), elle combat et pourchasse le crime sans trop se poser de questions. Sauf qu’un jour, elle apprend que sa métamorphose n’est pas due à un accident… Elle va chercher alors qui est l’auteur de ce délit, qui lui a volé sa vie.
Sur le thème pénétrant de la quête d’identité, ce manga est une vraie référence. Somptueusement mis en scène, il nous perd plus d’une fois ici dans les méandres mélismatiques et fantomatiques d’un scénario ayant pour but aussi la perte de repères afin de laisser le spectateur au prise avec sa propre imagination. C’est en cela un vrai exercice de style. Bien sûr il y a de l’action, même une vraie overdose, des effets spéciaux (voir plus haut) à tomber par terre, et…Juliette Binoche. Elle seule, dans le rôle – court – d’un docteur ayant encore un cœur humain, donne à ressentir un brin d’humanité. Un film réservé aux amateurs de SF, certes, mais un film qui fait aussi froid dans le dos à la lecture de certaines recherches…
Robert Pénavayre
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Ghost in The Shell de Rupert Sanders – Avec Scarlett Johansson, Pilou Asbaek, Takeshi Kitano, Juliette Binoche… (Durée : 1h17)
Juliette Binoche – Ce sont ses enfants qui l’ont poussée vers ce film
Déjà au lycée, cette parisienne pur jus monte Le Roi se meurt ! Elle débute au cinéma en 1983, elle a tout juste 19 ans. Juliette ne quittera plus le 7ème art. Ses films se comptent par dizaines. Certes, comme dans tout parcours, il n’y a pas que des chefs d’œuvre, mais deux marquent d’ores et déjà sa carrière. Il en est ainsi de L’insoutenable légèreté de l’être (1987) et Le patient anglais (1996). Multi récompensée autant à Berlin qu’à Hollywood et à Cannes, Juliette Binoche est une passionnée de cinéma et n’hésite pas à se produire, se commettre diront certains, dans tous les genres. Le film sous rubrique en est une preuve flagrante.