Chez Annette Cunnac, l’art est partout. On ne sait où poser le regard. Sur les murs, des peintures colorées, les siennes. Celles de paysages familiers du pays Salvagnacois si cher à son cœur ou des scènes capturées lors de ses voyages.
On s’approche, on plisse les yeux pour en capter chaque détail. Un peu plus loin, un dessin en noir et blanc, souvenir d’un de ses voyages en Chine. Des tissus et coussins colorés posés sur les canapés invitent à l’évasion et laissent place à l’imagination. Chaque objet, décoration, sculpture a une histoire. Posé en évidence, à sa place, avec une sorte de tendresse et respect. Près de la fenêtre, sur un petit chevalet, une peinture de Rabastens. Annette raconte, le sourire au coin des lèvres, les anecdotes concernant chacune de ses œuvres. Quand on regarde ses tableaux, l’une des premières choses que l’on remarque, c’est cette omniprésence de lumière, comme si un rayon de soleil venait se poser sur chacune des scènes. « C’est l’essentiel » dit-elle. « La lumière transcende tout. Un rayon de soleil, un halo de lumière suffit pour qu’un lieu, un paysage, une scène que l’on trouve d’habitude ordinaire soit sublimé ». Le regard posé sur l’un de ses tableaux, elle ajoute « ce que je recherche à travers la lumière, c’est exprimer une beauté ».
Au bout des escaliers en bois clair, son atelier, sous les toits. Une pièce claire, intimiste, lumineuse grâce à de grands velux. A gauche, quelques toiles assemblées face à une table couverte d’une nappe blanche. « Cela me donne une idée de comment les disposer lors de l’exposition. Je fais des essais, je les habille, je mets un système d’accroche. En fait être peintre c’est être aussi bricoleur » dit-elle en souriant. Elle s’excuse pour le désordre mais paradoxalement, pour un atelier, c’est plutôt ordonné. Chaque instrument est à sa place.
Cette pièce, est une galerie à elle seule. A droite, quelques toiles sont entreposées « ce sont celles que je ne suis pas encore sûre de prendre ». Elle s’approche et prend une de ses œuvres. «Je n’avais pas touché à cette peinture depuis près d’une vingtaine d’années. Ce n’est pas la seule d’ailleurs. Elles étaient là, dans un coin, non abouties et puis j’ai eu envie de les reprendre. J’ai ressorti mes diapositives, et je me suis replongée dans mes voyages». Annette Cunnac travaille ainsi. Lors de ses balades, ses voyages elle prend une photo furtive, se pose et fait un croquis de cette scène qui la touche puis dans son atelier, elle restitue cette force vivante en travaillant la matière, par des empattements. Le pastel, lui permet ça. « On peut y repasser plusieurs fois, le travailler avec d’autres matières … Ce n’est pas seulement le pinceau posé, ce sont des bâtonnets, il n’y a pas de mélanges à faire, c’est plus instantané ». Elle ajoute : « Je n’essaye pas de faire du beau. Je veux juste figer, partager ce que j’ai pu ressentir à cet instant ». De ces peintures, se dégage une certaine douceur, une impression de temps qui passe lentement. On imagine que ces instants ont été vécus avec passion. Toutes les scènes représentées sont retranscrites avec respect. Pour elle, l’essentiel est de rester curieux, toujours attentif et rapide. C’est pour cela que la photo l’aide aussi beaucoup. « Peu importe qu’une photo soit mal cadrée, flou, je veux juste capter l’instant, que les personnes restent naturelles, que le sentiment ressenti sur le moment soit sincère car dans mon atelier, je recompose la scène. »
Ici et ailleurs – regards de peintres
Près de son chevalet, ses bâtonnets de pastel, rangés, ordonnés dans de petites boîtes en bois, rappellent les couleurs présente sur ses tableaux. Sur une table en bois, de la peinture sèche : du bleu foncé, du bleu clair, du vert, du jaune, du rouge … Toute une toile qui se dessine.
« Rien ne paraît ordinaire dans l’œil d’un peintre car tout passe par le regard. On voit peut-être différemment et on fait attention à des choses que beaucoup ne voient pas ». Depuis le 7 jusqu’au 19 octobre, elle a décidé d’exposer une vingtaine de ses œuvres à la Galerie Mage à Toulouse. Des paysages d’ici : des couchers de soleil sur la Garonne, des ciels après la pluie mais aussi des paysages d’ailleurs : de Toscane, du Pakistan, de l’Himalaya … Tout autant de voyages, de balades et souvenirs qui l’ont marquée à jamais. Le regard posé sur l’un de ses tableaux, elle raconte : « les voyages permettent de remettre les pendules à l’heure et de relativiser sur notre quotidien ». Tout autant de scènes, remplies d’émotions, qui ne laissent aucun spectateur sans réactions.
Site Internet d’Annette Cunnac
photos © Pauline Cauhepe
Galerie Mage
Exposition Annette Cunnac
du 07 au 19 octobre 2019