C’était l’époque où les filles s’habillaient avec des épaulettes et des bottes de cowboy, avec des couleurs à rendre schizo un caméléon. Les garçons, eux, portaient des jeans serrés et des chemises aux imprimés parfois surprenants. Et je ne vous parle pas des coiffures ! Pour certains, le dandy ultime était Mark Knopfler, dont on se demandait parfois s’il n’était pas un tennisman qui s’était trompé de stade…
C’étaient les années fric où Reagan et Thatcher faisaient rêver tous les petits Sarkozy en développement (leur rêve est depuis hélas devenu réalité). Duran Duran, Brian Ferry, Heaven 17 jouaient beaucoup avec cette imagerie luxueuse et jetsetteuse. Et même les marxisants Scritti Politti ou Style Council semblaient sortir d’un club huppé de Mayfair ou de leur tailleur dans German Street.
C’était l’âge d’or du clubbing dans les grandes métropoles occidentales, des Bains Douches au Blitz, de Danceteria à la Hacienda, du Rose Bonbon au Palace…
C’était l’époque des basses fretless, des DX7, des guitares sharp, des boites à rythmes et des premiers séquenceurs, des tubes influencés par l’italo-disco (M, Buggles) ou la soul (Paul Young ou Ian Dury qui livre ici un « Really Glad You Came » qui semble piqué à Diana Ross).
Cette compilation dédiée aux années 1980 emprunte son nom à Paul Haig (le fabuleux chanteur-guitariste écossais de Josef K), en restitue l’esprit et le son, dans toute sa variété. Car on y trouve aussi bien de la new-wave (Soft Cell, Cure, Stranglers, Altered Images, Art Of Noise, OMD, Fad Gadget, Tears For Fears), de l’indie pop (Pale Fountains), du funk blanc (Scritti Politti – où est passé Green au fait ?), du mainstream respectable (Culture Club, China Crisis, Eurythmics ou Korgis – ici avec « Young’N’Russian » moins rabâché que « Everybody’s Got To Learn Sometime ») et tout un tas d’inclassables (de Madness – qui a depuis longtemps laissé tomber le ska des débuts, ici avec « Tomorow’s Just Another Day » – au Style Council – lui aussi très loin des rives post-mods des Jam –, en passant par Fun Boy Three, Teardrop Explodes, JoBoxers, Dexy’s Midnight Runners ou Elvis Costello).
Il y a quelques pépites originales comme Grace Jones (qui livre ici une chouette relecture chaloupée de « She’s Lost Control » de Joy Division), Blue Rondo A La Turk (premier groupe exotica de Matt Bianco) ou Japan (pas très connu chez nous mais qui relie une communauté de fans acharnés).
Il y a même le petit malin Malcolm McLaren, ex-manager des New York Dolls puis des Sex Pistols, qui avait sorti quelques singles (« Double Dutch » ou le très grandmasterflashien « Buffalo Gals » qui figure ici).
Notre ville est même représentée avec Department S dont le chanteur s’appelait Vaughn Toulouse !
> Compilation 4 CDs Heaven Sent (Cherry Red)