Il y a quelques billets en arrière, je m’étais largement répandue sur mon allergie aux comédies romantiques, m’insurgeant contre la trame peu inventive du genre, honnissant les ressorts éculés, gueulant aux 4 vents que » Ah ça non Madame, on ne m’y reprendra plus !! « .
Un an et trois mois plus tard, qui fait moins sa fanfaronne ? Ah ben oui, c’est bibi … Effectivement, on ne peut pas dire qu’All about Albert s’apparente à une incursion au coeur d’un thriller psychologique métaphysique. Mais à raison d’un film dans le style par an (peu ou prou, on n’est pas à une vache près), l’honneur reste sauf, mon sens critique préservé, et les chances que je mute en pleureuse compulsive s’extasiant à la moindre apparition de chatons jouant avec des pelotes de laine, relativement minces.
Une fois de temps en temps, de bons sentiments qui ne sont rien d’autre que de bons sentiments, une happy end prévisible, et bien oui, je le confesse, c’est agréable. Il faut dire aussi que All about Albert est un film un peu particulier à mes yeux (j’y arrive bientôt).
Aujourd’hui, nous allons donc causer de la trajectoire d’Eva, la quarantaine plus ou moins assumée mais joyeuse, mère divorcée d’une ado qui va bientôt s’envoler hors du nid, masseuse à domicile de son état.
Depuis sa séparation d’avec son ex – mari (il y a plus de 10 ans), Eva n’a pas vécu de vraie relation et s’est d’ailleurs convaincue qu’elle ne rencontrera plus personne. De temps en temps, elle sort avec sa meilleure copine et son mari, histoire de vérifier que la théorie est toujours valable.
Lors de l’une de ces fameuses soirées, elle fait la connaissance d’Albert, bedonnant quinquagénaire qui ne l’attire pas particulièrement mais qui la fait rire. Quelques jours plus tard, il l’invite au restaurant, elle va se surprendre à accepter.
Quand je parlais de particularité, il va de soi que je ne faisais pas allusion à l’originalité d’une histoire, somme toute similaire à bien des productions déjà existantes. Le personnage d’Eva va naviguer entre hésitation, enthousiasme, doute, demander leurs avis aux bonnes copines, se rapprocher d’Albert, décider qu’il n’est pas fait pour elle, le blesser, bla bla bla …
En somme, rien de nouveau sous le soleil de la comédie made in Californie.
Toutefois, All about Albert se démarque (un peu) de la bouillasse habituelle que nous servent d’hollywoodiens et mercantiles studios, toujours à la recherche du meilleur chiffre de fréquentations de salles en première semaine. L’ambiance y est différente (du fait, certainement, de l’âge des interprètes), moins plaintive et larmoyante qu’à l’ordinaire. Le ton y est même enjoué et jusqu’à une très large moitié, le film arrive à conserver une certaine fraîcheur et une faculté de la réplique qui fait mouche (je vous assure, ça riait sec dans la salle).
Mais ce qui rend si spécial le long – métrage de Nicole Holofcener, c’est que le fameux Albert du titre représente surtout le dernier rôle qu’interpréta James Gandolfini avant de nous faire la mauvaise blague de passer l’arme à gauche.
Il est troublant de retrouver ce grand acteur un peu hésitant dans un registre qui s’avérait nouveau pour lui, campant avec beaucoup de justesse cette sorte de gros ours débonnaire au physique un rien pataud, capable de réels élans de douceur particulièrement touchants …
La pétillante Julia Louis – Dreyfus (une autre vraie bonne (re)découverte, moi qui ne la connaissais que pour son rôle dans Seinfield) et son rire irrésistible complète l’autre moitié de ce duo par son sens inné du timing, son visage si expressif, face à un James Gandolfini beaucoup plus en retenue.
Toni Collette et Catherine Keener finalisent cette équipe de pétulantes quadragénaires, dans des rôles malheureusement assez caricaturaux, qui ne leur permettent pas réellement de donner le meilleur d’elles – mêmes.
Si l’on schématise, All about Albert ne vous fera pas grimper aux rideaux de l’extase cinématographique par son avant – gardisme, avec lui vous resterez en terrain connu, sur des sentiers bien balisés. Mais justement, passer une douillette 1 h 30 en territoire familier, il me semble qu’on a connu pire comme situation.
En vous remerciant.