Masaaki Suzuki dirige le Bach Collegium Japan dans la Passion selon Saint Jean BWV 245 (Quatrième version) – 1749 de Jean-Sébastien Bach
Dans le cadre du cycle Grands interprètes de Toulouse, Jean-Sébastien Bach est à l’honneur avec la Passion selon Saint-Jean – Quatrième version, datée 1749. Elle est donnée en deux parties sans entracte. C’est à la Halle, à 20h, le 21 mars. Six solistes participent à l’événement, Joanne Lunn soprano, Damien Guillon alto, Gerd Türk ténor, Peter Kooj basse, Yosuke Taniguchi ténor, Chiyuki Urano basse.
Il faut être fin limier pour s’y reconnaître dans le maquis des partitions du Cantor. Un célèbre chef baroqueux écrira même : « Quand on veut arriver au plus près de la vérité historique la plus probable, le travail tient toujours un peu du roman policier. Tous les détails ne seront toutefois jamais éclaircis. » Le musicien a beaucoup plagié, s’est beaucoup plagié lui-même, le verbe ayant alors un sens qui est à des années-lumière de celui dont il est affublé de nos jours. Il a beaucoup repris, remanié, écarté puis reconsidéré. Durant la vie même de Bach, pas moins de quatre versions de cette Passion virent le jour, présentant à chaque fois des adaptations aux circonstances de l’exécution, aux musiciens et aux instruments que le compositeur avait à disposition, sans oublier les chanteurs, concertistes et ripiénistes, des éléments essentiels à prendre en compte. Intention plus que louable et que l’on serait bien avisé de ne point critiquer sous peine d’anachronisme intellectuel. Mais, chaque version – de la I de 1724 à la IV de 1749, peu avant sa mort, en passant par la II de 1725 et la III de 1732 – est susceptible elle-même de présenter des variantes !
Sachons aussi que le livret de cette Passion est une mosaïque, un véritable puzzle, peut-être assemblé par Bach lui-même à partir de textes existants : récit des évangiles, anciens chorals, des textes de poètes contemporains comme Brockes, Postel…Ceci, entièrement dans la tradition d’alors. Des textes incroyablement baroques, naturellement complètement imprégnés des textes bibliques.
La version présentée, la dernière de son auteur, est bâtie à partir de la seconde. On vous épargnera les différences qui ne peuvent intervenir dans le plaisir d’écoute que vous aurez à la Halle, en sachant que de plus, Masaaki Suzuki peut vous compliquer la tâche en rajoutant, qui sait, certains numéros. Par exemple, va-t-il nous révéler aussi le secret du bassono grosso sensé intervenir dans cette version ?
Sommaire très succinct pour éviter l’énumération d’une cinquantaine de numéros.
Première partie
Acte I : L’arrestation
Acte II : Interrogatoire chez Anne et Caïphe. Reniement de Pierre ~ 30’
Deuxième partie
Acte III : Interrogatoire chez Pilate. Flagellation et couronnement d’épines
Acte IV : Crucifixion et mort de Jésus
Acte V : L’ensevelissement ~ 90’
Né à Kobé, Masaaki Suzuki est diplômé de l’université des Beaux-Arts et de la Musique de Tokyo en composition et en orgue. Il a poursuivi sa formation en étudiant le clavecin et l’orgue au Conservatoire Sweelinck d’Amsterdam auprès de Ton Koopman et de Piet Kee. Fondateur et responsable du département de musique ancienne de l’université des Arts de Tokyo, il est actuellement professeur invité de direction de chœur à l’École de Musique et à l’Institut de Musique Sacrée de Yale, ainsi que directeur musical de la Schola Cantorum de Yale.
Fondateur du Bach Collegium Japan en 1990, Masaaki Suzuki s’est imposé comme une autorité dans le domaine de l’interprétation de la musique de Bach. Le Bach Collegium Japan, dont il est toujours directeur artistique aujourd’hui, se produit régulièrement dans de nombreux festivals et salles d’Europe et des États-Unis, applaudi pour le raffinement expressif et la véracité de ses interprétations.
Masaaki Suzuki travaille avec de nombreux ensembles sur instruments d’époque renommés, comme le Collegium Vocale Gent ou le Philharmonia Baroque Orchestra, mais également avec des orchestres sur instruments modernes, dans un répertoire allant de Haydn et Mozart à Britten et Stravinski en passant par Mendelssohn et Mahler.
Sa discographie conséquente, sous le label BIS, comprend les œuvres complètes pour clavecin ainsi que les principales œuvres chorales et cantates sacrées de Bach avec le Bach Collegium Japan.
Pour les vingt ans de la formation, il dirigea le Bach Collegium Japan dans une tournée européenne qui le mena entre autres à Amsterdam, Bruxelles, Madrid et Paris, culminant avec la Passion selon Saint Matthieu à Leipzig. Pendant l’été 2012, l’orchestre est en résidence au Festival Oude Muziek Utrecht et au Musikfest Bremen.
