Ce sera du 2 juin au 28 août 2016, et ce, en plusieurs lieux emblématiques ou non de la ville que le graff va nous envahir, ce street art reprenant possession de murs et autres supports toulousains après avoir subi en son temps une séquence Karcher que l’on a peine à imaginer maintenant avec un certain recul. Mais, fin des années 80 et début 90, la frénésie avait gagné tous ces artistes et certains ne faisaient plus la distinction entre surfaces possibles et surfaces à respecter. Trop, c’était trop. Au milieu de tous ces artistes de la nuit, petit à petit, ils vont passer de jour !! avec un culot certain, et deux jeunes femmes se glisseront même au milieu de tous ces “machos“, Miss Van et Kat, deux sacrés caractères, deux reines du pinceau et de la peinture acrylique au milieu des rois de la bombe.
Mais, tout n’est pas perdu. Voilà près de trente ans et plus qu’à Toulouse, ville reconnue comme ville du graffiti, artistes locaux amateurs, et certains, professionnels, se battent pour valoriser cette forme d’art qui les a faits vibrer dès leur adolescence. Tout vient à point à qui sait attendre surtout en art pictural.
Grâce à la ténacité et l’engouement manifestés par quelques élus et autres amateurs d’art, appel à projets a donc été lancé pour la programmation de ce festival. C’est l’association 50cinq qui a remporté le gros lot. Association qui compte dans ses membres, tout de même, deux figures du graff toulousain, et pas des moindres, Tilt et Reso.
On serait fort surpris, évidemment, que le Musée Les Abattoirs ne soit pas de la fête. C’est quand même le musée d’art contemporain de Toulouse. Il sera donc le siège de l’élément phare de ce festival, avec l’exposition Epoxy, epoxy, mot passé dans le langage courant de générations de graffeurs puisque c’est le nom de la matière dont sont faites les bombes de peinture. Tilt pourrait aussi nous parler de ces bombes de marques allemandes amenées jusqu’à New-York, Auto-K, Multona, Belton, qui lui ont servi de véritables laisser-passer avec un certain graffeur du Bronx, le très respecté Cope2, qui lui a littéralement ouvert les portes du graff sur métro new-yorkais. Quelle aura pour un jeune graffeur toulousain.
A partir du 10 juin, seront donc convoqués les grands noms du graffiti international au musée, et c’est là un événement puisque, comme nous le précise Tilt, directeur artistique du festival, c’est une première en France, oui, c’est la première expo dédiée au graff qui a lieu dans un musée d’art contemporain. Tilt a tellement de contacts dans les crews, d’amis car on ne parle pas ici de concurrence, que les Abattoirs vont héberger des œuvres de noms réputés come Futura de New-York, ou encore Craig Costello de Big Apple lui aussi, d’Amsterdam, Boris Tellegen, Mist de Montpellier et bien sûr Tilt, ex-Tealt, ex-Teelt de la Ville Rose. Mais, c’est vrai qu’il est loin le temps où, Tilt, Soune et 2pon réalisaient leur premier graff commun le long d’une voie ferrée proche de la gare Saint-Agne. Le graff était composé de leurs trois initiales : S2T. C’était en…1991. Vernissage, vendredi 10 juin, 19h30.
Le parvis du Musée a vu passer des œuvres originales, dont l’une n’est pas loin encore puisque dans le Jardin Raymond VI tout proche – hélas, en l’an 2000, les édiles n’ont pas eu l’audace de dire OK à “la vache dans l’arbre“ de John Kelly, un bronze ahurissant digne des …Abattoirs – donc, il faut frapper fort cette année et le clou de l’expo ce sera un wagon de la SNCF qui sera peint du 3 au 9 juin par Futura, le véritable précurseur du graff abstrait, car il y a plusieurs formes ou expressions du graff, comme vous pourrez le découvrir. Ce wagon ne sera pas peint pour subir le sort éphémère des expressions du graff puisqu’il devrait être comme “homologué“ par la DRAC et ainsi, acquérir ses lettres de notoriété définitive pour finir !! exposé en un lieu de notre chère ville. Si les décideurs n’ont pas d’idée, qu’ils sachent que la pelouse devant le Quai des Savoirs l’attend avec impatience ? ce sera un clin d’œil au Tram tout proche.
La Galerie Le Château d’eau servira aussi de lieu pour un autre volet de l’expo Epoxy. Deux artistes majeurs de la photo historique de graffiti – ouf ! heureusement, mais on imagine si les mobiles et smartphones avaient alors existaient – offriront aux yeux des amateurs leurs clichés. Ces deux septuagénaires verront leurs œuvres confrontées, si l’on peut dire, à celles d’un jeune photographe qui s’est fait une spécialiste de la photo du graff actuel, Sylvain Largot. Vernissage, vendredi 10 juin, 17h30
Du graff uniquement en musée, c’est impensable. Il faut donc quelques murs peints dans la ville, et ce sera le cas. Ce sera du 2 juin au 10 juin. Encore faut-il les trouver !! Ils semblent répertoriés pour se destiner à être recouverts de fresques gigantesques dues à l’imagination de graffeurs internationaux. Parmi eux, on retrouve, le toulousain Reso et l’ex-toulousaine Miss Van, partie sous d’autres cieux, et dont les femmes sorte de mix entre celles de Botero et Jane Mansfield, très colorées, ont pu ravir les yeux de nombreux toulousains avant de subir les assauts répétés d’employés municipaux zélés. On y ajoute l’américain Honet, l’allemand Henrik Beikirch et l’espagnol Aryz. Les fresques pourront être découvertes lors de Bus Tour, du 15 au 29 juin, voir jours et heures, mais il faudra s’inscrire ! des artistes graffeurs pourront commenter chaque fresque.
Devenir de ces fresques ? On peut leur souhaiter quelque état de permanence avec l’accord des propriétaires de ces surfaces. Une seule fresque ne survivra pas car le mur en question appartient à un immeuble voué à la démolition dans le cadre d’un grand projet de Ville.
Enfin, un Open Summer Jam, réunissant sur deux jours, les 11 et 12 juin, de 11h à 19h, plus d’une trentaine d’artistes nationaux et internationaux. C’est la troisième édition organisée par le 50cinq. L’intérêt majeur sera que l’on pourra suivre la réalisation de ces peintures.
On se doit de signaler l’ouvrage d’Olivier Gal, « Une histoire du graffiti à Toulouse » Edition Atlantica. Passionnant et instructif quand on est toulousain ! on ne se doute pas toujours de ce qui pouvait se passer dans certains quartiers, surtout la nuit, dans les années 90, Arnaud-Bernard, la Terrasse, les dépôts de trains, la Manufacture des tabacs, Boulevard de Suisse……
Tout comme, il faudra se renseigner sur tous les événements annexes qui s’agglutinent autour des temps forts de Rose Béton. On notera l’expo dite Centrifuge au musée les Abattoirs où un choix d’œuvres propose une exploration des influences réciproques de l’art et de l’espace urbain. Ou encore à l’Hôtel d’Assezat, l’exposition des déclinaisons de l’œuvre “Le Fauconnier“ de Paolo Caliari réalisées par plusieurs graffeurs.
Le slogan « demandez le programme » ne s’est jamais autant justifié.
Michel Grialou
Rose Beton
du 02 juin au 28 août 2016
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