Histoire de rues, places, monuments et lieux emblématiques de la ville rose, quelle est l’histoire de la célèbre Basilique Saint-Sernin, plus grande église romane conservée en Europe et monument funéraire érigé à la mémoire d’un martyr ?
En l’an 250 de notre ère, un taureau pris d’une rage folle dévalait à vive allure l’allée étroite de la rue St Rome depuis le temple du Capitolium (désormais la place Esquirol) entraînant derrière lui, lié par les chevilles, le corps du premier évêque chrétien de la ville.
Envoyé de Rome par le pape Fabien pour évangéliser la région, l’évêque Saturnin fut exécuté pour avoir refusé de se prosterner devant les statues païennes comme l’exigeait la tradition romaine.
Sans aucune forme de procès, il s’est alors vu attaché à l’animal destiné à un sacrifice et traîné de par la ville jusqu’à l’extérieur de ses remparts, où la corde se serait rompue. Le corps inerte du religieux fut retrouvé au milieu d’un chemin aujourd’hui baptisé rue du Taur en souvenir du taureau en furie.
La lente construction d’un lieu devenu mythique
C’est à partir de cet ancien fait divers sordide qu’a été érigé, au IVe siècle par l’évêque Hilaire, successeur de Saturnin, un oratoire à l’emplacement de la tombe du martyr, jusqu’alors enterré presque anonymement dans un terrain couvert d’herbe. Un lieu à proximité de l’actuelle Basilique – probablement l’église Notre-Dame du Taur – mais n’ayant pas été localisé avec certitude.
Dès lors, le site, attirant un nombre croissant de fidèles, s’est progressivement transformé. La plus ancienne version de la Passion de saint Saturnin raconte que le lieu autour de la sépulture fut progressivement rempli d’une multitude de corps ensevelis des nombreux chrétiens venus se faire inhumer à proximité de leur héroïque évêque.
Au fil du temps, alors que la religion chrétienne prenait le pas sur la religion romaine, le modeste édifice s’est mué en église (Ve siècle). Des vestiges de cet édifice quasiment disparu restent encore visibles dans la crypte de la Basilique. Une abbaye fut alors construite autour de l’église funéraire, qui, devenue trop petite pour accueillir le flot en plein essor des fidèles du pèlerinage de Compostelle, est devenue, à partir de la fin du XIe siècle, l’actuelle Basilique.
D’une parfaite cohérence, l’édifice est resté fidèle à l’art roman des siècles après cette période. Cette prouesse a permis à la Basilique de devenir le symbole de la ville.
Depuis 1998, le sanctuaire est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques sur la liste de 1840.
Rénovation de la place et mise en valeur de la Basilique
Dix siècles plus tard, l’édifice poursuit son évolution. Afin de le mettre en valeur, la municipalité de Toulouse a décidé de renforcer la végétalisation entourant le monument. Des travaux imposants ont investi le lieu depuis janvier 2018. Ils devraient être achevés à la fin de l’année 2019. Enfin, une rénovation du bâtiment est en cours d’étude afin d’évoquer les monuments historiques (cloître, logis…) aujourd’hui disparus. Preuve que le site reste fidèle à son histoire et à sa tradition.
Claire Eckersley
Basilique Saint-Sernin / photo 1 © Patrice Nin