La série des concerts Happy Hour du samedi après-midi de l’Orchestre national du Capitole se poursuit avec succès. L’horaire de ces rencontres musicales favorise la venue des familles qui peuvent ainsi découvrir et faire découvrir à leurs enfants les grands chefs-d’œuvre classiques. Le 30 avril dernier, la Happy Hour recevait une jeune cheffe d’orchestre chinoise Xian Zhang et retrouvait le premier violon super-soliste de l’Orchestre national du Capitole, Kristi Gjezi, cette fois dans le rôle de soliste d’un grand concerto.
Après avoir été lauréat de prestigieux concours internationaux (comme Tibor Varga, Pablo de Sarasate, David Oïstrakh) Kristi Gjezi est devenu le premier violon super-soliste de l’Orchestre national du Capitole. Il endosse cette fois le rôle de soliste d’un grand concerto pour violon et orchestre.
Le Concerto en la mineur op. 82 d’Alexandre Glazounov, composé en 1904, comporte plusieurs sections enchaînées. Son écriture mêle des éléments populaires tziganes à une virtuosité exigeante pour le soliste. Dès les premières notes du Moderato, la plénitude sonore du violon de Kristi Gjezi s’impose face à un orchestre bien présent. Les passages réclamant une grande technique instrumentale sont abordés avec une sûreté et une perfection admirables. Doubles cordes, sons harmoniques donnent une étonnante impression de facilité sous les doigts du soliste. A la fois virtuose et profondément musicien, Kristi Gjezi souligne habilement le profond lyrisme des phrases si imprégnées de style russe. Il déroule avec nostalgie et chaleur la belle cadence imaginée par le compositeur lui-même. Le final Allegro, à la fois héroïque et pétillant, établit un beau dialogue entre le violon solo et les interventions solistes de l’orchestre. La direction de Xian Zhang soutient et entoure avec vigueur le parcours du violon.
Très applaudi par le public et les musiciens eux-mêmes, Kristi Gjezi offre en bis une exécution impressionnante de virtuosité du célèbre Caprice n° 1 de Paganini.
La Symphonie n° 7 en la majeur de Beethoven complète le programme de cette Happy Hour. Considérée par Wagner comme « la danse dans son essence suprême », cette partition place le rythme au centre de sa structure. La cheffe invitée en souligne essentiellement la vigueur des accents, l’énergie des contrastes, l’intensité des tutti. Le choix de tempi rapides concerne l’ensemble des quatre mouvements. Ainsi l’Allegretto, trop souvent pris dans un tempo ralenti, avance ici avec une détermination bienvenue. Quant aux deux mouvements finaux, ils explosent littéralement ! L’agitation « chorégraphique » de la cheffe, (qui parfois décolle de son podium !) traduit bien cette volonté d’animer le discours jusqu’aux extrêmes. Regrettons néanmoins que cette tension constante ne trouve que rarement la détente, la respiration qui apaise.
La vitalité semble bien le but recherché de cette interprétation, par ailleurs largement applaudie par un public conquis.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Orchestre national du Capitole