On s’habitue très facilement aux bonnes choses et plus particulièrement à une convivialité de bon aloi. C’est encore le cas pour cette septième édition des Rencontres Vins & Toiles ce mercredi 27 novembre 2019 à l’occasion de l’exposition collective Carré Rouge et de la dégustation des vins des vignobles Clément Fayat.
C’est l’agence Numero Z qui, sous l’égide de Marie Suarez, a réussi le tour de force de donner bonne mine à tous les participants en choisissant le thème de cette soirée privée annuelle. Ce sera le rouge, ROUGE, le rouge brut, le rouge qui n’est pas rose, le rouge qui n’est pas violet, le rouge qui me sied fort, le rouge d’un champ de coquelicots, le rouge d’une étoffe d’un Caravage, le rouge infernal de ces velours d’autrefois. Des mines superbes de convives ainsi que des hôtes, Messieurs Hervé Perrin et Jean-Paul Colombiès, société Razel-Bec, de Stephan Revignas, Lherm TP, pour ne pas les nommer. C’était dans des locaux du Grand Marché, le Min Occitanie. Organiser un événement en ce lieu pas facile relève du pari, un pari gagné à l’évidence.
Vins & Toiles, ce nom est bien maintenant inséparable de quelques flacons de breuvages des vignobles Clément Fayat. Ne pas citer le Château La Dominique, Saint-Emilion grand cru classé serait criminel !! On y joint le Château Fayat, Pomerol, et quelques autres. Tous ces vins étaient en accompagnement de mets préparés par Skandi & Pergo, grand traiteur de la région. Vins dont vous saurez apprécier toutes les qualités en dégustant bien sûr avec toute la modération nécessaire, tout en déambulant et en appréciant aussi les œuvres exposées par une douzaine d’artistes.
Pour répondre au thème choisi en relation à la sculpture, au design, à l’affichage, à la publicité et au graffiti, sans oublier la photo et la peinture, les responsables ont décidé de mettre à l’honneur quelques artistes de la région. Choix délicat car ils sont de plus en plus nombreux. Côté Street Art, on retrouve un des animateurs les plus concernés dont le travail est visible en bon nombre d’endroits, le dénommé DER. Un Street artiste, appellation si je puis dire qu’il ne reniera pas, même s’il n’est plus uniquement dans la rue et que son travail est aussi sur toile, la preuve.
Les travaux exposés d’Alexandre Nicolas ne sont pas de ceux que l’on rencontre fréquemment. Leur originalité ne peut qu’exciter votre curiosité. Sa découverte du cristal de synthèse et la réalisation de ses inclusions et sculptures ne peuvent qu’étonner, et même impressionner. L’artiste a une imagination débordante dans le choix de ce qui va se retrouver prisonnier de la transparence !!
Soone est présent aussi. Le parcours de cet artiste est, disons-le, peu commun. On peut se souvenir, c’est mon cas, de ces vêtements repérés rue Temponières je crois bien ! puis disparus. On apprend alors que Soone est parti en Chine et qu’il est un vrai touche-à tout qui réussit, tout ce qu’il touche. Il fait une brillante carrière là-bas. On l’a revu récemment exposant ces sortes d’“azulejos“. C’est passionnant à suivre, un brin étourdissant.
On peut citer le tandem Frédéric Durieu-Nathalis Erin. Artivive résume leur talent. Ils définissent leur art comme étant l’écriture des algorithmes pour créer des œuvres. Les résultats sont “bluffants“ et leurs tableaux sont des arrêts sur image qui prennent vie avec la réalité augmentée, qui peuvent réagir au mouvement, au son. On dira des œuvres complètement interactives pouvant créer des décors saisissants.
Nicolas Delpech, plasticien toulousain, est complètement dans son élément avec le thème du carré, et pareil pour le rouge ! Son travail de plasticien oscille entre le graphisme et le contemporain, utilisant les médiums de la sérigraphie, de la peinture, du volume et de l’installation lumineuse. Alliant les rapports entre forme et couleur, il trouve le moyen par ses expérimentations vibratoires de déclencher des phénomènes d’oscillations et des ondulations optiques ! Là, le modeste amateur de peinture et autres formes traditionnelles tournant autour se fait tout petit devant ce flot de science appliquée, et ne peut que s’incliner devant les résultats.
Fred Manenc a été piqué par le virus de la monochromie tout comme ses deux prestigieux prédécesseurs, le niçois Yves Klein et le ruthénois Pierre Soulages. S’il devait y avoir une couleur favorite pour le toulousain, ce serait donc le rouge. Et comme il le dit, c’est normal qu’il se retrouve dans une expo qui prend le thème du ROUGE. Que ce soit les supports, que ce soit les matériaux utilisés, l’artiste n’est pas figé mais se plaît à inventer, réinventer, peu économe dans la composition de ses créations. La densité de la matière est là. L’artiste ne triche pas.
François Bonnel nous dit : « Parce que le Rouge, c’est la passion et que l’on ne refuse rien à la passion ! » Artiste vivant à Toulouse, c’est tout récemment qu’il a décidé de se consacrer à temps complet à sa passion de la peinture et de la photographie et de développer les premiers émois de son travail artistique laissé de côté par les occupations professionnelles. Le voilà à fond dans l’exploration des divers domaines et techniques de la création, exploitant les supports numériques, les techniques de la photographie et du collage.
Toulouse toujours, voir photo I, avec Laurent Minguet qui ne dédaigne pas le ROUGE, lui non plus dans ses créations, et qu’il est donc logique de retrouver ici. L’artiste est aussi designer en mobilier urbain, adepte depuis le berceau de l’acrylique sur toile. Il est à remarquer qu’il peint uniquement au pinceau en se perfectionnant dans le style hyperréaliste. Il s’est récemment passionné pour un nouveau support, délaissant les toiles pour travailler sur des bois nobles dont le veinage improbable l’interpelle irréductiblement.
On pourrait continuer avec Julien Vareille, photographe autodidacte, Monsieur BMX, street artiste des plus engagés, Fanny de la Roncière, peintre et graphiste, Michel Battle, peintre dont les créations sont axées sur la mémoire des peuples, leur résistance, leur personnalité. Tous les convives auront apprécié les œuvres présentées et pour certains, ne manqueront pas d’envisager quelque suite.
On termine avec Pierre Jourda qui n’est plus de ce monde depuis quelques années mais qui est tellement de chez nous puisque né à Montesquieu-Volvestre, ayant fait ses études ici, puis enseigné. Il exposera rarement préférant se consacrer à sa passion : enseigner, mais aussi peindre, faire des collages. Très admiratif de Fernand Léger, il ne reniera pas dans son propre travail l’influence qu’a pu avoir le grand maître. Ses œuvres ont refait quelque peu surface récemment et trouvent bien sûr des amateurs, tout surpris de cette production.