1917 un film de Sam Mendes
Sam Mendes ne fait pas beaucoup de films mais chaque fois il met la barre plus haut. Ici il arrive à un magistral sommet d’héroïsme qui devrait rafler une palanquée d’Oscars !
14/18, deux dates qui font à jamais référence dans l’inconscient de chacun à un conflit mondial qui fit des millions de morts. Ce fut également une guerre de tranchées au sens premier du terme. C’est depuis ce dispositif guerrier que les soldats attendaient le coup de sifflet fatal qui leur ordonnait de monter à l’assaut, sachant que nul n’en reviendrait. Ou à peu près… Gazées, ensevelies, mitraillées ou explosées, les victimes, des deux côtés, furent légion. Entre deux tranchées ennemies, il y avait un no man’s land, lieu dantesque où la Mort prenait ses sanglants rendez-vous. Peuplé de cadavres d’hommes et de chevaux, c’était le Premier Cercle de l’Enfer. C’est pourtant cet espace hautement dangereux que deux jeunes soldats, Scho et Blake, vont avoir pour mission de traverser afin de porter une missive d’une importance vitale à une division britannique de 1600 soldats en passe de tomber dans un piège mortel tendu par les Allemands. Parmi cette division, le frère de Blake. Ils ont 24h pour éviter le massacre. En un vertigineux plan séquence le film nous met dans les pas de ces soldats, héros ordinaires d’un conflit qui les dépasse totalement. Les assaillants étant censés s’être retirés, le début se passe plutôt bien pour Scho et Blake.
Ensuite Sam Mendes, avec l’appui des souvenirs de discussions avec son grand-père qui fut un protagoniste de cette guerre, nous confronte à un conflit non pas de gigantesques armées s’affrontant à coups de canon, mais à un combat plus intime, d’arrière-garde, d’homme à homme, dans des villages en ruines encore fumantes, parfois encore occupées… Et tout cela sans perdre une seule seconde les regards aussi farouchement décidés que follement apeurés des deux jeunes gens. Du coup c’est à une expérience d’immersion totale que nous invite le réalisateur pendant près de deux heures que vous ne verrez pas passer, accroché à votre fauteuil. Bien sûr il y a de l’action, du suspense, mais tout cela sans la moindre trace d’un quelconque maquillage « hollywoodien ». La BO, signée Thomas Newman, apporte un contre-texte musical qui frôle le grand opéra expressionniste dans certaines scènes dont celle, vertigineuse, des ruines. Frissons garantis ! Fort heureusement, le casting a cantonné les stars (Colin Firth, Benedict Cumberbatch…) à des rôles secondaires et fortement épisodiques. Ce qui nous laisse tout loisir pour nous identifier à Dean-Charles Chapman (Blake) et surtout à George MacKay, Scho stupéfiant de courage et d’abnégation, de volonté et de détermination pour aller non pas tuer mais sauver des hommes. Un film dont vous sortirez tout autant meurtri qu’ébloui.
A voir absolument !!!!
Sam Mendes – Merci Mr Spielberg
Son adaptation pour Broadway de Cabaret vaut au jeune Mendes d’attirer l’attention de Steven Spielberg sur son travail. Celui-ci va lui proposer le scénario d’American Beauty. Bingo ! 4 Oscars à la clé en 1999 pour ce jeune réalisateur de 34 ans. Et surtout le début d’une stupéfiante carrière dans le 7e art. Au point qu’il se voit confier rien moins que l’iconique James Bond pour ses deux dernières aventures : Skyfall et 007 Spectre. 1917, son huitième opus, continue de creuser profond les sentiers de la gloire de son auteur.