Compte rendu, récital du pianiste Lang Lang à Toulouse.
Le Pianiste d‘origine chinoise Lang Lang est un artiste très particulier qui attire au concert un public tout à fait inhabituel. Ce récital de piano était complet depuis longtemps et il ne restait plus une place libre dans la Halle-aux-Grains ce soir. Le succès considérable qu’il rencontre partout et la sympathie que cet artiste fait naître chez le public sont inouïs. Son air de jeunesse sorti à peine de l‘enfance , son énergie décuplée dans les moments de virtuosité en font un enfant prodige éternel.
La rapidité des traits subjugue et le sucre de ses mouvements lents régale. Pourtant à l‘écoute plus attentive son interprétation des saisons de Tchaïkovski manque de lignes, de couleurs, de nuances. Son Bach est clair, lisse et brillant dans l‘ouverture du Concerto Italien en fa majeur. Mais la guimauve de l‘Andante peut lasser les palais délicats. Le presto final est parfait de vie et d‘énergie communicative. Dans Chopin, il nous manque la science de la construction que d’aucun savent y mettre. Certes les quatre Scherzi sont virtuoses et mettent mieux en valeur les extraordinaires capacités du pianiste! Ainsi l’éblouissement dans les traits furieux est à son comble. Pourtant dans leur pâleur les parties lentes sont comme juxtaposées sans lien avec ce qui précède ou ce qui suit. Il se dégage une absence de structure, une non mise en valeur de la construction dans ces 4 Scherzi pourtant si complexes. Ce pianiste à la jeunesse si insolente pourra-t- il, sans perdre une importante partie de son charme, rentrer dans un âge plus mûr ? Ce concert ne permet pas de le croire encore. Mais Lang Lang n‘a que trente ans et n’a pas encore trouvé son répertoire d‘élection. Les bis généreusement offerts prolongent un intense contact avec le public, mais son sens de la danse ne se déploie pas plus dans le tango qu’il ne s’était invité chez Bach.
Le plaisir de ce piano intense, franc et sans complexité est réconfortant dans une époque si sombre. Nous avons besoin de croire que la jeunesse existera toujours avec insolence et légèreté. Et Lang Lang a cette jeunesse éternelle sous ses doigts et rassemble un public varié et plus jeune que d‘habitude. Son public, ravi, lui a fait une véritable ovation à Toulouse ce soir.
Compte-rendu concert. Toulouse : La Halle-aux-grains ; le 10 novembre 2015. Piotr Illich Tchaïkovski (1840-1893) : Les Saisons, op.37a ; Jean-Sébastien Bach (1685-1750) : Concerto Italien, en fa majeur BWV 971 ; Frédéric Chopin (1810-1849) : Scherzo n°1 ; n°2 ; n°3 ; n°4 ; Lang Lang : piano.