Olivia Grandville est venue présenter le spectacle A l’Ouest, qu’elle chorégraphie et dans lequel elle danse. Une pulsation extatique qui, malgré quelques dos d’ânes, ravit.
Le parquet de la scène est une banquise, une immense congère. Une danseuse – suivie d’autres – marchent tant bien que mal sur cette surface friable. Elles s’enfoncent dans cette neige – cela s’entend. Ici – c’est le nord de l’Amérique. Ce sont les terres où vécurent – où vivent encore – les Amérindiens. Le plateau est encadré par les murs de briques rouges de la salle du théâtre Garonne. Le contraste est plaisant.
Les costumes de ces danseuses font d’elles des espèces d’oiseaux. Hautes sur leurs deux jambes presque entièrement nues, elles ressemblent à des échassiers. Le spectateur les confond car leurs costumes les rendent méconnaissables. Elles portent une sorte de voile-casquette et un poncho à franges – tout en noir.
Héloïse Divilly est percussioniste. Sur l’un des côtés du plateau, elle frappe régulièrement la peau tendue d’un tambour. Ce bourdonnement entre dans le crâne du spectateur. Il n’en sortira pas avant la fin du spectacle. Une légère hypnose le prend.
C’est cette sensation que crée le spectacle. Les chorégraphies la construisent aussi. Les danseuses se frappent le corps – les cuisses avec leurs pieds. Elles répètent les mêmes gestes – avec variations et dérèglements. Il y a une certaine violence dans tout ça. La danse devient martiale, bestiale, tribale. Ces femmes forment une meute.
Parfois, le rythme extatique s’éteint, est étouffé, malheureusement. La tension monte et est amortie – sans que l’on comprenne pourquoi. Le spectateur peut se sentir égaré. Ce que joue la musicienne est grinçant, parfois inquiétant, mais reste un repère, une boussole. Et alors, l’accroissement de l’inquiétude reprend. Le spectacle y gagne. Aux claquements des peaux tirés du tambour s’ajoutent ceux provenant des centaines de cages thoraciques.
A l’Ouest, Olivia Grandville, théâtre Garonne
Dans le cadre du festival Ici & Là et de la Saison Moondog