Compétition officielle, un film de Mariano Cohn et Gaston Duprat
Cette plongée dans l’égo forcément surdimensionné de trois artistes de cinéma est le prétexte pour Mariano Cohn et Gaston Duprat les deux réalisateurs argentins de lever un voile impudique sur la psyché des stars du 7e art. Jubilatoire, a minima !
Un milliardaire souhaite laisser une trace dans l’Histoire. Construire un pont qui porterait son nom ? Pourquoi pas ? Mais pourquoi pas financer, en fait devenir producteur d’un film avec des superstars du 7e art. Cette dernière option étant choisie, voici que débarque dans l‘affaire Lola Cuevas, une réalisatrice dont la coupe de cheveux ne laisse aucun doute quant aux idées saugrenues qui peuvent traverser son cerveau en constante ébullition. Elle va s’entourer de deux autres stars, Félix Rivero, paradigme du play boy adulé par des cohortes de fans plus ou moins hystériques, et son opposé complet, l’acteur de théâtre et grand professeur d’art dramatique devant l’Éternel, Ivàn Torres. Se creuse déjà ici le sillon vipérin de deux univers, celui du théâtre et celui du cinéma, le second passant clairement pour celui de la futilité et de la superficialité. Nous allons assister aux répétitions avant le début du tournage. Elles vont se dérouler dans une villa dépourvue ou presque de tout mobilier, dans des pièces immenses aux angles coupés réduisant visuellement l’humain à de simples figures. C’est dans cet antre qui va se transformer en lieu de supplices pour nos deux comédiens, que Lola va faire exploser son égo, n’acceptant aucune discussion avec les deux hommes et leur infligeant même des séances très limites…
De leur côté, ces derniers commencent à travailler dans un profond respect mutuel. Félix, plus jeune que Ivàn, n’arrêtant pas de louer le parcours de son aîné et son génie. Ce qu’accepte volontiers celui-ci tout en s’excusant d’être aussi doué. Mais rapidement ces amabilités vont montrer leurs limites et nos trois personnages vont s’envoyer dans la figure des vérités aux noms d’oiseaux redoutables. C’est alors à un véritable combat d’égos que nous assistons, combat jubilatoire s’il en est car il y a peu de chances que celui-ci soit totalement de la fiction dans la réalité. Ces coulisses d‘un métier dont la montée des marches à Cannes semble être l’acmé, se révèlent ici aussi meurtrières que drôles et féroces. Il fallait une bonne dose d’humour noir aux réalisateurs Mariano Cohn et Gaston Duprat pour faire un tel film, véritable mise en abyme de l’art qu’ils représentent. Cela dit, s’entourer de Pénélope Cruz (Lola), Antonio Banderas (Felix) et Oscar Martinez (Ivàn), tous trois superlatifs d’autodérision, était aussi un gage de réussite totale. Un régal !
Pénélope Cruz – La pépite madrilène
Papa garagiste, maman coiffeuse, à 5 ans Pénélope commence l’apprentissage de la danse. L’adolescence la voit déjà mannequin, puis première apparition à la télévision espagnole. Vite repérée, elle débute au cinéma dans un long métrage en 1992. Elle a alors 18 ans. Pénélope va rapidement devenir l’égérie de Pedro Almodovar. Aujourd’hui véritable star, elle ne sait plus où mettre les prix que lui sont décernés : Césars, Goyas, Oscars…, témoins silencieux d’un formidable talent.