Le 12 mars, en la basilique Saint-Sernin de Toulouse, les Arts Renaissants invitent deux ensembles experts des musiques de la Renaissance dans un programme exceptionnel intitulé « L’homme armé, larmes et alarmes ». Les œuvres retrouvées de Pierre de La Rue, compositeur majeur de la Renaissance, constituent l’essentiel des musiques interprétées ce soir-là par l’Ensemble Clément Janequin et Les Sacqueboutiers.
Les Sacqueboutiers et l’Ensemble Clément Janequin
Créé à Paris en 1978, l’Ensemble Clément Janequin se consacre en priorité à la musique profane et sacrée de la Renaissance, de Josquin des Prés à Claudio Monteverdi. Son inimitable interprétation de la chanson parisienne du XVIe siècle a fait redécouvrir un des âges d’or de l’histoire de la musique française. Ses enregistrements Les Cris de Paris, Le Chant des Oyseaulx, Fricassée parisienne et La Chasse sont devenus des références. Accessible à un large public, ce répertoire illustre les contrastes dont la Renaissance est friande : le lyrisme émouvant des chansons amoureuses et l’humour truculent des chansons rustiques inspirées des contes et farces populaires, bruits de la nature, de la rue ou de la guerre…. L’Ensemble Clément Janequin ne se cantonne pas au XVIe siècle et interprète des programmes allant de la Renaissance à nos jours.
Pour défendre ce riche programme toulousain, les chanteurs suivants seront réunis : Dominique Visse, haute-contre, François-Olivier Jean, ténor, Hugues Primard, ténor, Vincent Bouchot, baryton, Renaud Delaigue, basse.
Depuis leur fondation en 1976, Les Sacqueboutiers se consacrent à la redécouverte de la pratique des cuivres anciens et du vaste répertoire de la Renaissance, âge d’or de leurs instruments.
Sélectionnés comme « Ensemble de l’année » aux Victoires de la musique 2008, ils ont collaboré avec les ensembles les plus prestigieux pour interpréter des répertoires allant de la Renaissance à Mozart : Hespèrion XXI, Les Arts Florissants, La Chapelle Royale, La Grande Écurie et la Chambre du Roy…
Les Sacqueboutiers ne se limitent pas au répertoire de la Renaissance. Leur créativité les amène à concevoir des spectacles associant la musique ancienne à d’autres univers artistiques : la musique contemporaine, la danse, le jazz, la littérature, l’ethnomusicologie… Les musiciens qui participent au concert toulousain sont : Jean-Pierre Canihac, cornet à bouquin, Nicolas Trepp, sacqueboute, Philippe Canguilhem, chalemie, Laurent Le Chenadec, dulciane, Yasuko Uyama-Bouvard, orgue.
Complices de longue date, ces deux ensemble ont imaginé le programme « L’homme armé, larmes et alarmes » autour de l’œuvre du compositeur flamand Pierre de la Rue qui rayonne sur toute l’Europe de la fin du XVe siècle au début du XVIe. Il est attaché, tour à tour, à la cour des ducs de Bourgogne, à la cathédrale de Sienne, à la cour de l’empereur Maximilien d’Autriche ainsi qu’à celles de France et d’Espagne.
Le programme s’articule autour de la figure de « L’homme armé », valeureux guerrier mort au combat, auquel Pierre de la Rue (v. 1450-1518) a consacré deux de ses compositions majeures : un Requiem intitulé « Missa pro Defunctis » et une Messe parodique, genre prisé à la Renaissance, « Messe des Batailles ». Ces deux messes intègrent des éléments composés aussi bien par Pierre de La Rue que par d’autres compositeurs comme Jean Richafort, Antoine Févin, Pierre Phalese, Giovanni Pierluigi Palestrina, Jean de Bournonville, Clément Janequin, et d’autres.
Comme l’indique Dominique Visse, fondateur de l’ensemble Clément-Janequin : « De la lamentation à la jubilation, la diversité des formes de composition, les distributions, ainsi que l’association des voix et des instruments, dévoilent ici toute la richesse des pratiques et l’étendue de la palette de couleurs propres à la musique de la Renaissance. »
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
