Présenté au Festival de Cannes puis à celui d’Annecy, spécialisé dans l’animation, le film « Amélie et la métaphysique des tubes » y a reçu un accueil très enthousiaste, parfaitement justifié. Cette adaptation d’un roman autobiographique d’Amélie Nothomb est une merveille de beauté et sensibilité.

Quand la petite Amélie, 2 ans et demi, s’ouvre au monde. Photo Haut et Court
Amélie est une petite fille aux grands yeux verts. Elle naît dans une famille aimante, entourée de ses parents, Belges expatriés, d’un frère et d’une sœur aînés. Amélie est un bébé qui observe le monde mais ne s’en saisit pas, confinée dans une léthargie pensive. Elle regarde ce Japon mystérieux où elle pousse – après un long cri difficilement calmé – dans le silence, sans un geste ni un son. Et puis, à deux ans et demi, tout se décoince par la magie d’un morceau de chocolat au lait que lui offre une grand-mère venue de si loin. Amélie se met à parler, à rire, à bousculer son entourage, dévorant la vie avec la gourmandise de ceux qui ont tout à découvrir. Adapté d’un des premiers romans d’Amélie Nothomb par le duo de réalisateurs Maïlys Vallade et Liane-Cho Han, « Amélie et la métaphysique des tubes » se concentre sur les six mois qui vont suivre, rythmés par beaucoup de joies simples et troublés par plusieurs drames qui marqueront à jamais la petite héroïne. La grand-mère si peu vue va mourir. La jeune employée de maison qui est une seconde maman pour Amélie va devoir la quitter brutalement, tiraillée qu’elle est entre ses propres tragédies d’enfance et son investissement total pour cette formidable gamine étrangère qu’elle adore… Un peu surprenant au premier abord, le titre du film se justifie pleinement par les thématiques qu’il développe : l’ouverture au monde, la puissance de l’amour, les surprises de la vie, la mort qui frappe sans crier gare… Mais tout cela se fait en douceur, dans le regard, tendre, étonné, ravi, rêveur – et parfois inondé de larmes -d’une petite fille immédiatement attachante.
Les réalisateurs ont su trouver le ton juste, à-même de toucher le cœur et l’âme des enfants comme des adultes. Le film est de plus une splendeur sur le plan formel, dans le choix des couleurs, qui magnifient les décors (une maison ancienne dans les bois, un jardin fleuri, la mer fascinante et inquiétante…), dans le traitement des saisons et la fluidité des mouvements des personnages. Et c’est le miracle des films d’animation ne devant rien à l’esthétique Disney, qui contamine tant de productions, y compris françaises : toute la richesse du monde et d’une vie se trouve concentrée dans 1h15, pas plus, d’une intense beauté.
« Amélie et la métaphysique des tubes », de Maïlys Vallade et Liane-Cho Han, actuellement au cinéma.