Dans la tradition d’une musique africaine qui se vit au quotidien, la rencontre du Malien Ballaké Sissoko, du Marocain Driss El Maloumi et du Malgache Rajery n’a rien d’improbable : elle se nourrit des circonstances, et des envies. Après une première expérience commune en 2008, ces grands maîtres se sont retrouvés à jouer ensemble dans la Route de l’Esclavage, un des magnifiques projets de Jordi Savall. Le projet 3MA a tout d’une comète : brillante, fascinante et inspirante. Son orbite longue offre un rare passage dans le ciel de la Salle Nougaro de Toulouse. Serez-vous là ?
photo © Cyrille Choupas
La reprise du projet 3MA etait un peu inespérée, au vu de la densité de leurs carrières personnelles. Les voici sur la tournée de leur deuxième album: Anarouz (11/2017).
Ballaké Sissoko, descendant d’une grande lignée de griots mandingues est un maître de la kora et un musicien d’exception. Ouvert à toutes les collaborations, il a enregistré et tourné, entre autres, avec Ludovico Einaudi, Ross Dali, Keyvan Chemirani, Boubacar Traoré et surtout Vincent Segal, avec lequel il a créé un duo splendide et enregistré deux albums pour le label No-Format. Driss El Maloumi est un des grands maîtres de l’oud au Mahgreb et au Moyen-Orient. Il a lui aussi pratiqué toutes les musiques, du jazz de Paolo Fresu aux musiques baroques de Jordi Savall. De même Rajery, musicien du monde, comme ses deux complices, dirige son propre groupe tout en participant à de nombreux échanges. Le trio s’est retrouvé autour d’un projet de nouvel album et d’une envie de jouer et de tourner ensemble (écoutez les artistes en parler dans le making-of, en fin d’article).
Entre transes malgaches et indiennes, mélodies mandingues et berbères, avec des notes de jazz et d’improvisations inspirées, le résultat pourrait témoigner d’un métissage réussi – et ce serait déjà un bonheur. Le miracle de 3MA est d’évoquer, à l’écoute, une musique et une beauté intemporelles qui viendrait de l’amont, de la source des musiques du monde.
Voici ce qu’en dit Étienne Bours, auteur et chroniqueur spécialiste des musiques du monde (*) :
Les trois instruments dialoguent, chacun dans sa langue mais à l’écoute des autres. Rajery et Driss El Maloumi donnent de la voix ici et là pour ajouter les cordes vocales à celles qui font vibrer les bois, calebasse et bambou. Ces voix arrivent chaque fois à point nommé, accentuant la dimension humaine d’une démonstration musicale qui évite totalement le piège de la virtuosité froide. Et le disque de s’offrir en une longue respiration, calme, élancée, digne.
Occasion à saisir ce mardi 20 novembre à la Salle Nougaro de Toulouse.
Réserver sur le site de la Salle Nougaro de Toulouse
La page Facebook du projet 3MA (agenda des concerts etc.)
(*) Etienne BOURS in 5planetes.com