May December, un film de Todd Haynes
L’affaire avait fait grand bruit aux USA en 1997 lorsque Mary Kay Letourneau (36 ans) avait été emprisonnée pour avoir eu une relation sexuelle consentie avec un de ses élèves de… 12 ans. Ce dernier est devenu son mari, Joe dans le film, et le père de deux de ses enfants.
Natalie Portman (Elizabeth) et Julianne Moore (Gracie) – Crédit : May December Production
Le dernier opus du réalisateur de Dark Waters (2020) reprend cette histoire alors que « l’héroïne » est aujourd’hui décédée. Toujours de ce monde, son mari trouve un peu scandaleux de ne pas avoir été interpellé sur ce scénario qui colle tellement à sa vie. On peut le comprendre ! Cela étant, Todd Haynes se sert de cette histoire pour finalement nous en conter une autre. Ce sera celle d’une actrice, Elizabeth, devant incarner à l’écran cette enseignante, ici nommée Gracie, et se rendant chez elle pour mieux approfondir son personnage. Rapidement la relation entre les deux femmes se teinte d’un flou vénéneux. Elizabeth devient très intrusive, pose des questions dérangeantes qui vont bien au-delà de la période évoquée dans son scénario. Conscience professionnelle afin de mieux cerner cette histoire d’amour incroyable ? S’adressant à l’entourage de Gracie, enfants, ancien mari, avocat, Elizabeth finit par accumuler une somme colossale d’informations sans se poser la question de leur exactitude. Ni même se demander si elle n’est pas manipulée. Ce film est finalement l’affrontement de deux femmes, Elizabeth transformant ses recherches en véritable enquête, et Gracie, ainsi que son entourage, voulant faire du biopic à venir un retour en grâce du couple. L’ambiance devient irrespirable. Clairement porté par Natalie Portman (Elizabeth ambigüe au possible) et Julianne Moore (Gracie en proie à ses démons), sans oublier Charles Melton, Joe candide, naïf et pathétique, mais toujours follement amoureux, ce film, d’une intensité toxique dévastatrice comporte une BO faisant une large, bruyante et envahissante place à l’indicatif de l’émission « Faites entrer l’accusé ». Cela ne l’empêche tout de même pas de développer une atmosphère incroyablement hitchcockienne !
