À Toulouse, les toits prennent de la hauteur… verte. Magalie Rosso, fondatrice des Fermes Ionaka, y installe des tours de culture aéroponique, transformant les espaces urbains inutilisés en jardins verticaux productifs. Une manière innovante et durable de rapprocher les légumes du citadin.

Magalie Rosso © Ionaka
Tout commence en 2022, alors que la France sort à peine de la crise du Covid-19. Les marchés sont encore à l’arrêt, les pépinières fermées. Chez elle, Magalie Rosso commence à expérimenter la permaculture. Elle partage alors ses plants de tomates et de légumes avec des citadins, voisins. Un geste simple qui sème l’idée d’un projet solidaire, écologique et local. « J’ai vu que cela répondait à un vrai besoin, les gens voulaient consommer local, avoir accès à du frais », ce qui permet de retisser des liens également, explique-t-elle.
C’est dans ce contexte qu’elle fonde les Fermes Ionaka. Un nom symbolique, puisqu’Ionaka signifie oasis, en malgache, reflétant sa volonté de créer des îlots de fraîcheur au cœur des villes. Son objectif est donc clair, proposer une alimentation saine, réduire l’empreinte écologique de l’agriculture et favoriser les circuits courts.
Des jardins et cultures sans terre
La technique employée est celle de l’aéroponie, un système de culture sans terre, où les racines des plantes sont suspendues dans l’air et humidifiées régulièrement grâce à un circuit d’eau fermé, oxygéné et contrôlé. « En pleine terre, la plante n’utilise que 10 % de l’eau qu’on lui donne ; ici, on récupère et on réinjecte tout. Résultat : jusqu’à 90 % d’économie d’eau », souligne Magalie Rosso.
La croissance est rapide, les plantes concentrent leur énergie sur les feuilles et les fruits, et les rendements explosent. Ainsi, « les racines sont plus fines, plus blanches, et les plantes produisent plus avec moins », détaille-t-elle. Dans ces tours verticales d’environ 70 kg, il est d’ailleurs possible de cultiver certes des fruits et légumes, mais aussi des aromates, et même des fleurs. Le tout, sans pesticides ni intrants chimiques.
Une solution clé en main pour les acteurs urbains
Les Fermes Ionaka ne se contentent pas de produire : elles proposent une offre complète, adaptée aux professionnels disposant de foncier urbain, comme des hôtels, restaurants, établissements de santé ou entreprises. Il est également possible, en fonction de la demande, de « mettre en place une prestation de maraîchage urbain, avec une personne dédiée pour l’entretien, la récolte et même l’organisation de marchés hebdomadaires », explique la fondatrice.
Les clients bénéficient d’un circuit ultra-court, et de produits récoltés à maturité, juste avant consommation, donc frais. Magalie n’hésite pas à qualifier ses tours aéroponiques de « frigo sur pattes » avec une « valeur nutritionnelle incomparable », affirme-t-elle. Les rendements seraient quant à eux plus que bons, car meilleurs qu’en terre.
Des cultures qui poussent jusqu’à trois fois plus vite
Les cultures poussent jusqu’à trois fois plus vite que dans le sol, tout en occupant 90 % moins d’espace. Ce modèle séduit aussi par son ergonomie. Fini le désherbage ou les postures contraignantes des maraîchers traditionnels. L’entretien est simplifié, les contaminations rares, et le travail devient plus accessible. « On repense complètement le métier de maraîcher, en le rendant moins pénible », insiste Magalie Rosso. Bien qu’ils y passent autant de temps que dans un champ.
Objectif : 200 à 300 fermes dans toute la France
L’objectif est autant alimentaire qu’environnemental, dans une logique de résilience urbaine. Mais pour Magalie Rosso, la transformation ne se fera pas sans la participation des citoyens, car « chacun doit jouer un rôle pour nourrir sainement les villes. On doit valoriser les circuits courts, et surtout, sensibiliser à ces nouveaux modèles agricoles », plaide-t-elle.
De son côté, la fondatrice poursuit son rôle et voit les choses en grand. Magalie ambitionne de déployer 200 à 300 fermes Ionaka, dans une quinzaine de grandes villes françaises, soit partout en France. Toulouse, Biarritz, Bayonne et Bordeaux sont des terrains déjà conquis, en partie, bien que trop de toits restent encore vide, peu optimisés. À terme, près de 200 maraîchers pourraient être mobilisés pour faire pousser cette nouvelle agriculture urbaine.
Informations pratiques :
Contacts : sur le site officiel
Chaîne YouTube : cliquez ici
Pour plus d’informations : cliquez ici