Vous avez rendez-vous, le mardi 18 Avril 2017 à la Halle aux Grains – Toulouse à 20h pour un concert dans le cadre du cycle Grands Interprètes avec une affiche au sommet. Le Filarmonica Teatro Regio Torino sera placé sous la direction de son chef attitré Gianandrea Noseda. Il dirige une œuvre symphonique en cinq volets du compositeur contemporain Luigi Dallapiccola, les Cinq Fragments symphoniques du ballet Marsia qui sera suivie du Concerto pour piano et orchestre n°2, en la majeur de Frantz Liszt avec au piano, notre cher Bertrand Chamayou. La seconde partie est consacrée aux fameux Tableaux d’une Exposition (orchestration de Maurice Ravel) de Modeste Moussorgski. Une affiche plus qu’alléchante vous en conviendrez.
PROGRAMME DE LA SOIREE
Luigi Dallapiccola [1904-1975]
Cinq Fragments symphoniques du ballet Marsia ~ 20 mn
Danza Magica / Ostinato / Danza di Apollo / Ultima Danza di Marsia / La Morte di Marsia
Franz Liszt [1811-1886]
Concerto pour piano et orchestre n°2, en la majeur ~ 21 mn
I – Adagio sostenuto assai
II – Allegro agitato assai
III – Allegro moderato
IV – Allegro deciso
V – Marziale un poco meno allegro
VI – Allegro animato – Stretto
entracte ~ 20 mn
Modeste Moussorgski [1839-1881]
Tableaux d’une Exposition ~ 35 mn
(orchestration de Maurice Ravel)
Promenade I / Gnomus / Promenade II / Il Vecchio Castello / Promenade III / Tuileries / Bydlo / Promenade IV
Ballet des poussins dans leurs coques / Deux juifs : Samuel Goldenberg et Schmuyle / Promenade V / Le marché de Limoges
Catacombae / Cum mortuis in lingua mortua / La cabane sur des pattes de poule / La Grande Porte de Kiev
Luigi Dallapiccola
C’est un des meilleurs représentants de la renaissance de la musique italienne au XXè siècle avec Goffredo Petrassi et Luigi Nono. La citation suivante fournit une sorte de clé de son œuvre : « Je ne crois pas que j’aie jamais cru à la fable – dont je ne sais si elle est romantique ou démagogique – de l’“art pour tous“. Je suis, par nature, plutôt disposé à penser à un art pour les “happy few“. » Elle peut se compléter par la suivante : « Ce que j’écris, je l’écris dans l’espoir de convaincre les gens que même un compositeur qui sympathise vivement avec la technique dodécaphonique n’est pas détaché , mais, comme tout le monde, vit sa propre existence avec ses mille peines et ses quelques joies. »
Les Cinq Fragments symphoniques sont tirés du ballet Marsia créé en mars 1942, un an et demi après sa création d’une de ses œuvres-phare Vol de nuit, et sept ans avant son opéra en un Prologue et un acte, Il Prigioniero que le public du Théâtre du Capitole a pu découvrir avec un intérêt manifeste, en ouverture de la saison passée.
« Mon intérêt va à tous les maîtres italiens nés entre les années 1880 et le début du XXè siècle – Casella, Respighi, mais aussi Petrassi, Dallapiccola. L’Italie a toujours eu un lien historique avec l’opéra, beaucoup moins avec le répertoire symphonique. Or, cette génération de compositeurs a précisément montré qu’elle était capable de le servir brillamment. » Gianandrea Noseda
Franz Liszt, ce tzigane et franciscain
« Aventureux, chargé d’âge, toujours brillant
Récoltant l’univers en gerbes musicales
Prédicateur qui va succombant et priant
Il rassemblait l’amour sous ses mains sans égales… »
Qui peut mieux définir exactement le génie humain et artistique de Liszt que ces quelques vers de la Comtesse de Noailles ? L’homme en effet est inséparable de l’artiste : ils ne font qu’un. Et, cependant, sa nature est bien double, et lui-même s’est parfaitement bien résumé en ces trois mots pénétrants : “Tzigane et franciscain“. C’est ainsi que durant toute son existence, cette dualité le hantera car il y a bien en Liszt deux hommes. L’un est épris de gloire, l’autre de beauté pure. L’un aspire à briller, l’autre à durer. L’un veut servir, quand l’autre ne cherche qu’à servir. Mais, jusqu’au bout, il sera un grand virtuose et un homme de génie, apparaissant dans sa musique comme le type achevé du romantique “extérieur“.
