Corrida |
La mer est le sujet de prédilection de Dirk Verdoorn. Peintre officiel de la Marine Nationale, il a passé une bonne partie de son existence sur l’eau ou en mer et a trouvé sa voie en renouvelant le genre de la marine. Il joue sur les contrastes, les systèmes d’opposition. Il nous fait partager son expérience de la mer en mettant en scène un choc des Titans qui s’appuie sur un réalisme densifié.
De mer et d’acier
Contact Imminent |
Dans les dernières œuvres exposées à la SAKAH GALERIE à Toulouse, du 6 au 16 novembre, Dirk Verdoorn confronte les mondes industriel et sauvage apportant modernité au genre classique de la marine.
D’un côté, il exploite les qualités plastiques de ces bâtiments maritimes industriels que sont les porte-conteneurs, les paquebots, les chalutiers. Il met en valeur leurs volumes monumentaux, il en explore les lignes, les aplats colorés. D’un autre côté, par une touche d’une grande précision, à l’affût des moindres nuances, Dirk Verdoorn capte une mer insaisissable.
Cette rencontre picturale fait la force de son travail car mer et acier se révèlent par contraste. Les lignes droites s’opposent à la brisure. L’unicité des volumes simples des bateaux rencontre le fracas fractal de l’océan : vagues, vaguelettes, écume, mousse, gouttelettes,…
Le jeu de la couleur et de la lumière
C’est au sein de ce système d’opposition que Dirk Verdoorn va donner libre cours au jeu de la couleur et de la lumière.
Il oppose couleurs froides de la mer aux couleurs chaudes des colosses d’acier. Et quand, dans certaines œuvres, la palette est globalement composée de blanc, gris, bleu, il insère de l’oranger : traces de rouille sur les coques ou prémisses d’un coucher de soleil sur les bords du tableau. Cette couleur vive complémentaire introduit une vibration colorée qui signe l’œuvre de Dirk Verdoorn.
Moments sublimes
Pour créer des effets saisissants et révéler les couleurs, l’artiste choisit de peindre des moments exceptionnels. Dans un ciel bleu-nuit, la mer est agitée et sombre, il fait mauvais. Tout à coup, un rayon de soleil éclaire la scène révélant le blanc mat des embarcations et celui quasiment luminescent de l’écume, ou encore celui des silhouettes des oiseaux de mer.
Toutes les nuances l’intéressent : les variations de la surface de l’eau, les effets d’une lumière éclatante, blafarde, glaciale ou ténébreuse sur la matière.
Le choc des Titans
Ce contexte pictural plante le décor dramatique des œuvres de Dirk Verdoorn.
L’Île aux Pirates |
Le peintre met en scène les forces déchaînées de l’océan contre les constructions humaines qui, bien que puissantes, semblent toujours prêtes à disparaître sous les flots.
Deux mondes se toisent, dans un choc des Titans, mais se rencontrent aussi, réunis par une même lumière qui sublime toutes les surfaces.
Le tableau l’Ile aux Pirates illustre bien cette union entre Nature et Monde humain. Les nuances bleutées du glacier font écho au gris-bleu de la coque du bateau des Sea Shepherd et la forme du navire semble épouser celle de la grotte de glace.
Safety First |
Dirk Verdoorn fait de ses bateaux des personnages en plein combat. Dans le tableau Corrida, ils portent les noms de White Bull, et de Torero. Ses tableaux sont des métaphores de la vie (Le passage du temps, Blue Soul) où la mer représente le bouillonnement de l’existence.
Le réalisme densifié
Le réalisme chez Dirk Verdoorn n’est ni purement analytique, ni froid. Par la précision d’une touche de peinture peaufinée à la loupe, il cherche à rendre la mer présente. Nous éprouvons ce sentiment particulier que l’on a, une fois les amarres larguées, les yeux rivés sur l’océan, masse changeante, mouvante.
Le Passage du Temps (extrait) |
Dirk Verdoorn met en scène une mer exceptionnelle qui bondit sublimée par la lumière dans un instantané où il y a tout, en hommage à une beauté naturelle à la fois violente et magique.
Un article à retrouver sur Jardins Mentaux