C’est au Musée Saint-Raymond que vous en saurez davantage sur ces peuplades qui ont établi aussi les fondations de notre cher pays, la France car, non, il n’y a pas eu que les Francs. L’exposition s’intitule Wisigoths, rois de Toulouse, et nous avons la chance qu’elle soit programmée jusqu’en décembre 2020.
En effet, elle est d’une telle qualité qu’on ne peut imaginer qu’elle ne soit pas très bientôt à nouveau disponible, et que les portes du Musée d’Archéologie de Toulouse ne rouvrent.
L’exposition est montée à l’occasion du 1600è anniversaire de l’installation des Wisigoths à Toulouse, le propos étant centré sur la capitale Tolosa et son propre territoire au Vè siècle. Un travail considérable surtout dans la recherche de plus de 250 objets ou fragments parlants, dont près de 200 prêtés par 35 institutions françaises et européennes. Il a fallu les trouver, les répertorier, les transporter, les assurer ! puis, créer le parcours pour la visite avec toute la scénographie, fort bien réussie d’ailleurs.
Un parcours qui présente les résultats des recherches archéologiques, notamment des plus récentes, certaines inédites. Ne citons pour exemple que la découverte exceptionnelle suite à la fouille dans son intégralité du site des Boulbènes des Vitarelles à Seysses, près Toulouse, courant 2018. 149 tombes formaient un cimetière, sûrement occupé que par des Wisigoths, organisé en rangées, s’étendant sur environ un hectare. La population enterrée présentait une grande diversité. On cite la sépulture en sarcophage de la “dame de Seysses“ contenant en plus du squelette, des objets, véritables petits trésors en or, mais surtout “pièces à conviction“ de valeur inestimable.
Et l’on retrouve ici aussi, la présence de crânes déformés, attestés aussi chez d’autres peuplades comme les Huns, les Alains et certains Germains orientaux, donc comme les Goths et les Burgondes. Une tradition ethnique qui semble ainsi avoir été suivie par certains Wisigoths du Sud-Ouest de la Gaule, comme à Seysses. N’oublions pas que les crânes des très jeunes enfants sont relativement malléables et que leur déformation n’induit pas de problèmes pour les organes nerveux centraux sous-jacents, en principe…
Remarquons que les fouilles de nécropoles ayant livré des tombes de Wisigoths se sont multipliées dans le sud actuel de la France et en Espagne, permettant d’approfondir les connaissances sur nos ancêtres, pas si lointains que ça à l’échelle de l’Homo sapiens sapiens. Et sachons que l’identification des Wisigoths s’appuie beaucoup sur le mobilier funéraire, surtout avec les sépultures féminines, bien plus riches en objets de parure.
Le parcours des Goths n’est pas simple. Pour faire court, il faut remonter au Ier siècle et à la Pologne (mais avant, la Scandinavie ?), puis rejoindre les bords de la mer Noire, et en suivant, des coalitions de peuples qui s’attaquent à des provinces romaines. On en arrive au IIIè siècle, aux deux branches des Goths apparaissant dans les sources écrites : les Ostrogoths ( selon les auteurs, des “Goths de l’Est“ ou “ Goths brillants“) en Ukraine et les Wisigoths ( “Goths de l’Ouest“ ou “Goths instruits, avisés“) en Roumanie et Moldavie. Bien sûr, voilà les Huns venant des steppes russes, avançant vers l’ouest et qui soumettent les Ostrogoths et font fuir les Wisigoths vers les terres de l’Empire romain dans lesquelles ils vont voyager pour essayer de se fixer, avant d’entrer en Gaule. Passionnant périple pour nos chers ancêtres venus pour certains de si loin.
Notre culture aux bases très gréco-latines nous ont amenés à considérer que tout ce qui venait d’ailleurs ne pouvait être que l’image des barbares. Et les clichés ont la vie dure. Ces individus présentant tous, ces faciès de sombres brutes, au comportement bestial, ne pouvant que se livrer au pillage, à la destruction, à la fureur des corps, à l’avilissement sous toutes ses formes, des vaincus. Et les Wisigoths ont aussi fait les frais de ces jugements à l’emporte-pièce puisque faisant partie des fameux “barbares“. Ce serait eux, ainsi, avec d’autres peuplades, qui auraient provoqué la chute de l’Empire romain, ni plus, ni moins, modèle, soi-disant de civilisation. Et comme l’histoire de France “scolaire“ a monté au pinacle les Francs, tout en faisant des Goths, uniquement un peuple de barbares, on ne s’est guère occupé d’eux. Davantage peut-être, en Espagne après leur combat victorieux sur, entre autres, les Vandales. Rappelés par leur commanditaire, un certain empereur romain Honorius, c’est ce dernier qui va les installer dans le bassin de la Garonne, « de Toulouse à l’océan ». Cet accord permet enfin une installation durable et Théodoric Ier (418-451) va choisir Toulouse comme résidence royale.
Un royaume qui s’étendra avec les rois suivants, comme avec Euric surtout, jusqu’au dernier, Alaric II qui gouvernera le plus grand royaume wisigothique qui aura duré presqu’un siècle, et le plus grand aussi des royaumes barbares. Il est défait à Vouillé par les Francs en 507, et tué. Clovis et ses troupes prennent, avec Toulouse, le contrôle de l’Aquitaine. Ils obligent les Wisigoths à se replier sur le littoral méditerranéen, en cette fameuse Septimanie et sur une bonne partie de l’Espagne. Place aux Francs.
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