Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Les Chiens de paille de Sam Peckinpah
Sorti en 1971, la même année qu’Orange mécanique de Stanley Kubrick et un an avant Délivrance de John Boorman, Les Chiens de paille fait partie de ces œuvres révolutionnant la représentation de la violence au cœur même de grosses productions destinées au grand public. L’époque est à la transgression, sexe et ultra-violence poussent leurs curseurs sur le grand écran. Si ces trois films comportent une scène de viol particulièrement crue, celle filmée par Peckinpah fera polémique car la victime se révèle plus ou moins consentante au fil de l’agression… Avant cette séquence, on aura découvert David, un scientifique américain (Dustin Hoffman), et Amy, sa jeune épouse anglaise (Susan George), s’installant dans la maison d’enfance de celle-ci dans un village perdu des Cornouailles.

Les Chiens de paille
Le couple embauche des gens du coin pour des travaux, mais se heurte vite à leurs moqueries et à leurs petites provocations. Un ancien compagnon d’Amy refait surface, décidé à reprendre le « bien » que lui a « volé » l’étranger. Le meurtre d’un enfant va servir de prétexte à un déchaînement de violence collective…
Espace vital et pulsion de mort
Première incursion cinématographique hors-western de Sam Peckinpah, Les Chiens de paille ne se révèle pas moins noir, paroxystique et choquant que La Horde sauvage. Volontiers provocateur, le cinéaste montre comment un intellectuel, résolument pacifiste et couard, va se transformer en ange exterminateur face à un danger menaçant son espace vital. A la bestialité des autochtones répond celle d’un homme qui se croyait supérieurement civilisé et allergique à toute forme de sauvagerie.
De prime abord, Les Chiens de paille peut passer pour une illustration du « film de vengeance » ou du « film d’autodéfense », mais aucune vertu cathartique ou morale – malgré la volonté affichée de protéger un innocent d’un lynchage – ne vient consacrer la métamorphose du anti-héros, lui-même non dépourvu de zones d’ombre. Foncièrement nihiliste, Peckinpah signe une œuvre irrécupérable au sens premier du terme. Qualifié de « fasciste » par certains critiques, Les Chiens de paille fut tout simplement privé de sortie en salles en Grande-Bretagne. Cela ne l’a pas empêché de devenir un classique.
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