Invité pour la cinquième saison consécutive au pupitre de l’Orchestre national du Capitole, le chef japonais aborde le grand répertoire postromantique.Kazuki Yamada revient cette fois à Toulouse pour diriger l’une des œuvres symphoniques les plus denses et touffues de la musique occidentale : la Symphonie n° 3 de Gustav Mahler, gigantesque hymne panthéiste à la nature et à la création. Le Chœur du Capitole et le chœur d’enfants et de jeunes Les Éclats, ainsi que la mezzo-soprano Karine Deshayes participeront à ce concert exceptionnel.
Des liens étroits se sont tissés entre Kazuki Yamada et les musiciens toulousains. Né au Japon en 1979, ce titulaire du Grand prix du 51e Concours international de jeune chef d’orchestre de Besançon en 2009 est directeur artistique et musical de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Il est également Chef principal invité de l’Orchestre de la Suisse Romande depuis 2012/2013. Au Japon, il est chef principal du Japan Philharmonic Orchestra, chef associé du Sendai Philharmonic et de l’Ensemble Orchestral de Kanazawa et directeur musical du Yokohama Sinfonietta. En août 2012, il a remplacé Seiji Ozawa pour diriger une version scénique de Jeanne au Bûcher d’Honegger avec le Saito-Kinen Orchestra. La production sera jouée à Monaco, à la Halle aux Grains de Toulouse et à la Philharmonie de Paris avec l’ONCT et Marion Cotillard. En 2016/2017, il dirige notamment les orchestres symphoniques de Tasmanie, Melbourne, Houston, de l’Utah, le BBC National Orchestra of Wales, etc.
La Symphonie n° 3 de Gustav Mahler que va diriger Kazuki Yamada se présente comme une véritable cosmogonie sonore où les sons de la Nature coexistent avec la création du monde. Gil Pressnitzer a écrit sur cette œuvre l’admirable texte suivant : « Après les doutes, les combats et les tourments métaphysiques de la Première et de la Deuxième Symphonie, Mahler dénoue toutes ses contradictions, ses forces vives encore contenues par une œuvre–fleuve : la Troisième, qui va se dresser comme un immense hymne panthéiste à la nature. […] Ainsi, à Steinbach, lieu de vacances dans les Alpes du Tyrol le compositeur d’été que sera toujours Mahler, élabore dans le creuset des bruits multiples de la nature environnante, une cathédrale païenne. Dès le mois de juin 1895, la frénésie créatrice s’empare de Mahler qui jamais plus ne composera aussi vite. Cela se conçoit car il porte déjà tellement en lui cet univers de fleurs, d’animaux, d’amour et de nuits emmêlés. »
Le compositeur lui-même dans une lettre à une amie déclare à son propos : « Ce n’est presque plus de la musique, ce ne sont pour ainsi dire que des bruits de la Nature. Cela donne le frisson de voir comment la vie se dégage progressivement de la matière inanimée et pétrifiée… jusqu’à ce qu’elle se différencie de degré en degré dans des formes d’évolution toujours plus élevées : les fleurs, les animaux, l’homme, jusqu’au royaume des esprits, jusqu’aux anges. »
Ces bruits de la Nature engendrent ici une sorte d’odyssée de l’espèce et de la vie qui submerge l’auditeur grâce aux moyens musicaux exceptionnels dont se dote le compositeur. Un grand chœur, un chœur d’enfants et une voix d’alto soliste se joignent à un énorme effectif orchestral. Les six mouvements qui structurent cette partition traduisent cette ascension irrésistible vers un idéal lumineux.
La mezzo-soprano Karine Deshayes, invitée des grandes scènes françaises, comme l’Opéra de Paris, et internationales (Salzbourg, Madrid, New York, San Francisco…) sera la soliste de cette œuvre et notamment du 4ème mouvement illustrant le texte tiré de Ainsi parlait Zarathoustra de Friedrich Nietzsche : le « Chant de Minuit ».
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Orchestre National du Capitole
Kazuki Yamada (direction)
Karine Deshayes (Mezzo-Soprano)
Halle aux Grains
samedi 27 mai 2017 à 20h00
Karine Deshayes © Aymeric Giraudel
Kazuki Yamada © Yuki Kakiuchi