« Minuscule, la vallée des fourmis perdues », film d’animation de Thomas Szabo et Hélène Giraud
Bien sûr, le titre de ce film fait de l’œil à Indiana Jones et, effectivement, la véritable épopée de cette boîte à sucre ramenée vers une fourmilière par une équipe de fourmis noires aidées par une petite coccinelle perdue tient d’une équipée digne du plus célèbre des explorateurs du 7ème art. Cela dit, le flot de dithyrambes que verse la presse nationale sur ce film a une conséquence immédiate : la déception ! Pourquoi ne pas laisser cette réalisation à sa place. Pourquoi ne pas dire tout simplement de ce film qu’il est malin. Par exemple, l’incrustation du dessin dans des décors naturels, ceux des Parcs nationaux des Ecrins et du Mercantour, même si le procédé n’est pas totalement original, n’en demeure pas moins rare et ici parfaitement maîtrisé dans une 3D significative. L’histoire est aussi sympa que pleine de morale. Un vrai trésor de sucres abandonnés par des randonneurs est convoyé au travers de mille dangers (brochet, fourmis rouges, rapides, chutes, etc.) en même temps qu’une petite coccinelle blessée est prise en charge par la colonie. Puis c’est le micro remake du célèbre film de Byron Haskin (1954) : Quand la marabunta gronde, ici revisité par une horde de fourmis rouges prenant d’assaut la fourmilière noire. C’est l’autre grand moment de ce film qui se transforme alors en épopée moyenâgeuse. Faisant fi d’une quelconque approche anthropomorphique des insectes, ceux-ci ne parlent pas et sont sur leurs pattes, les deux réalisateurs ont par contre travaillé la bande-son tant au travers des bruitages que de la BO. Cette dernière, signée Hervé Lavandier, nous amène sur une partition symphonique superbe, accompagnant chacun des insectes d’un leitmotiv dédié, flirtant ouvertement avec Serge Prokofiev et son Pierre et le Loup. Soulignons aussi cette caméra qui filme du plus grand au plus petit dans une même plan-séquence, introduisant, au fur et à mesure de la descente vers le microcosme, tous les bruissements de l’infiniment petit. C’est malin tout çà, même si le procédé est parfois trop récurent. Finalement, c’est un bon film. Disons-le, oui. Mais simplement.
Robert Pénavayre