Parallèlement à ses activités de chef d’orchestre, Masaaki Suzuki mène une carrière d’organiste et de claveciniste.
Le Bach Collegium Japan est fondé en 1990 par Masaaki Suzuki, qui en est toujours le Directeur Musical, avec l’idée de faire découvrir au public japonais le répertoire des grandes œuvres de la période baroque jouées sur instruments d’époque. Il se compose d’un orchestre et d’un chœur baroques, leurs activités principales incluent une série de concerts consacrés aux cantates de Bach et un grand nombre de programmes instrumentaux.
Il a récemment étendu ses activités à la scène internationale en se produisant lors des grands festivals à St Jacques de Compostelle, Tel Aviv, Leipzig et Melbourne notamment.
En 2001, Le Bach Collegium Japan rencontre un grand succès en Italie avec des concerts à Milan, Rome et Florence. Ses débuts en Amérique du Nord sont également couronnés de succès avec en 2003, sept concerts dans six villes à travers les Etats-Unis où l’orchestre interprète La Passion selon St Matthieu et La Passion selon St-Jean de J.S. Bach. En 2005, il joue à Séoul puis en Allemagne, ainsi que lors de divers festivals.
Puis, c’est une tournée aux Etats-Unis avec l’Ensemble Instrumental. Au cours de la même période, Masaaki Suzuki donne des récitals à Burlington et New York. En août 2007, le Bach Collegium Japan interprète La Passion selon St-Matthieu lors de deux festivals en Allemagne : le Schwabish Gmund et l’Ansbach festival, et il fait ses débuts aux BBC Proms avec un programme de Cantates. Il revient en Europe pour onze concerts et pour la première fois à Paris, Dresden, Berlin et Bruxelles. Il se produit ensuite au Festival de Musique des Canaries et en août 2010 il joue au Festival International d’Edimbourg Rinaldo de Handel et les Cantates de J.S. Bach qu’il interprète aussi au Festival de Brême.
…/…Le cycle Grands Interprètes de Toulouse ne pouvait qu’inviter une telle formation avec son Directeur artistique et ce, depuis la saison dernière.
Damien Guillon débute son apprentissage musical en 1989 à la Maîtrise de Bretagne dirigée par Jean-Michel Noël. En 2004, il est admis au sein de la Schola Cantorum Basiliensis pour y suivre l’enseignement du contre-ténor Andreas Scholl. Parallèlement à sa pratique vocale, Damien Guillon étudie l’orgue auprès de Frédéric Desenclos et Véronique Le Guen et obtient les Premiers prix de basse continue et de clavecin au Conservatoire de Boulogne-Billancourt.
Ses qualités vocales et musicales lui valent d’être régulièrement invité à se produire sous la direction de chefs aussi renommés que Vincent Dumestre, Hervé Niquet, Jérôme Corréas, Philippe Pierlot, Jean-Claude Malgoire, Christophe Rousset, William Christie, et Philippe Herreweghe avec qui il mène une étroite et intense collaboration musicale.
Il parcourt ainsi un vaste répertoire, des Chansons de la Renaissance anglaise aux grands oratorios et opéras de la période baroque.
Il a pris part à plusieurs productions scéniques parmi lesquelles on peut citer Athalia de Haendel sous la direction de Paul McCreesh à Ambronay, Teseo du même Haendel à l’Opéra de Nice, Il Ritorno d’Ulisse de Monteverdi au Théâtre de La Monnaie de Bruxelles sous la direction de Philippe Pierlot ou, plus récemment, Il Sant’Alessio de Landi avec William Christie et Les Arts Florissants, et Giulio Cesare (Tolomeo) au Théâtre de Caen sous la direction de François-Xavier Roth.
En 2013- 2014, il sera Humana Fragilità dans Il Ritorno d’Ulisse de Monteverdi à Baden-Baden et au Théatre des Champs-Elysées sous la direction d’Emmanuelle Haïm.
Outre son activité de chanteur, Damien Guillon effectue actuellement ses débuts comme chef d’ensemble. En 2009-2010, on l’a entendu dans la Passion selon Saint Matthieu de Bach avec le Collegium Vocale Gent sous la direction de Philippe Herreweghe ; dans le rôle d’Eustazio dans Rinaldo de Händel avec Masaaki Suzuki à Tokyo et au Festival d’Edinburgh ; des motets de Hasse et Zelenka avec le Collegium Marianum au Festival de Sablé et à Prague ; la Messe en si mineur de Bach avec Jordi Savall ; dans le Stabat Mater de Pergolesi avec le Cercle de l’Harmonie au Printemps des Arts de Nantes.
