Un compromis très judicieux entre nouveaux venus et artistes fidèles à la structure va encore combler les amateurs nombreux partageant leurs goûts musicaux entre le symphonique, le chant, le récital et ce, dans les domaines les plus variés de la musique dite “classique“. Ces rendez-vous font bien partie intégrante depuis plusieurs années de notre paysage musical. Au total 18 soirées vous attendent. A vos agendas !! En attendant, la saison finit avec Mahler et la Quatrième, et la nouvelle démarre avec…Mahler et la Première !!
Mais, attaquons tout de suite par le concert EVENEMENT avec la venue de Jonas Kaufmann, star incontestable des scènes lyriques internationales mais aussi des autres scènes quand il délaisse un temps tel ou tel rôle de ténor, pour se consacrer à un récital de lied. Un formidable chemin a été parcouru depuis son Wilhelm Meister dans Mignon sur la scène du Capitole. De plus, ce soir là, il était aphone et n’a pu que mimer son rôle ! Pour cette soirée, ce sont les 5 Chants d’un compagnon errant de Gustav Mahler. On dit que chacune de ses incarnations se hisse à un niveau historique. Il serait donc dommage, même pour ce cycle relativement court, de rater cette voix sombre, à la tenue de souffle et à la puissance incroyables. Il sera accompagné par le Chamber Orchestra Vienna-Berlin qui nous interprètera aussi la Symphonie pour cordes n°10 de Mendelssohn et La Nuit transfigurée de Schoenberg.
Au départ, la réputation du cycle s’est confortée sur la venue d’orchestres et de chefs réputés. La lignée reste infaillible avec le Budapest Festival Orchestra et son chef fondateur, Ivàn Fischer dans un concert consacré à ce monument de la symphonie qu’est la 9ème de Mahler. Inutile, n’est-ce pas de s’étendre, il faudra y être, point. L’américaine Marin Alsop déjà accueillie à Toulouse dirigera l’Orquestra de São Paulo, formation majeure d’Amérique latine, dans la 1ère de Mahler encore, et accompagnera le pianiste brésilien Nelson Freire, un habitué des salles toulousaines, dans le 2ème Concerto de Frédéric Chopin. Au programme aussi, une commande de cet orchestre à la jeune compositrice brésilienne Clarice Assad, Sarava.
Un autre “chouchou“ du public sera au rendez-vous malgré un emploi du temps “à la Gergiev“, c’est Yannick Nézet-Séguin qui vient avec son Rotterdam Philharmonic Orchestra, dans un programme dédié à Rimski-Korsakov et sa fameuse Shéhérazade. Gageons que la magie sonore si proche du monde enchanteur des « mille et une nuits » va enivrer la Halle, surtout après le Concerto pour violon de Beethoven interprété par la jeune Lisa Batiashvili au lyrisme exemplaire.
Le 25 avril, ce sera tout Brahms avec l’Orchestre de Paris et son nouveau chef de la saga estonienne des Järvi, le maestro Paavo. Pour le Concerto pour piano n°1, c’est notre fidèle Nicholas Angelich, qu’on ne fera pas l’affront de vous présenter, tandis que sur les quatre symphonies nous aurons droit à la Première, peut-être la moins jouée, donc une aubaine.
A part pour son pétrole, rien ne prédisposait le Vénézuela d’asseoir une nouvelle réputation sur…la musique classique. Et pourtant, ceux qui suivent un peu l’actualité à ce propos connaissent tous le Sistema, système le bien nommé qui consiste, par la musique, à écarter des chemins un peu…marginaux, des enfants puis “ados“ puis plus “grands“. D’aucuns ont pu assister à ce résultat confondant et enthousiasmant lors d’un concert mémorable en octobre 2012, avec le jeune chef Christian Vásquez dirigeant son Teresa Carreño Youth Orchestra. Ils nous reviennent le 3 juin, le programme russo-espagnol étant dominé par la 5ème de Tchaïkovski et Le Tricorne aux mille couleurs de Manuel de Falla.
Les récitals de piano ont toujours fait partie de la programmation. On vient pour les œuvres annoncées, ou pour les pianistes, ou pour les deux. Commençons par Grigory Sokolov qui ne joue que dans le cadre de la Halle et dont on ne se lasse pas. Preuve s’il en est, que le programme n’étant pas connu à l’avance, le public est de toutes les façons au rendez-vous. Tout comme Leif Ove Andsnes, un habitué, qui, lui, nous annonce un récital tout Beethoven. Là, nous viendrons pour les 2 raisons !
Enfin, une découverte sur une scène toulousaine, la star des stars du clavier, pianiste phénomène s’il en est, j’ai nommé le très médiatisé jeune chinois Lang Lang, célébré comme une véritable pop star en Asie, mais personnalité bien plus controversé en Occident, “coqueluche“ tout de même. C’est donc le moment de forger votre propre opinion sur son assimilation instinctive des styles, son insolente et apparente facilité, et de visu, vous laisser subjuguer ou non par sa gestique emphatique. « J’ai besoin de transmettre physiquement mes sensations. », vous confierait-il. Peut-être faut-il aussi garder à l’esprit que dans les années 60 – 70, en Chine, il était interdit de jouer du piano et de la musique occidentale, qui pouvait corrompre les esprits ! Alors, qui sait, extérioriser devant le clavier ses sentiments, ses sensations, peut paraître plus compréhensible pour ce trentenaire, épris de pédagogie, qui “transpire“ par tous les pores de la peau la musique pianistique, jazz compris !!
Au programme, 3 sonates de Wolfgang Amadeus Mozart puis les Quatre Ballades de Frédéric Chopin.
