Avec « Il n’y a que Maillan qui m’aille… », au Théâtre du Pavé, Corinne Mariotto se lance décomplexée dans la gaudriole assumée.
On le sait depuis « les Règles du savoir-vivre dans la société moderne » de Jean-Luc Lagarce, Corinne Mariotto excelle (aussi!) dans les solos. Plutôt rompue aux rôles de tragédie racinienne (« Bérénice », « Andromaque ») ou de drames psychologiques (Tchekhov, Duras, Fosse, Lagarce…), la comédienne toulousaine recèle un don pour le burlesque rarement exploité. « Il n’y a que Maillan qui m’aille… » (titre provisoire) la verra métamorphosée en chansonnière de music-hall, emplumée, pailletée et accompagnée au piano par Frédéric Schadoroff.
«J’ai le vieux fantasme de la revue de cabaret et une certaine nostalgie des retransmissions des pièces kitsch et légères d’ »Au théâtre ce soir », lance-t-elle dans un grand sourire. Ce spectacle-récital se présente comme un montage de sketches, chansons et blagues — principalement inspiré du show de Jacqueline Maillan « J’ai deux mots à vous dire » — savamment tricoté par la metteuse en scène Hélène Sarrazin. «Ce sont des blagues potaches, désuètes, d’un humour daté, mais qui ont un charme fou», précise la comédienne à présent aussi chanteuse.
Et de poursuivre : «Hélène Sarrazin m’a dirigée en puisant dans ma personnalité. Il n’est pas question d’être dans l’imitation mais dans l’énergie du jeu de “La Maillan”. C’est aussi un hommage à un style de comique, et un clin d’œil à une époque». De la tragédie au théâtre de boulevard, la comédienne se sent chez elle dans tous les registres, tout comme Jacqueline Maillan qui joua aussi pour Patrice Chéreau. «Et puis n’oublions pas que derrière ses costumes de scène exubérants et ses sourires, se cachait une femme à la blessure secrète, très seule, avec un énorme besoin d’amour», assure Corinne Mariotto.
Sarah Authesserre
une chronique du mensuel Intramuros
« Il n’y a que Maillan qui m’aille… », du mardi 27 janvier au dimanche 1er février,
au Théâtre du Pavé, 34, rue Maran, Toulouse. Tél. 05 62 26 43 66.