L’artiste toulousaine Lisaa Camin dévoile son premier EP Saudade, sorti en juin 2025. Ce projet musical est un voyage intime aux couleurs de la bossa nova, de la pop acoustique française teintée de flamenco et de rumba catalane. Un héritage familial portugais, des accents toulousains et une élégance acoustique amoureuse tissent les six titres d’une artiste qui fait rimer douceur, mélodies punchy, nostalgie et chaleur estivale.

Pochette de « L’amour est fou » © Lisaa Camin Moonlight PR
« La bossa nova, ça m’aide, c’est une musique très calme mais elle révèle aussi cette douceur que ce ne soit calme », confiait Lisaa Camin à Culture 31. Sur Saudade, sa voix contralto, vogue entre ombre et lumière. En six pistes, elle insuffle à la variété française un souffle neuf et acoustique, celui de la saudade : cette chaleur mélancolique qui console et rend triste autant qu’elle fait danser.
Saudade
Court interlude introductif de moins de deux minutes, le titre éponyme de l’EP, Saudade, donne le ton : celui d’un rivage intime. Le bruit des vagues en background, la guitare fine, les percussions — tout évoque un instant suspendu. Lisaa Camin répète ce mot portugais, en laissant sa voix glisser magnifiquement sur la mélodie comme une respiration.
Une entrée en matière délicate et sensuelle, où l’émotion précède les mots.

Lisaa Camin © lisaacamin
Avec son tempo détendant, ce single est un manifeste amoureux. La passion solaire pour l’homme aimé s’exprime sur un rythme bossa nova à base acoustique et s’affirme dans une montée orchestrale discrète mais envoûtante. L’artiste-compositrice-interprète y explore la folie maîtrisée de l’attachement qui permet de se révéler. La voix se déploie en harmonies dignes des meilleurs artistes de soul, disco et R&B.
Une chanson pleine de lumière, à écouter les yeux fermés tout en tournoyant.
Là-bas (feat. Fabian Ordonez)
Là-bas est un aller-retour nostalgie entre le Portugal et l’Argentine et la France. Lisaa Camin chante tantôt en français, tantôt en portugais, Fabian Ordonez lui répond en espagnol. Les deux voix se superposent parfaitement sans jamais s’écraser, comme si deux mémoires se répondaient. D’ailleurs, il y a une vraie recherche dans la production vocale qui fait plaisir, de par sa rareté sur la scène musicale française. Les percussions donnent encore plus de rebond au projet, la guitare fait voyager, mais c’est la mélancolie des origines et des souvenirs des pays plus lointains, assumée et chantée, qui bouleverse.
Une bossa rythmée et lumineuse, chargée d’un manque qu’on garde près du cœur.

Accompagnée de sa guitare, Lisaa Camin est autrice-compositrice-interprète de son EP « Saudade » © Lisaa Camin / Moonlight PR
S’envoler
Tout en gardant la cohérence de l’EP, S’envoler est une rupture à la dynamique bossa nova de l’ensemble. La rythmique pop acoustique prend le dessus. Ce titre parle du temps qui file, des souvenirs qu’on retient par nostalgie avant qu’ils ne s’échappent. Les claquements de mains ajoutent une fondation musicale plus terre-à-terre à cette chanson plus introspective. Dans sa topline, Lisaa Camin joue à déstructurer les rimes à la manière d’une Adele dans son titre Woman Like Me (issu de son dernier album 30) tout en restant cadrée dans un rythme rassurant : tout comme le message de la chanson.
Une chanson douce-amère, où la légèreté masque une profondeur triste.
Fais-le chanter ton accent (feat. Patrice Yan)
Chanson manifeste du Sud, Fais le chanter ton accent célèbre l’identité toulousaine avec une joie contagieuse et inattendue de prime abord. Les Arènes, la chocolatine, le vent d’autan : Camin décrit le paysage de l’amour à la méridionale. En duo avec la voix grave et expirée de Patrice Yan, elle tisse une rumba catalane infusée de flamenco. Le contraste des timbres fonctionne à merveille.
Une chanson de fête à la douceur mélancolique du lendemain.

© Lisaa Camin / Moonlight PR
Toujours là
La dernière escale est la plus personnelle. Composée pour son défunt grand-père, Toujours là revient à l’essentiel : une guitare légère, des harmonies presque presque liturgiques, puis plus grave encore — comme pour lui (faire) parler directement, lui qui a donné cette passion de l’art et de la musique. La mélodie percutante, évoque les ballades folk-soul de Justin Nozuka des années 2000. Lisaa Camin y chante la transmission et la présence invisible.
Une conclusion pleine de gratitude et de beauté, où l’art devient mémoire vivante.
Disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légal, Saudade n’est pas un simple premier EP. C’est une confirmation et une déclaration : Lisaa Camin (se) réinvente avec succès et profondeur la variété acoustique française avec la chaleur du Sud et de la bossa nova et la mélancolie du cœur. À absolument écouter et réécouter et, comme la musique, à garder au plus près de soi.