Maria João Pires et Antonio Meneses sont au piano et au violoncelle du seul concert de musique de chambre, un tandem dans des œuvres romantiques de Schubert, Brahms et Mendelssohn consacrées à ces deux instruments, un duo plus rare que l’habituel piano-violon.
Je, tu, il nous,…viendront pour Bach. Il y a Jean-Sébastien Bach, le compositeur, un Bach instrumentaliste, un Bach artisan, technicien, un Bach courtisan, un Bach bon vivant, mais oui ! mais il y a surtout un Bach homme d’église, strict luthérien et poète mystique, illuminant sa vie d’une foi inébranlable qui nous lèguera la somme de toute sa vie, la Messe en si, étrange œuvre dont l’universalité engendre des visions interprétatives incroyablement diverses, une vision justement dont nous attendons le plus grand bien par l’Ensemble Pygmalion, chœur et instruments anciens, dirigée par Raphaël Pichon, une parmi les plus belles révélations de la scène baroque française. Lors de son précédent concert, Masaaki Susuki et son Bach Collegium Japan nous avaient conquis. Nous le sommes d’avance avec la quatrième version de la Passion selon Saint-Jean qui sera interprétée, et nous prenons date pour ce voyage musical et spirituel, le 21 mars. Messe et Passion seront aussi servies par une distribution de solistes remarquables.
Enfin, plusieurs siècles de musique seront parcourus. Tout d’abord, en remontant jusqu’aux confins du Moyen-Age pour un voyage se terminant à l’aube du Baroque, c’est Giovanni Antonini et Il Giardino Armonico qui nous transportent dans un périple intitulé “La morte della regione“. Les musiques du passé vont distraire vos oreilles avec celles de Desprez, Janequin,…jusqu’à Frescobaldi et Guesaldo et autres compositeurs, peut-être moins connus mais à découvrir absolument.
Le contre-ténor Philippe Jaroussky et la contralto Nathalie Stutzmann nous offriront un panel d’arias et duos d’opéras des deux stars de l’époque baroque, Haendel et Vivaldi. Le mariage de leur tessiture de voix et de leur timbre si particulier risque de donner des moments de chant assez exceptionnels. Nathalie Stutzmann en profitera aussi pour diriger son ensemble Orfeo 55. Une fête vocale décoiffante en prévision !! Vive le chant, vive le chant baroque !
Grands Interprètes s’émancipe encore cette année des contraintes de la Halle et pousse jusqu’aux murs empreints d’histoire de l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines. Quatre concerts vous y attendent, en placement libre, et par conséquent, un nombre de places limité qui vous oblige à réfléchir vite, si le programme de tel ou tel concert vous intéresse. Mais, est-il besoin de présenter le Cuarteto Cedron qui célèbre depuis maintenant plus d’un demi-siècle l’âme argentine ? Vous vous laisserez bien enchanter, envoûter même par les quatre musiciens-conteurs tandis que les briques résonneront aux rythmes du tango, de la milonga ou du candombe d’un programme intitulé « 50 ans…Merci la France… ! »
Les contre-ténors jouissent en ce moment d’une côte impressionnante. Jamais, depuis cette dernière vingtaine d’années, il n’y a eu de manifestations musicales faisant autant appel à eux, et il nous semble presque revivre ces tempêtes d’autrefois quand les castrats étaient alors de vrais popstars, même si bien évidemment, les contre-ténors de maintenant ont leur timbre de voix qui ne relève pas des pratiques d’alors. Et leur diversité est bien au rendez-vous comme pour le roumain Valer Sabadus qui n’a pas craint d’affronter dans ce dernier enregistrement de l’œuvre de Leonardo Vinci, Artaserse, quatre autres contre-ténors tous différents et reconnaissables. Le chanteur nous interprète des “English love songs“, tout un programme, de Dowland à Purcell.
La jeunesse est au rendez-vous avec cet ensemble formé en 2012, Il Pomo d’Oro, qui sous la conduite du violoniste Riccardo Minasi s’est très vite imposé sur la scène du monde du baroque. Intitulé “Concerti per l’imperatore “, un très intéressant programme italien nous prouve que si le groupe penche fortement vers l’opéra, la musique instrumentale les passionne aussi. Vivaldi, Galuppi, Brescianello,…seront présents.
Quittons l’Italie et cap sur la Russie et ses mélodies de Glinka, Rachmaninov, Glazunov, Balakirev,…d’une extrême diversité. Elles seront interprétées par quatre artistes, quatre voix, soprano, mezzo, ténor et baryton, quatre personnalités de l’Académie de jeunes chanteurs du Théâtre Mariinsky de Saint-Petersbourg, une formidable pépinière de talents formés par son directeur artistique, Larissa Gergieva, qui comme son nom le suggère est la sœur de Valery Gergiev, pépinière dans laquelle le frère ne se prive pas de puiser quand il faut monter tel ou tel opéra. Une famille d’artistes efficace dont la passion se résume à un seul mot : musique.
En langage cru, on dira : voilà une édition qui “a de la gueule“. Cela donne obligatoirement des soirées qu’il faut déjà cocher sur son agenda, histoire de se mettre un peu le moral sous des cieux qui n’en finissent pas d’être plus automnal qu’estival. Si c’est pour nous plonger déjà dans les festivités de rentrée, ce n’était pas nécessaire.
Au fait, question pratique, n’oubliez pas d’étudier les formules d’abonnements car elles se révèlent très intéressantes.
Michel Grialou
Les Grands Interprètes
61 rue de la Pomme – 31000 Toulouse
Tel : 05 61 21 09 00
grandsinterpretes.com
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