« En écrivant Allelujah, j’ai cru voir le ciel s’ouvrir et Dieu apparaître devant moi… », phrase qu’aurait prononcé Haendel quand il compose Messiah, ce qui deviendra l’Oratorio le plus célèbre du monde.
Voir mon article d’annonce sur ce concert
Dans le cadre du cycle Grands Interprètes, ce n’est pas le Ciel qui pouvait s’ouvrir ce jeudi 20 décembre 2023 à la Halle mais bien, à plusieurs reprises, la verrière au dessus de nos têtes. Car, l’exécution du chef-d’œuvre haendélien fut remarquable en tous points. Un Grand moment. Or, comment se permettre de faire un compte-rendu sur une partition pareille ? on peut tenter de rédiger quelques impressions, en convoquant toutes les cordes de notre sensibilité, musicale, esthétique éthique.
Mais, qu’on le veuille ou non, la méditation religieuse du Messie exige un engagement du chef, tout autant que des quatre solistes, des musiciens, des choristes …et de l’auditeur.
Si on fait référence à la tradition en matière de voix, disons que nous sommes comblés, et avec les solistes et avec les chœurs. Je reconnais avoir été “embarqué“ par le contre-ténor Paul-Antoine Bénos-Dijan et son « He was dispesed » tout comme par la basse Alex Rosen ou les interventions par la voix et physiquement du ténor Stuart Jackson et que dire de chaque déplacement de Sandrine Piau. Souplesse, émotion, humilité des quatre: on est ravi.
Le traitement du chœur accentus avec son chef de chœur Richard Wilberforce lui donne une fervente chaleur communicative tout en restant vigoureux dans une sorte d’apesanteur en demi-teinte, sans coups de gueule faciles ou inutiles. L’Allelujah saluera à sa manière cette réussite dans le traitement. Offert en bis, le public les en remercie.
Quant à Laurence Equilbey, c’est une direction avec une lecture très sûre, précise, alerte, nerveuse et colorée de la partition transmise par une gestuelle presque réconfortante, sans esbroufe, ni grandiloquence. Les cimes sont quand même atteintes. Les instrumentistes, comme tous les choristes sont tout aussi engagés, nerveux, précis. Homogénéité du Chœur et diction ! semblent presque concurrencer l’idéale transparence de la formation Insula Orchestra sur instruments baroques. Un Chœur qui fuit la préciosité, capable de grandiose sans lourdeur, ni épaisseur.
Le nombre des uns et des autres rejoindrait, paraît-il, les effectifs choisis par Haendel à la création.
On s’arrête là pour éviter de se répéter. On notera que le public fut, durant tout le concert d’une louable discrétion.