Chaque semaine, on vous invite à lire une nouveauté, un classique ou un livre à redécouvrir.
Rien ne va plus à Cagliari pour la librairie « Les Chats Noirs » spécialisée dans le polar et tenue par Marzio Montecristo. Il faut préciser que si les deux félins, Miss Marple et Poirot, mascottes de l’endroit, peuvent attirer un certain public, la personnalité du libraire – bougon, soupe-au-lait, adepte du soliloque et n’hésitant pas à rudoyer les rares clients – n’est pas le meilleur des atouts. Heureusement, sa jeune assistante, Patricia, travaille à tempérer le misanthrope et à ouvrir cet homme du monde d’avant à la modernité. Ainsi, pourquoi ne pas participer à un événement prévu autour du « plus célèbre des auteurs de polars italiens », Aristide Galeazzo, dont l’éditeur a prévu une grande tournée promotionnelle en Méditerranée sur un bateau de croisière ? Des centaines de lecteurs, des journalistes, des influenceurs sont attendus pour cette opération et « Les Chats Noirs » pourrait être la « librairie flottante » invitée à l’occasion à bord du navire avec la perspective de vendre des centaines de livres.

Piergiorgio Pulixi © Daniela Zedda / Gallmeister
Malgré son aversion pour Galeazzo, qu’il considère comme l’auteur de produits standardisés bourrés de clichés, Montecristo accepte. Cependant, l’écrivain – qui doit rédiger le dernier chapitre de son nouveau roman lors de la croisière – annonce la mort prochaine de son personnage fétiche, l’inspecteur Brizzi, et par là même la fin de sa propre carrière. Ayant découvert qu’il avait été le jouet d’« années de mensonges, de non-dits, de secrets », Galeazzo compte ainsi se venger en privant nombre de ses proches de la manne que représentent ses romans.
La croisière s’amuse
Ce n’est pas déflorer l’intrigue du nouveau roman de Piergiorgio Pulixi que de révéler que Galeazzo paie de sa vie son audacieuse initiative puisque son meurtre est révélé dès les premières pages de Si les chats pouvaient parler. Dès lors, l’écrivain italien va entraîner le lecteur dans un exercice de style autour d’un « crime en chambre close ». Evidemment, les suspects – l’éditeur, la femme, la fille, la maîtresse, l’assistant de Galeazzo (liste non-exhaustive) – abondent. Montecristi, qui avait invité son ami l’inspecteur Flavio Caruso à bord, est prié de se mêler à l’enquête. Peut-on rêver mieux qu’un spécialiste du polar pour éclaircir une affaire digne de Mort sur le Nil d’Agatha Christie ?
Les lecteurs de Pulixi retrouveront dans ce deuxième volet des aventures de Marzio Montecristo son univers et sa manière, son art de saupoudrer d’humour une énigme criminelle haletante, pleine de surprises et de renversements de situations. Sans surprise, les références au roman noir (clins d’œil à Benjamin Whitmer, Ross Macdonald, Jean-Claude Izzo et quelques autres) ne sont pas absentes. Ne boudez pas cette croisière sur le bien nommé « Mise en abyme » et cette histoire de crime presque parfait que les chats Miss Marple et Poirot dénoueront à leur façon…
Si les chats pouvaient parler • Gallmeister


