A son ouverture, en 1969, sous le nom de centre culturel de l’Aérospatiale, la salle participait activement à l’effervescence culturelle et artistique du moment en proposant ateliers socioculturels et concerts. C’est donc une, devenue vieille, institution, ce qui n’est pas un mince compliment car arriver à cet âge affirmé, toutes les structures d’un genre équivalent ne sont pas capables d’un tel exploit. Mais, tout évolue et adieu donc en son temps aux ateliers, et que vivent les concerts. Fidèles à certains principes, les responsables de la salle, baptisée par le chanteur le 18 décembre 1985, connaissent les dosages du cocktail qui assure la pérennité du lieu. Plus de 40 dates pour presque autant de spectacles se partageant entre les plus importants qui ont trait au jazz et blues, mais aussi à Musique du monde et à la Chanson pour se compléter avec du Théâtre, de l’Humour, pour le Jeune Public et quelques autres moments attachés à des manifestations particulières.
Quelques dates pour ce début de saison.
C’est Tchéky Karyo qui ouvre la saison 2015 – 2016 le 18 septembre. « Avec la chanson, je joue le rôle de ma vie », dit celui qui joue aussi de la guitare, explore les sons, compose. Cette fois, il dynamite les casemates des genres artistiques avec son deuxième album : « Credo« . 12 psaumes pour une grand’messe sous les auspices de ses chapelles que sont David Bowie, Nick Cave, PJ Harvey, Tom Waits, ou encore Led Zeppelin et les Pink Floyd. Mais avec les mots qu’il a choisis, les mélodies et arrangements qui sont les siens. Avec son groupe aussi. « Mon premier album était un petit manifeste. Je partais un peu dans tous les sens. C’est pour cela que je l’avais appelé ‘Ce lien qui nous unit’. Cet album a vécu sur scène avec des musiciens pendant deux années de tournée. Puis j’ai réfléchi à ce deuxième album. Là, je me suis dit que j’irais plus loin et serais plus en accord avec moi-même si je montais un groupe… Si je prenais le temps de perdre du temps avec eux ! »
Côté jazz et blues, il y a du lourd avec 8 soirées jazz et 2 de blues. La première, le vendredi 25 septembre, c’est pour le Mystère Trio, né à Toulouse un certain soir de 1998, et qui devient le Mystère Trio Quartet 16 plus tard avec l’ajout de la contrebasse. A l’écoute de leur tout dernier album, le quartet toulousain vous fera voyager à travers une aventure musicale teintée de parfums manouches, latins, afrojazz, hispanisant et groove !
On retrouve le Uri Caine Trio, concert présenté dans le cadre du festival Jazz sur son 31 à l’initiative du Conseil départemental de la Haute-Garonne, mardi 20 octobre. Le piano subtil de Uri Caine est entouré d’une contrebasse et d’une batterie.
Si vous êtes sensible au jazz contemporain mais participant d’une genre nouveau car joint à des rythmes traditionnels africains et capverdiens, vous irez voir et entendre surtout Carmen Souza – voix, guitare, piano, wurlitzer – et Théo Pascal – contrebasse et basse électrique.
On a le droit d’être très très sensible à Thomas Enhco. Ce jeune pianiste de 26 ans “bourré“ de talent rencontre énormément de succès, tout comme son premier album qui a suscité le commentaire suivant : « Sorte de voyage sentimental reflétant tous les tourments d’une âme à la fois exaltée et pudique… » ou encore : « Il y a des trésors de sophistication dans la moindre syncope, la moindre envolée au cours de ce voyage qui explore les affres amoureuses. » Ce sera pour le mercredi 2 mars.
Dans le cadre de la session automnale du festival flamenco de Toulouse, le samedi 10 octobre, c’est la première représentation en France de Solos, le nouveau projet du chanteur de flamenco jerezan David Carpio aux côtés du contrebassiste Pablo Martin Caminero, du guitatriste Manuel Valencia et avec la collaboration spéciale à la danse de l’irrésistible Manuel Liñán. Il fait d’ailleurs partie de cette nouvelle révolution flamenca. Ce danseur possède une technique impressionnante, au geste aussi tranchant qu’Israel Galván et aux mouvements plus arrondis, mais tout aussi puissants. Voilà un garçon cosmopolite et naturel, comme une sorte de copain qui danse, sans gomina, pas l’image du sévillan de Triana qui monte en scène. Liñán détourne le flamenco en déconstruisant les images que d’autres se contentent de réinterpréter. On se retrouve avec un quatuor masculin qui offre le flamenco le plus classique mais d’une manière nouvelle apte à séduire le néophyte mais qui en aucun cas ne doit oublier les exigences de l’aficionado, bien au contraire.
Dans le cadre de la manifestation internationale du mois du film documentaire, vous essaierez d’assister à la projection de Après le brouillard le mardi 3 novembre. C’est un incroyable exemple de résilience, l’histoire exceptionnelle de Siegfried Meir, jeune garçon juif allemand, déporté, protégé par les femmes du baraquement, sa mère ayant périe du typhus, pris en charge sur recommandation d’un des capitaines du camp ! par un prisonnier, un républicain espagnol, Saturnino Navazo qui, sur les supplications du gamin, va devenir son père adoptif à la libération du camp. Ils vivront à Revel. Siegfried deviendra Luis. Il le dit, Saturnino sera et son père et sa mère à la fois. Puis, à son décès, il continuera sa vie et vit actuellement à Ibiza.
Encore une de ces bien belles histoires qui, hélas, ont pour terreau l’horreur sous des formes tellement diverses.
Musique du monde le mercredi 10 février avec les deux compères, Ballaké Sissoko et sa kora malienne et Vincent Segal et son violoncelle. En 2009, leur album Chamber Music, tradition mandingue réenchantée par le lyrisme du violoncelle, avait marqué les esprits et remporté tous les suffrages. Pour ce dernier album présenté, intitulé Musique de nuit, les deux complices se concentrent davantage encore sur l’intime dans une imbrication harmonieuse de leurs langages et de leurs signatures, puisant dans l’entrelacement de leurs chants intérieurs mais aussi de leurs silences. Rien de mieux pour écouter l’autre. Plus qu’une seule voix au fil de jolis contrastes dans rythmes et mélodies.
Michel Grialou