Christophe Ghristi l’a rêvé, et l’a fait. Donner en concert l’intégralité des cinq Canticles composés par Benjamin Britten, ce sera le lundi 24 avril à l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines à 20h. Le Peter Pears sera le ténor Cyrille Dubois et le Benjamin Britten au piano, Anne Le Bozec.
Révélation Lyrique aux Victoires de la Musique Classique 2015 (catégorie révélation lyrique), Cyrille Dubois est depuis ses premiers émois musicaux, un artiste insatiable de découverte de nouveaux répertoires. Mais sa grande passion réside bien dans le lied et la mélodie dont il est un émissaire recherché. Timbre et diction y font merveille et touchent maintenant tous les domaines du chant, le vrai.
Il faut ajouter dans ce concert la présence du jeune contre-ténor William Shelton, du corniste Thibault Hocquet, du baryton Marc Mauillon et de la harpiste Pauline Haas.
L’intégralité des cinq Canticles sont composés entre 1947 et 1974, soit pratiquement du début à la fin de la carrière de Benjamin Britten. Dans ces cinq cantates miniatures, mi-profanes et mi-sacrées, œuvres denses, parfois austères, la voix est plus que jamais à l’honneur, surtout celle du fidèle compagnon, créateur de toutes ces pièces, le ténor Peter Pears. Dans les premier, troisième et cinquième Canticles, le ténor est seul maître à bord, côté chant, et Cyrille Dubois s’impose comme une évidence, dans un répertoire qui paraît écrit pour lui : raffinement des nuances, style impeccable et déclamation convaincue, son anglais chanté est formidable à entendre. Sachons qu’il a joué et chanté à douze ans dans The Turn of the screw (rôle de Miles). Il reconnaît que la musique du compositeur britannique l’habite…totalement. Et l’émotion est systématiquement au rendez-vous. Preuve en sera l’émotion jouant à armes égales avec la discipline vocale dans le mystérieux cinquième, The Death of Saint Narcissus, op. 89 de 1974.
Le programme du concert ne suivra pas celui de la création, choisi ici pour ces quelques lignes de présentation. En commençant par le My beloved is mine, op. 40 de 1947, la pianiste Anne Le Bozec est idéale dans ce type d’accompagnement et l’entente sera, à n’en pas douter, parfaite. Elle confie que ce concert leur a été proposé par Christophe Ghristi en 2015, alors qu’il était responsable à l’Amphithéâtre de l’opéra Bastille du cycle Convergences. Logique qu’il veuille en faire profiter le public du Théâtre du Capitole, en ce jour de 2023 ! Suit le Abraham and Isaac (créé en 1952 par la légendaire Kathleen Ferrier) dans lequel il est devenu courant que le contre-ténor, ici le jeune William Shelton, se substitue à la voix de contralto, le ténor étant la voix de Dieu et le contre-ténor la voix de l’enfant. Puis, le saisissant Still falls the rain op. 55 de 1954 dans lequel le corniste Thibault Hocquet dialogue uniquement avec le ténor pour ne se fondre avec qu’à la fin. C’est ce musicien de l’Orchestre du Capitole qui proposera en ouverture, le Prologue de la Sérénade op.31.
Le baryton Marc Mauillon n’est sollicité que pour la quatrième de ces cinq pièces, ce même Journey of the Magi, op. 86 de 1971 dans lequel on retrouve aussi le piano et le ténor. Une authentique pièce de musique de chambre chorale originale avec les trois rois mages. Il nous offrira auparavant, pour voix seule, le Magi videntes stellam, une antienne grégorienne du Magnificat aux Premières Vêpres de la fête de l’Épiphanie.
Quant à la présence d’un musicien à la harpe, elle n’est requise que pour le cinquième Canticle. Ce sera Pauline Haas. Britten est empêché de piano par ses soucis de santé. Il compose alors pour la harpe. La harpiste jouera l’Interlude du A ceremomy of carols, op. 28. Tandis qu’Anne le Bozec aura joué la contemplative Night Piece de 1963.
Programme de salle indispensable.