Dans la continuité de l’édition 2016, Rose Béton invite des artistes à faire de Toulouse, une véritable galerie à ciel ouvert, une ville plus que jamais internationale et colorée, une ville pouvant ainsi retrouver un peu de la folie présente en maints endroits avant 1994, avant un nettoyage de printemps mené alors “nettoyeur battant“. Un aspect que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître !!
Pour inventer un nouveau parcours d’art urbain, d’avril à septembre 2019, il faut aller chercher les talents partout, au-delà des frontières européennes, le “street-art“ étant devenu un art planétaire. C’est ainsi que vont sévir sur les supports dévolus, des artistes venant des Etats-Unis comme Hense d’Atlanta, Momo et Mark Jenkins, mais aussi d’Eindhoven (Hollande) – Jeroen Erosie – d’Allemagne avec le duo Moses & Taps, ou encore de Rio de Janeiro, Rero et tout simplement de France, Tania Mouraud et Mlle Kat, graffeuse qui fait un véritable come-back sur sa terre de prédilection. Tilt est le Directeur artistique de cette Biennale.
Pour un temps fort désormais incontournable, la Biennale investira ensuite des lieux comme le Musée les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse, lieu-phare régional de l’art contemporain. S’y installeront trois artistes de la scène internationale, à savoir Tania Moraud de Paris en tant qu’invitée d’honneur de la biennale, et marraine, à l’œuvre protéiforme, sensible et engagée, se déployant en peinture, installation, photographie, son, vidéo, et performance. Toutes ces formes ayant pour finalité le questionnement des différents aspects de l’histoire et du vivant. Avec Cleon Peterson de Los Angeles, passé de la peinture d’atelier à un autre format dans l’art urbain puisque ses grandes et terribles fresques se repèrent un peu partout dans le monde. Et enfin, Todd James de New-York, “tombé“ dans le graffiti à onze ans, nom de scène REAS, aux toiles acidulées et certaines féroces à l’atmosphère éclatante, très flashy même, une sorte de compromis inimitable entre Tom Wesselmann et William de Kooning.
Tous ces artistes participent à un art bien plus ouvert sur le monde, n’ayant plus rien de confidentiel, s’adressant à tout un chacun mis en sa présence, un art intergénérationnel faisant s’interroger un senior tout autant qu’un enfant, un art sans prise de tête mais un art tout de même, plus poussé chez certains sur les qualités du dessin, et chez d’autres sur les compositions de couleurs, une inspiration rejoignant pour certains courants, celle des jeux vidéos, un art finalement multiforme s’ajoutant à toutes les autres formes existant auparavant et ce, sur la même latitude.
On pourra se laisser surprendre par les installations de Mark Jenkins et remarquer les réactions que son travail suscitera entre stupeur, inquiétude, curiosité et rire chez le chaland. Ou encore les installations de son compère de San Francisco, Momo, obnubilé par la colorimétrie et la géométrie déterminant des compositions savamment construites. Art urbain toujours. Quand Moses rencontre Taps, cela donne le collectif d’artistes TOP SPRAYER TM. Un peu les vilains petits canards de l’art urbain car n’hésitant pas, à l’occasion, et en fonction de l’inspiration, à incorporer à la fois l’espace public et les transports publics dans un certain nombre de leurs œuvres à fort coefficient de scandale.
On dit que la pratique de Jeroen Erosie découle de la fluidité et du processus agité du graffiti. En effet, on pourrait s’amuser à savoir quel a été le point de départ de chacune de ses réalisations tellement on a l’impression de deviner une ligne, une lettre, une forme qui a pu très progressivement évoluer presqu’imperceptiblement vers un résultat imprévisible et, réussi ! Et ensuite on ajuste les différents motifs pour donner comme une fresque unique, bien sûr.
Plongez vous dans vos polices, repérez Verdana, cherchez une zone désaffectée, genre friche industrielle, ou hangar explosé, voilà quelques ingrédients qui situent RERO, artiste français, qui signera son installation étonnante par quelques mots ou messages écrits en capitales et toujours barrés, en typo Verdana, une façon de brouiller les frontières entre art conceptuel et art urbain.
De Cleon Peterson : « la colère et le chaos alimentent sa créativité. » On y ajoute la brutalité et c’est tout l’univers oppressant de lutte entre dominants et dominés que l’artiste souhaite traduire, dépeignant la violence urbaine dans un style reprenant la graphie des vases antiques, avec une gamme réduite de trois couleurs généralement, le blanc, le noir et le rouge. Une façon aussi de mettre en évidence la part de sombre qu’il y a en chacun de nous et que des derniers événements dans nos rues ont pu en faire la criante démonstration. Le résultat n’est pas particulièrement tendre.
Miss Van et Mademoiselle Kat faisaient partie alors des rares artistes –femmes se livrant à l’art du graffiti dans les années 90. La seconde avait choisi comme cheval de bataille clichés et stéréotypes que pouvaient véhiculer publicité et communication autour de l’image de la femme. On peut consulter ses affiches de films peintes et autres réalisations bien loin des tôles de publicités diverses, et autres supports, toutes réalisations qui seraient irréalisables de nos jours, tout comme les pin-up et parisiennes de Jean-Gabriel Domergue, peintre à la mode au début du siècle dernier. Avec Mademoiselle Kat, les formes sont plus outrageusement caricaturées et les couleurs bien plus marquées. La Parisienne s’est mâtinée d’un côté Vampirella complètement délurée et surtout, maître de son destin.
Quant à Hense, Alex Brewer d’Atlanta, il baigne depuis son enfance dans l’art, issu d’une famille d’architectes d’intérieur qui le laissera vagabonder vers ces éléments non-figuratifs qui l’attirent, aux dimensions qui nécessitent des espaces qui ne peuvent qu’extérieur. Il s’épanouit dans des dialogues qu’il crée entre son œuvre et l’environnement qui l’accueille, et en fonction de l’interaction, peut agir sur le résultat. Il en fut ainsi dans sa réalisation toulousaine, ces derniers jours, sur un vaste mur qui semblait n’attendre que ça. En 2018, c’est l’artiste toulousain CEET, idole du graff en Chine, qui fut accueilli par Atlanta dans le cadre d’un échange culturel d’artistes. En 2019, c’est Hense qui est ainsi invité à intégrer le programme de cette biennale.
Attention ! Autour des expositions et de la réalisation d’œuvres dans l’espace public, comme espace de rencontres et de créativité, de nombreuses actions à destination de tous les publics sont programmées à l’occasion de la cette biennale, d’avril 2019 à janvier 2020. Renseignez-vous.
Rose Béton • Facebook • Instagram
article en partenariat avec :