C’est pour le samedi 10 décembre, à la Halle, à 20h, dans le cadre du Cycle Grands Interprètes, que nous aurons droit à un concert tout Johannes Brahms, dirigé par le maestro Myung-Whun Chung. Les forces en présence sont les différents pupitres de l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, une des rares formations françaises, soyons un brin chauvin, capable de rivaliser avec notre cher ONCT. La Symphonie n°2 viendra après le Concerto pour piano et orchestre n°2 ayant pour soliste une des stars actuelles du clavier, le dénommé Nicholas Angelich. Grande soirée en perspective.
Concerto pour piano et orchestre n°2
I. Allegro non troppo
II. Allegro appassionato
III. Andante
IV. Allegretto grazioso
Durée totale, environ 45 minutes
A propos de ce concerto. S’il ne fut terminé lui aussi que trois ans après les esquisses datées de 1878, ce n’est pas à cause d’un accouchement difficile comme pour le premier concerto, mais pour des raisons parfaitement pragmatiques, Brahms accordant alors la priorité au concerto pour violon. « Je tiens à vous raconter que je viens de composer un tout petit concerto pour piano avec un tout petit scherzo plein de tendresse », écrivait Johannes Brahms à une amie en 1881. Pour sûr, l’œuvre est en quatre mouvements et d’une durée d’environ…45 minutes ! Une durée totale bien loin de correspondre alors à la règle en vigueur pour un concerto, et nombreux furent ceux qui le trouvèrent tout bonnement « trop long ». Jusqu’à lui conseiller de supprimer le fameux « petit scherzo ».
La création en première audition publique devait avoir lieu à Budapest le 9 décembre 1881, avec le compositeur au piano. A part quelques petites retouches faites auparavant en concert privé à Meiningen, l’œuvre fut créée telle que. Elle est de grande envergure tant au point de vue de l’inspiration que de la facture pianistique et symphonique. De tous les concertos de forme classique, l’opus 83 est un des plus grands et des plus difficiles. En quelques jours, il devait conquérir toutes les scènes allemandes. « Le soir de la Première, une scène de tumultueux enthousiasme se produisit quand l’exécution eut pris fin. Le public applaudit frénétiquement et poussa des cris d’admiration que l’orchestre renforça en une fanfare de trompettes et de tambours. »
Symphonie n°2 en ré majeur, op. 73.
Œuvre rayonnante et fascinante par les détails que l’on se plaît à découvrir encore même après de nombreuses écoutes, et d’un bout à l’autre de la partition, et dont la grâce et les proportions tendent à en masquer l’ampleur et la complexité de l’écriture, et donc la complexité de l’exécution. Elle fut écrite au cours de l’été-automne 1877 et créée le 30 décembre à Vienne sous la direction de Hans Richter à la tête du Philharmonique de Vienne. Elle est en quatre mouvements, et suivant son exécution, sa durée totale peut varier entre 41 et 47 minutes.
I. Allegro non troppo
II. Adagio non troppo
III. Allegretto grazioso – Quasi andantino – Presto ma non assai
IV. Allegro con spirito
C’est véritablement avec cette Seconde Symphonie que Brahms remporte des triomphes comme compositeur de symphonies. Le lieu « enchanteur » où il s’est réfugié pour écrire sa partition – la Carinthie en Autriche – va rejaillir favorablement sur son inspiration. Baignant dans un climat serein, la symphonie dégage fraîcheur et gaieté contrairement à la précédente. Bien plus légère et insouciante, elle correspond à un épisode de sa vie parmi les plus heureux. Il écrit une sorte de symphonie pastorale, inspirée par un profond sentiment vis à vis de la nature, et un sentiment de sérénité qui transparait tout au long des quatre mouvements.
L’orchestre est paradoxalement le plus chargé des quatre symphonies avec une participation importante des cuivres. Et, en même temps, le climat général de cette composition se reflète dans son instrumentation bien plus délicate, transparente et éclatante que celle de la Première. Flûtes, hautbois et clarinettes vont jouer un très grand rôle surtout les dernières. Trombones et tuba ne sont pas oubliés pour autant pendant que les cors ont toutes les faveurs du compositeur. Par exemple, le solo de cor, plein de magie, précédant immédiatement la coda du premier mouvement, est quelque chose dont on attend toujours l’arrivée avec un plaisir anticipé. Et de façon tout aussi mémorable, le passage pour les cordes qui lui succède, sur une aimable parodie de la valse viennoise. Autre trait remarquable, celui des trombones dans les deux premiers mouvements : ils interviennent non seulement pour produire des effets de puissance et d’énergie mais aussi dans des passages piano émouvants. Enfin, impossible de na pas noter le véritable embrasement de couleurs provoqué dans les cinq dernières mesures par les cuivres graves.
