Sauver ou périr – un film de Frédéric Tellier
Les films à la gloire des soldats du feu sont assez rares pour souligner celui-ci. Il rend compte d’un fait réel, le destin tragique d’un pompier gravement brûlé qui devra reconstruire sa vie. Un hymne au courage !
Franck a tout pour être heureux, une famille qui va s’agrandir bientôt de deux jumelles et une vie professionnelle qui assouvit sa passion : servir les autres au travers du corps des sapeurs-pompiers. Fidèle à son éthique, voir son premier long L’affaire SK1, Frédéric Tellier réalise ici un quasi docu-fiction après avoir longuement documenté son sujet à la source même. Dans un premier temps, nous assistons ainsi aux différents rituels rythmant le quotidien d’une caserne : missions sur le terrain, exercices physiques, levers de drapeau, hommages aux disparus. Tout nouveau nommé à un poste de commandement, Franck est appelé, avec son équipe, sur un incendie. La mission va tourner au tragique. Franck a juste le temps de mettre ses hommes à l’abri, mais le feu va le rattraper.
Grièvement brûlé, défiguré, il va entamer un calvaire de plusieurs années entre soins douloureux, reconstruction mentale, professionnelle, civile et intime. C’est la seconde partie du film, tout autant documentée et bouleversante. Parti à la reconquête de sa dignité, mais aussi de son épouse, Franck croisera maintes fois la tentation du suicide. C’est le destin tragique de trop nombreux de ces héros du quotidien. En ce sens, le dernier long de Frédéric Tellier est un bel hommage amplement mérité. Cet hommage est littéralement porté par la performance hallucinante de Pierre Niney, Franck incroyable d’authenticité et d’engagement dramatique. Pour jouer la première partie du film, le comédien a dû prendre dix kilos de muscles, autant dire qu’il n’est pas doublé dans les entraînements. Pour la suite, post-accident, il a appris à parler comme les grands brûlés, travaillant ainsi sur le débit vocal, modifiant son timbre de voix. Ses regards aussi ne sont plus les mêmes, le gouffre qui s’est ouvert devant lui le fait accéder à d’autres univers mentaux. Sa démarche a changé malgré une rééducation aussi lente que pénible. Une incarnation et une performance qui devraient lui valoir quelques lauriers !
Mais le film ne s’arrête pas là, ce qui déjà ne serait pas si mal. Au travers des regards et des comportements autant des pompiers que des médecins et infirmières, c’est tout un monde d’une formidable et insondable empathie pour les victimes qui est porté à l’écran.
Un très beau film, très impressionnant aussi. A voir absolument !
Robert Pénavayre
Sauver ou périr – Réalisateur : Frédéric Tellier – Avec : Pierre Niney, Anaïs Demoustier…
Frédéric Tellier – SK1 multi récompensé
Très tôt plongé dans le bain de la culture au sens large du terme, le jeune Frédéric va se diriger finalement vers le cinéma (publicité, films d’entreprise…). D’assistant réalisateur à directeur de production, il va finir par réaliser L’Affaire SK1. Bingo, le film est multi-récompensé par la profession, applaudi par le public, encensé par la presse. Un grand était-il né ? Avec son dernier opus, la question ne se pose plus !