Il a également dirigé le Nisi Dominus d’Antonio Vivaldi, le Stabat Mater de Pergolesi et des cantates solistes de Bach avec Le Banquet Céleste aux Nuits Musicales d’Uzès, à Sablé, en clôture du Festival de musique sacrée et baroque de Froville et à Strasbourg. Pour la saison en cours, Damien Guillon s’est produit dans un programme de Cantates pour Alto solo de Bach avec Le Cercle de l’Harmonie à l’Opéra de Lille, dans la Passion selon Saint Jean à Montréal et au Carnegie Hall de New York avec Les Violons du Roy dirigé par Bernard Labadie. Il a participé à une tournée de la Passion selon Saint Matthieu en Europe et aux Etats-Unis avec le Collegium Vocale Gent et Philippe Herreweghe et a rejoint le Choeur Accentus et l’ensemble Café Zimmermann dirigés par Laurence Equilbey pour le Dixit Dominus de Händel et le Gloria de Vivaldi.
Joanne Lunn fait ses débuts dans le Couronnement de Poppée de Monteverdi dirigé par Harry Christophers, puis dans le rôle d’Hélène dans Le Songe d’une nuit d’été de Britten à Venise dirigé par Sir John Eliot Gardiner. Elle part en tournée en Espagne dans Dido and Aeneas de la production semi-scénique d’Orfeo de Monteverdi dans la production de Steven Pimlott à Paris et au Festival International de Musique de Pékin dirigé par Sir Jonathan Miller. Durant la saison 2012/2013, Joanne Lunn chante les Cantates de Bach avec le Bach Collegium Japan à Tokyo et à Utrecht, la Messe en si mineur avec l’Ensemble Akamus, , l’Oratorio de Noël à l’Akademie für alte Musik, la Passion selon Saint Matthieu avec l’Academy of Ancient Music au Musik Podium Stuttgart, la Passion selon Saint Jean de Bach avec le Bach Collegium Japan à Tokyo. Elle poursuit ses engagements avec le Bach Collegium Japan.
Gerd Türk fait ses débuts en tant que membre du Boys’ Choir à la Cathédrale de Limburg en Allemagne. Il étudie la musique d’église et la direction de chorale à Francfort avec Helmuth Riling et Arleen Auger. Plus tard il chante à la Schola Cantorum Basiliensis avec René Jacobs et Richard Levitt, il entame alors une carrière internationale.
Aujourd’hui, il s’est produit dans la plupart des grandes salles de concert avec d’éminents spécialistes de la musique baroque tels que Philippe Herreweghe, Ton Koopman, Jordi Savall et Frans Brüggen. Il a été membre de différents ensembles : le Cantus Cölln en Allemagne et le Gilles Binchois en France, célèbre pour ses interprétations de la musique médiévale.
Actuellement, il est professeur à la Schola Cantorum Basiliensis en Suisse. Il donne aussi des master classes à la Tokyo National University of Music and Fine Arts et dans diverses universités en Corée du Sud, en Espagne, en France et en Allemagne.
Peter Kooij débute sa carrière musicale à six ans comme petit chanteur dans le chœur dirigé par son père.On lui découvre une belle voix de soprano et très vite il chante en soliste dans de nombreux concerts et pour des enregistrements. Après des études de violon au conservatoire de Utrecht, il suit des cours de chant et obtient son diplôme de soliste.
C’est dans les salles de concert les plus prestigieuses au monde qu’il chant avec des chefs d’orchestre réputés. Au-delà de l’ensemble des œuvres vocales de Bach, son répertoire s’étend de H. Schütz à K. Weill. BIS l’a invité pour enregistrer l’intégrale des cantates de Bach avec le Bach Collegium Japan sous la direction de Masaaki Suzuki.
En 2005 il devient professeur de chant au Conservatoire Royal à Den Haag puis au HfK Bremen depuis 2013. Peter Kooij donne des masterclasses en Allemagne, en France, au Portugal, en Finlande et au Japon. Il est conseiller artistique de l’Ensemble Vocal Européen.
Après avoir étudié le cor à la Tokyo National University of Fine Arts and Music, la basse japonaise, Chiyuki Urano a décidé de se concentrer sur le chant. Chiyuki Urano est souvent apparu dans l’opéra et l’oratorio et a également développé sa carrière en tant que récitaliste. Ses interprétations de mélodies russes en particulier ont été très applaudies. Récemment Chiyuki Urano s’est régulièrement produit en tant que soliste avec le Bach Collegium Japan, en concert et sur CD.
Yosuke Taniguchi est diplômé du Kunitachi College of MusicIl se produit principalement depuis 1998 en tant que membre du Bach Collegium Japan, sur la plupart des concerts et des enregistrements. Il se consacre toujours à ses études de la musique ancienne, aux cantates et aux Passions de J.S. Bach dans le rôle de l’Evangéliste et a acquis une grande notoriété en tant que soliste.
Michel Grialou
Les Grands Interprètes
Bach Collegium Japan – Masaaki Suzuki
vendredi 21 mars à 20h00 – Halle aux Grains
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