Le centenaire de la disparition de Camille Saint-Saëns est célébré lors du concert de l’Orchestre national du Capitole du 5 juin prochain. Disparu en 1921 à l’âge vénérable de 86 ans, le pianiste, organiste et compositeur s’est illustré dans bien des domaines. Reconnaissons que l’essentiel de son œuvre reste encore à diffuser. Le programme de ce prochain concert, dirigé par Tugan Sokhiev, explore à la fois les volets lyrique, concertant et symphonique de sa production.
Camille Saint-Saëns a écrit douze opéras, dont le plus connu, Samson et Dalila (1877), a éclipsé la plupart des autre. De nombreux oratorios, cinq symphonies, cinq concertos pour piano, trois pour violon et deux pour violoncelle, des compositions chorales, un Requiem, un Oratorio de Noël, de la musique de chambre et des pièces pittoresques, dont Le Carnaval des animaux (1886), peut-être la plus célèbre d’entre elles, constituent un héritage consistant.
Le programme du concert du 5 juin débute par l’ouverture de son premier ouvrage lyrique La Princesse jaune, op. 30, un opéra-comique en un acte écrit sur un livret de Louis Gallet, créé à Paris le 12 juin 1872 au théâtre national de l’Opéra-Comique. Rappelons que cet opéra vient précisément d’être enregistré par l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, dirigé par Léo Hussain, avec les participations de la soprano Judith van Wanroij et du ténor Mathias Vidal. Une belle opportunité de donner à cette œuvre sur l’Orient rêvé la résonance qu’elle mérite.
Deux autres partitions symphoniques plus connues constituent la suite de cette soirée. Le Concerto pour violoncelle et orchestre en la mineur, opus 33, est le premier des deux concertos qu’a écrits Camille Saint-Saëns pour cet instrument. Cette partition assez brève, en un seul mouvement et trois parties, fait appel à la virtuosité autant qu’à un sens du lyrisme musical de l’interprète. Nominé aux Victoires de la Musique Classique 2013 dans la catégorie « Révélation Soliste Instrumental », Victor Julien-Laferrière sera le soliste de cette belle partition. Ce brillant élève de Roland Pidoux à Paris et d’Heinrich Schiff à l’Université de Vienne a obtenu un Premier Prix au Concours International du Printemps de Prague 2012. Sa belle interprétation du Concerto d’Henri Dutilleux, en 2019 à la Halle aux Grains, avait impressionné par la perfection de son jeu et la sensibilité de son interprétation. Réjouissons-nous de le retrouver dans ce répertoire virtuose et lyrique.
La plus célèbre des symphonies du compositeur, la 3ème, complète ce panorama. Cette partition, qui signe le renouveau de la forme symphonique dans la musique française de la fin du 19ème siècle, est dédiée par Saint-Saëns à son ami Franz Liszt décédé le 31 juillet 1886. Il s’agit, en fait, de la cinquième symphonie du compositeur, ce dernier ayant renié ses œuvres de jeunesse. Son écriture s’étend de 1885 à 1886. L’orgue, intégré à l’orchestre, joue un rôle dramatique essentiel dans le déroulement de la symphonie. Un piano à quatre mains est également sollicité. Le soliste de cette œuvre n’est autre que l’organiste Michel Bouvard, bien connu à Toulouse comme l’un des grands représentants de l’école française de l’orgue. Reconnu aujourd’hui sur la scène internationale comme un des interprètes français les plus attachants, Michel Bouvard est titulaire de l’orgue historique Cavaillé-Coll de la Basilique Saint-Sernin de Toulouse. Il a été durant 4 ans membre de la Commission Supérieure des Monuments Historiques pour les orgues et a co-fondé le célèbre festival international Toulouse les Orgues.
Dans ce programme, Tugan Sokhiev renoue avec l’affinité de l’Orchestre pour le grand répertoire de la musique française des dix-neuvième et vingtième siècles.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse