Le Procès Goldman un film de Cédric Kahn
Ah, les films de prétoire, quelle aubaine pour les réalisateurs ! C’est un genre à part, maintes fois et brillamment illustré. Mais avec l’affaire Goldman, Cédric Kahn tient un sujet en or car le procès en question va bien plus loin que les effets de manche. Il nous parle d’un homme d’une redoutable intelligence : Pierre Goldman.
Arieh Worthalter (Pierre Goldman) – Crédit : Moonshaker
Voici donc l’histoire judiciaire de Pierre Goldman (1944-1979). Celui-ci fait ses études à la Sorbonne et entre dans le domaine du grand banditisme au début des années 1970. Il va croiser les cercles du militantisme d’extrême gauche un peu partout dans le monde. Auteur de nombreux braquages, dont il reconnaîtra, si l’on peut dire, la paternité, il se défend comme un lion face à l’accusation portée contre lui du meurtre de deux pharmaciennes. Un premier procès le condamne à la perpétuité mais en appel la peine sera infiniment moins lourde. Le film de Cédric Kahn, tout en s’inspirant du livre de Pierre Goldman : Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France, suit assez étroitement les deux procès. Ce genre cinématographique ne peut fonctionner qu’avec une caméra virtuose et le support de comédiens de très haut niveau. C’est le cas ici avec l’époustouflant Goldman d’Arieh Worthalter, d’une densité extraordinaire, d’Arthur Harari (maître Kiejman, son avocat), Stéphan Guérin-Tillié (le Président), Nicolas Briançon (l’avocat des parties civiles), etc. Tous sont incroyables de justesse de ton. Sans oublier les comédiens jouant, lors du procès, soit les gauchistes fans de Goldman, soit ses copains antillais, soit encore les victimes, ou bien les flics. Cédric Kahn les filme avec une acuité qui rend leur présence littéralement palpable. Soutenu par des personnalités telles que Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Simone Signoret et bien d’autres intellectuels, le demi-frère du chanteur Jean-Jacques Goldman ouvre lui-même dans sa défense le procès de la Police et du racisme antisémite. Finalement sa peine sera commuée en un emprisonnement de 12 ans dont il sortira par anticipation pour bonne conduite. Il tombera sous les balles, encore obscures, d’assassins qui mettront un terme à son existence trois ans après.
L’histoire d’une vie certainement pas exemplaire, mais d’un destin hors du commun, tout comme ce film qui vous fascinera. C’est certain !