Myung-Whun Chung
Né en Corée, Myung-Whun Chung a vingt et un ans quand lui est décerné le Deuxième Prix du Concours Tchaïkovski de Moscou. Poursuivant son périple et son apprentissage au Mannes College et à la Juilliard School à New York, il devient l’assistant de Carlo Maria Giulini à l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles en 1979, avant d’en être nommé chef associé en 1981.
De 1984 à 1990, il dirige l’Orchestre Symphonique de la Radio de Sarrebruck. Il est invité de 1987 à 1992 à la tête du Teatro Comunale de Florence, puis assume de 1989 à 1994 la direction musicale de l’Orchestre de l’Opéra de Paris. Jusqu’en 2005, il est le Chef principal de l’Orchestre de l’Académie Sainte-Cécile de Rome. En 1995, Myung-Whun Chung fonde l’Asia Philharmonic, un orchestre formé des meilleurs musiciens de huit pays d’Asie. En 2005, il est nommé directeur artistique de l’Orchestre Philharmonique de Séoul.
Depuis 2000, Myung-Whun Chung est Directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Mikko Frank lui succède cette saison tandis qu’il devient son Directeur musical honoraire. Parallèlement, les plus grands orchestres bénéficient de sa direction en Europe comme aux États-Unis et en Asie. Depuis 2011, il est également Principal Chef Invité de la Staatskapelle de Dresde.
Depuis dix ans, Myung-Whun Chung s’investit avec passion pour faire découvrir la musique classique aux enfants et aux adolescents : grâce à des concerts spécifiques et à des ateliers pédagogiques, le jeune public se familiarise ainsi avec la richesse de cette musique. Myung-Whun Chung est également sensible aux problèmes humanitaires et écologiques. Ambassadeur du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (UNDCP), il est nommé “Homme de l’année” en 1995 par l’Unesco. Il reçoit de nombreux prix et titres honorifiques, et de prestigieuses récompenses pour ses enregistrements chez Deutsche Grammophon ainsi que pour son œuvre artistique.
Depuis 2008, Myung-Whun Chung est Ambassadeur international de bonne volonté de l’Unicef. Une première mission l’a conduit au Bénin. L’une de ses priorités est de mettre la musique au service des projets humanitaires.
Myung-Whun Chung a réuni pour la 1ère fois l’Orchestre Unhasu de Corée du Nord et l’Orchestre Philharmonique de Radio France, Salle Pleyel à Paris en 2012.
En 2014, publication de son premier enregistrement piano solo dédié à l’enfance.
Dernière venue : 27 juin 2013, avec le Philharmonique de Radio France et Mojca Erdmann – Mozart / Mahler.
Orchestre Philharmonique de Radio France
Miko Frank, Directeur musical
Myung-Whun Chung, Directeur musical honoraire
L’année 2015, Myung-Whun Chung a dirigé sa 15ème et dernière saison en tant que Directeur Musical alors que l’Orchestre Philharmonique s’installe dans le nouveau Grand Auditorium de Radio France.
Héritier du premier Orchestre Philharmonique créé dans les années 1930 par la radio française, l’orchestre avait été refondé au milieu des années 1970 sous l’inspiration des critiques formulées par Pierre Boulez à l’encontre des formations symphoniques traditionnelles ; Gilbert Amy puis Marek Janowski en ont été les premiers directeurs musicaux.
L’Orchestre Philharmonique peut ainsi aborder tous les répertoires du XVIIIème siècle à nos jours, que les œuvres soient écrites pour petits ensembles ou pour grand orchestre, chaque groupe, composé en fonction de l’écriture des œuvres, pouvant travailler simultanément.
L’orchestre a ainsi interprété, par exemple, 60 programmes originaux et 105 concerts en 2013.
Depuis l’an 2000 à la tête de l’orchestre, Myung-Whun Chung peut se réjouir de voir aujourd’hui son orchestre reconnu comme l’une des plus remarquables phalanges européennes. Ces années ont été marquées par de nombreuses tournées internationales sur tous les continents, comme en 2014, de la Philharmonie de Berlin au Musikverein de Vienne, au Festival Rostropovitch à Moscou, en Chine, en Corée et au Japon.
Sa réputation lui vaut la fidélité des plus grands musiciens qui sont venus enrichir le travail de l’orchestre aux côtés de Myung-Whun Chung. Des personnalités aussi exceptionnelles que Pierre Boulez, Esa-Pekka Salonen, Ton Koopman, et les meilleurs chefs de la jeune génération tels Gustavo Dudamel, Alan Gilbert, Daniel Harding, Vasily Petrenko, Lionel Bringuier ou Mikko Franck qui a succédé à Myung-Whun Chung en septembre 2015.
Depuis sa réouverture en septembre 2006, la Salle Pleyel a accueilli l’Orchestre Philharmonique de Radio France en résidence pour un minimum de vingt programmes par saison. L’Orchestre Philharmonique y présente encore les premiers concerts de cette saison jusqu’à l’ouverture mi-novembre du nouveau Grand Auditorium de Radio France. Cette nouvelle salle permettra à l’orchestre de développer ses activités dans des formats renouvelés et diversifiés. L’orchestre poursuit également sa collaboration avec les autres salles parisiennes, de l’Opéra Comique à la Philharmonie de Paris. Son rayonnement médiatique est immense.
