Plus de spectacles et de variété, main tendue vers d’autres salles de spectacles, questionnement environnemental… Avec Marie Leininger, arrivée il y a un an à la tête du Bascala, la salle de spectacle prend un nouveau départ. La nouvelle directrice du lieu culturel nous a accordé un entretien sur la saison passée et ses aspirations futures.
Culture 31 : Vous êtes arrivée à la direction du Bascala en 2021 alors que la salle de spectacle fêtait son 10ème anniversaire, cette nouvelle aventure a-t-elle été un beau cadeau pour vous ?
Marie Leininger : Ça a été un beau cadeau, un beau challenge. Je quittais un poste merveilleux (au Dôme de Carcassonne, ndlr) pour retrouver un poste extraordinaire donc je suis vraiment ravie. Il y a beaucoup de choses à faire au Bascala, beaucoup de potentiel. L’équipe derrière est également très enthousiaste. Toutes les conditions sont réunies pour que la salle explose vraiment avec le développement de la métropole. Les planètes s’alignent.
Pour l’instant la saison 2021-2022 a-t-elle été à la hauteur de vos attentes, notamment en terme de fréquentation ?
Cette saison a été un peu compliquée car la programmation était encore beaucoup axée vers les seniors, or ce public était toujours très frileux et très inquiété par le Covid-19. Effectivement nous avons eu une fréquentation peu élevée. Par contre, nous en avons profité pour mettre en place les afterworks, les ateliers jeune public et les scènes découverte, ce qui a tout de suite très bien marché. C’est aussi une année faite de beaucoup de réussites.
Quels spectacles de la saison passée vous ont le plus marquée ?
Un des premiers spectacles a été Sinsémilia. Le groupe nous a fait un concert de 3 heures en octobre. Le pass sanitaire était en vigueur et le public correspondant étant majoritairement réfractaire au dispositif, nous n’avons pas eu beaucoup de public. Le concert a tout de même été mémorable, c’était une très très belle soirée.
Nous avons aussi eu une soirée salsa avec Havana D’Primera. Il y avait 1300 personnes en train de danser. C’est donc pour moi un très bon souvenir de la saison 2021-2022.
Les ateliers jeune public ont également été incroyables, avec cette centaine d’enfants les yeux émerveillés. Les parents venaient nous dire que le fait d’avoir des ateliers gratuits était vraiment une belle opportunité pour eux, sans laquelle ils n’auraient pas pu venir. Forcément, c’est un plaisir d’entendre ça. De plus, nous sommes vraiment dans une optique d’éducation artistique. Sensibiliser les enfants pour créer le spectateur de demain est le cœur de notre métier.
Cette nouvelle saison 2022-2023 sera encore plus variée que les précédentes en terme de programmation, est-ce le nouveau fil rouge du Bascala ?
Absolument. Il en faut pour tous les goûts, réussir à contenter tout le monde. Dans le nord toulousain il y a des petits comme de grands noms, du public pour le classique comme du public pour le rock… Il fallait vraiment trouver la salle qui puisse répondre aux besoins des gens de cette partie du territoire.
Le Bascala donne cette fois l’impression d’avoir préféré le nombre et la variété des spectacles aux grosses têtes d’affiche. Est-ce une nouvelle stratégie que vous avez souhaité insuffler ?
Exactement. Nous avons décidé, à budget constant, d’aborder des artistes moins « tête d’affiche» mais d’être plus souvent ouverts et d’avoir davantage d’artistes locaux. Un vrai travail d’ancrage territorial. Selon moi, une salle de spectacle doit vraiment vivre avec ses habitants. Nous travaillons d’ailleurs déjà avec le Point Jeune de Bruguières, les équipes scolaires des alentours, etc. Nous sommes vraiment sur un travail pour les habitants, avec les habitants. Le but est de construire ensemble ce que va devenir Le Bascala.
Avez-vous, justement, un message à faire passer aux Toulousains ?
J’ai envie de leur dire – parce que j’ai été toulousaine dans le centre pendant des années – que ça vaut le coût de venir aux extérieurs de la ville. Quand vous arrivez à Bruguières, vous entrez dans une bulle de verdure, à seulement 15 minutes de Toulouse même. C’est dépaysant. Il n’y aucun problème de stationnement et on passe juste un bon moment. C’est vraiment une parenthèse, une bulle de douceur avant de retrouver l’énergie de Toulouse-Centre, que j’adore aussi. Il y a des propositions culturelles extraordinaires en centre-ville mais ça vaut le coup de pousser un peu plus loin.
Des projets en commun avec, par exemple, le Château de la Garrigue, sont-ils en cours de discussion ?
Nous ne nous sommes pas encore rencontrés avec le Château de la Garrigue mais, s’il nous lit, c’est avec grand plaisir que je lui tends la main. J’aimerais vraiment réussir à travailler en collaboration avec d’autres lieux. Nous avons largement le public nécessaire pour être confrères et non pas concurrents avec les différentes salles des alentours. J’appelle donc tous mes confrères à venir essayer de construire des choses ensemble. Nous sommes par exemple déjà en lien avec Altigone. C’est aussi ça l’avenir de la culture. Nous sommes malheureusement dans une période qui signe la fin de l’abondance et les budgets culturels sont déjà fortement impactés, donc la mutualisation et le travail main dans la main nous permettraient de sortir grandis de cette période difficile.
En parlant de difficultés financières et environnementales, comment envisagez-vous l’impact de cette forte hausse des frais d’électricité prévue pour cet hiver sur Le Bascala ?
L’impact va être énorme. Évidemment, une salle de spectacle est très énergivore. Nous songeons à faire passer l’intégralité de notre parc lumineux en LED. J’essaye de trouver des solutions simples avec par exemple des systèmes de minuteurs et autres pour être dans l’économie financière, mais également dans l’économie d’énergie. La planète nous le demande. C’est pourquoi il ne s’agit pas seulement d’un aspect pécuniaire, mais aussi de notre bon sens citoyen. Malheureusement notre structure ne peut pas se passer de consommer beaucoup d’énergie. Donc l’idée est aussi de sensibiliser les équipes techniques pour éviter d’abuser inutilement de l’électricité.
Un mot de la fin ?
J’appelle vraiment le public à venir découvrir nos jeunes talents tout comme les moins jeunes. L’idée est vraiment de profiter d’une soirée sans se poser de questions : se garer facilement, déguster des bons produits locaux, profiter du cadre, etc.
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