Les fausses tentures du Théâtre du Capitole n’avaient plus subi l’impact de ces injonctions avec une telle violence acérée depuis bien longtemps. Il faut, pour certains, remonter peut-être à l’hiver épouvantable de 1956 avec la voix de Birgit Nilsson que les présents doivent avoir encore à l’arrière du tympan, sait-on jamais. Là, vous êtes servis. On les doit, étourdissantes, à Anna Smirnova dans son apparition au début de l’acte II dans son formidable air d’entrée. Air, on le sait, redoutable car il faut comme on dit “balancer“ et si possible, le trac absent mais…c’était une prise de rôle et là, chapeau, on ne peut qu’être admiratif.
La surprise ne s’arrête pas là puisque, lors de la chevauchée des Walkyries qui ouvre l’acte III, les huit “attaquent“ leur chant et la première c’est Gerhilde avec ces mêmes onomatopées. Réussite de même. La coupable se nomme Marie-Laure Garnier non prévue dans la distribution de départ, engagée pour l’occasion par notre nouveau directeur artistique Christophe Ghristi.
Une excellente prise, si l’on peut dire pour la jeune femme ayant commencé ses études de chant en Guyane. Au point qu’un récital sera décidé en urgence, qui eut lieu ce jeudi 1er Février au Théâtre, durant lequel la jeune soprano, nommée en son temps pas si lointain Révélation classique 2013 sut démontrer toutes ses capacités actuelles et en devenir. Le programme axé sur des mélodies françaises surtout ne faisait pas dans la facilité mais l’artiste avait un soutien de premier choix avec l’accompagnement au piano de Robert Gonnella, chef de chant de luxe.
Quant à Brünnhilde, son assurance, sa puissance, sa résistance et son homogénéité ont stupéfait nombre de présents, l’interprète se permettant même un certain investissement dans le jeu théâtral, les costumes de toutes les Walkyries ne facilitant pas particulièrement les mouvements pourtant. Certains avaient déjà pu entendre Anna Smirnova dans le cadre de Grands Interprètes lors d’un concert lorsqu’elle avait chanté sous la direction de Tugan Sokhiev le rôle de La Pucelle d’Orléans, opéra de P.I. Tchaïkovski donné en version concert. Rôle pour voix de mezzo, comme la plupart des autres rôles déjà abordés et pourtant, la voilà ici stupéfiante à mon humble avis dans celui redoutable s’il en est pour soprano dramatique wagnérienne.
Michel Grialou
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La Walkyrie (Richard Wagner)
Claus Peter Flo (direction musicale)
Nicolas Joel (mise en scène)
Orchestre National du Capitole
du 30 janvier au 11 février 2018
Walkyrie © Frederic Maligne