L’ensemble des concerts sont diffusés sur France Musique, et peuvent être réécoutés sur le site Internet de Radio France. Chaque mois, certains concerts sont aussi offerts en vidéo streaming sur les sites d’ArteConcert, MediciTV et de Radio France. Partenaire de France Télévisions, l’orchestre est régulièrement présent sur les antennes de France2, France3 et France5, ainsi que sur Arte et Mezzo.
La musique de notre temps. Chaque saison, l’Orchestre Philharmonique propose une quinzaine d’œuvres nouvelles en création, et participe aux grands festivals de musique contemporaine (Présences, ManiFeste, Festival d’Automne à Paris). Les musiciens ont eu la joie d’accueillir de nombreux compositeurs pour diriger leurs œuvres comme Pierre Boulez, Luciano Berio, Peter Eötvös, George Benjamin, Thomas Adès ou Esa-Pekka Salonen venu trois semaines en résidence à l’occasion du Festival Présences 2011 au Théâtre du Châtelet.
Particulièrement désireux de transmettre leur passion aux plus jeunes, les musiciens de l’Orchestre Philharmonique interviennent tout au long de l’année en milieu scolaire, ainsi que dans les hôpitaux de Paris et de région parisienne auprès des enfants malades. Avec Myung-Whun Chung, ils sont tous ambassadeurs de l’Unicef depuis 2007. Ils ont développé une Académie Philharmonique pour les jeunes musiciens en collaboration avec le Conservatoire de Paris. L’Orchestre Philharmonique de Radio France a crée un site Internet dédié au jeune public : zikphil.fr
orchestrephilharmoniquederadiofrance.fr
Nicholas Angelich, ce pianiste surdoué à l’étonnante maturité, et pourtant, toujours inquiet.
Né aux Etats-Unis en 1970 d’une mère pianiste et d’un père violoniste, les deux issus de familles aux racines de l’Europe de l’Est, Nicholas Angelich, ne donnera-t-il pas son premier concert à 7 ans !! interprétant alors le Concerto n°21 en ut majeur HV 467 de Wolfgang-Amadeus Mozart ?
Il entre à 13 ans au Conservatoire National Supérieur de Paris et étudie avec Aldo Ciccolini, Yvonne Loriod, Michel Beroff. Il travaille aussi avec Marie-Françoise Bucquet, Leon Fleisher, Dmitri Bashkirov et Maria João Pires. En 1989, Nicholas Angelich remporte à Cleveland le 2e Prix du Concours International R.Casadesus et en 1994, le 1er Prix du Concours International Gina Bachauer.
Grand interprète du répertoire classique et romantique, il donne l’intégrale des Années de Pèlerinage de Liszt au cours de la même soirée. Il s’intéresse également à la musique du XXe siècle : Messiaen, Stockhausen, Pierre Boulez, Eric Tanguy et Pierre Henry dont il crée le Concerto sans orchestre pour piano.
En mai 2003, il fait ses débuts avec le New York Philharmonic et Kurt Masur (Beethoven n°5). Toujours sous sa direction, mais avec l’Orchestre National de France, il effectue une tournée au Japon (Brahms n°2). En 2003, il participe au 10e anniversaire du Festival de Verbier. Eté 2005 : première apparition au Festival Martha Argerich de Lugano. Vladimir Jurowski l’invite en octobre 2007 à faire l’ouverture de la saison avec le Russian National Orchestra.
En récital et en passionné de musique de chambre il joue dans les salles européennes les plus représentatives, et avec les partenaires les plus réputés.
Depuis ses treize ans, il vit à Paris, revenu des “States“ avec sa mère. Il pointe depuis maintenant plus d’une dizaine d’années dans la cour des Grands, des très Grands. C’est un pianiste qui se singularise aussi par une relation très forte avec un public qui nourrit à son égard une admiration et une fidélité plutôt rares. Est-ce la perception d’une forme de fragilité, de timidité, de ce doute permanent qui semble l’animer ? et qui paraît rejoindre sa réponse à la question « Pourquoi joue-t-on ? » : « Parce que c’est comme ça. C’est trop compliqué à expliquer. Pourquoi est-on écrivain, acteur, pianiste ou mathématicien ? pour ne pas fuir la question, je dirai : c’est évident et nécessaire.…On joue parce qu’on aime ça. »
Michel Grialou
Orchestre Philharmonique de Radio France
Myung-Whun Chung (direction)
Nicholas Angelich (piano)
samedi 10 décembre 2016 à 20h00
Halle aux Grains
Mécénat / Partenariats
Nathalie Coffignal
ncoffignal@grandsinterpretes.com
Tel : 05 61 21 09 61
Crédits photos
Myung-Whun Chung / OPRF © JF Leclercq
Nicholas Angelich © Stephane de Bourgies