Masato Suzuki et son Bach Collegium Japan sont mondialement connus par leur intégrale des Cantates de Bach très épurées. Cette proposition du Requiem de Mozart était hors de leur répertoire habituel. Ils l’ont enregistré en 2013 et présenté en concert en 2014. Il ressort de leur proposition interprétative que les Japonais apportent des éléments très intéressants.
La version de Suzuki fait des changements par rapport à la version de Süssmayer avec de nombreux enrichissements. Si les première mesures de l’orchestre nous ont semblé manquer de mystère et de souplesse, l’entrée du chœur a complètement changé la donne. L’équilibre des pupitres du chœur est en faveur des voix d’hommes. Le pupitre de basse et de ténor sont placés au centre, les sopranos à gauche, les alti à droite. Il y a 5 basses, 5 ténors, 5 alti dont deux hommes et seulement 4 sopranos pour ce concert. L’entrée des basses est à la fois majestueuse et réconfortante. Tout le long ce superbe pupitre soutiendra à la perfection tout l’édifice. Les ténors ne sont pas en reste lumineux et tendres mais également mordants quand il le faut. Les alti assurent une présence harmonique solide et les sopranos sans aucune surenchère apportent la grace de leurs voix très pures dans un chant toujours limpide. L’orchestre retestera comme en retrait, favorisant une vocalité généreuse.
Les solistes : Carolyn Sampson en soprano, Marianne Beate Kielland en mezzo-soprano, Shimon Yoshida en ténor et Dominik Wörner en basse forment un quatuor équilibré et musical. C’est vraiment le chœur qui apporte toute la délicate dramaturgie de ce si beau Requiem. La précision des attaques dans le Kyrie est sensationnelle. Les fugues sont simples et belles et toujours d’une parfaite lisibilité. Les amples phrasés, les magnifiques couleurs ombrées, les nuances infimes font de ce chant choral un véritable enchantement. Jamais je n’ai entendu dans ce Requiem un chœur si précis et si parfait musicalement. L’Ave Verum est de la même qualité avec une magie délicate. La beauté des phrasés et de très belles nuances apportant une touche de mystère bienvenue.
Nous oublierons la première partie du concert avec la quarantième symphonie de Mozart. Un orchestre sec à force de précision, une direction quasi-robotique n’ont pas permis à la profondeur de la partition de se déployer. Un Mozart orchestral comme « hygiénique » et sans saveurs ne peut convaincre. Oublions cette symphonie, car ce Requiem restera un souvenir merveilleux avec un chœur superlatif.