On n’oublie pas non plus qu’il fut “baptisé“ un moment : le plus adorable amant du monde et le plus génial pianiste. Et non plus encore, cette superbe profession de foi énoncée en septembre 1837 : « Mon piano, c’est pour moi ce qu’est au marin sa frégate, ce qu’est à l’Arabe son coursier, plus encore peut-être, car mon piano, jusqu’ici, c’est moi, c’est ma parole, c’est ma vie. C’est là qu’ont été tous mes désirs, tous mes rêves, toutes mes joies et toutes mes douleurs. Les cordes ont frémi sous tous mes caprices, et vous voudriez, mon ami, que je me hâtasse de le délaisser pour courir après le retentissement plus éclatant des succès de théâtre et d’orchestre ? Oh ! Non ». A connaître aussi, c’est en Italie, en 1839, qu’il crée pour la première fois le récital moderne.
Le Concerto pour piano et orchestre n°2, en la majeur, fut créé le 7 janvier 1857 au Théâtre de Weimar par un élève de Liszt, Hans von Bonsart, sous la direction du musicien, mais on sait que son élaboration reste conjecturale jusqu’en 1861. D’ailleurs, il est à remarquer que l’on connaît fort mal la chronologie exacte de ces deux seuls concertos. Rien que deux surprend quand on s’appelle Liszt, le compositeur si prolifique avec ses plus de sept cents œuvres, et ce, en un temps où le concerto est une forme si prisée. Par contre, on sait qu’il les conçut simultanément entre 1839-40 et que des révisions se produiront jusqu’en 1855-56. Des ouvrages donc, patiemment élaborées.
Ce Concerto se révèle moins populaire que son compère, le n°1. Il le dépasse pourtant au dire des musicologues reconnus, en qualité, en variété, en maîtrise et en ampleur. Toute son atmosphère semble plus intime, chaleureuse, féerique. Comme pour le n°1, il rompt avec la formule traditionnelle du Concerto en trois mouvements et se déroule en six épisodes principaux (voir la page programme). Cette fois-ci, le rôle du piano paraît à la fois plus décisif et pourtant plus discret. Plus constamment sollicité encore, il est quand même plus avare de “démonstrations“, la virtuosité s’intériorisant et se retrouvant dans une fusion beaucoup plus affirmée avec la partie orchestrale.
Dès le début, sa “couleur “particulière est marquée par une sorte de lent choral des bois d’où émerge peu à peu “un thème songeur aux multiples replis et aux impressions changeantes“ correspondant au thème fondamental. Puis, des épisodes très variés se succèdent dans lesquels, tour à tour, le piano se trouve en conflit avec la masse orchestrale, ou bien, dialogue avec elle, lyrique ou véhément, rude quelquefois, jusqu’à ce que la rivalité se résolve dans une vigoureuse marche Marziale un poco meno allegro où tous les instruments clament le thème initial.
Le finale débute dans une sorte d’atmosphère féerique mais peu à peu – Liszt n’a pas laissé l’œuvre mûrir pour rien – l’orchestre reprend le dessus, les fanfares reviennent, accompagnées de puissants glissandos au piano, et le mouvement ne va plus cesser de s’accélérer jusqu’à la fin du concerto. Là, le soliste va multiplier les formules de virtuosité les plus transcendantes tandis que l’orchestre clame ses appels à tous les échos…
Fastueusement conçu, avec sa très grande densité musicale, la somptuosité exceptionnelle de ses six épisodes, tout ce qui l’a fait baptiser “Concerto des Mille et une nuits“ ou encore “Poème pour piano et orchestre“, ce concerto n°2 est aussi l’œuvre d’orchestre dans laquelle Liszt affirme le plus complètement cette maîtrise et cette audace harmonique : des paroxysmes orchestraux qui suffisent amplement à la démonstration. Le pianiste est virtuose mais aussi un compositeur de génie.
Modeste Moussorgski
Tableaux d’une exposition
En souvenir de Victor Hartmann – 22 juin 1874
Maurice Ravel – Transcription pour orchestre – 1922
A qui donc doit-on donner le plus d’importance, à Moussorgski, ou à Ravel ? Au créateur de l’œuvre pour piano ou au transcripteur à l’orchestre ?
Modeste Moussorgski ? « Il était très élégant : un vrai petit lieutenant de livres d’images, tiré à quatre épingles, les pieds bien “en dehors“, coiffé et pommadé avec soin, des mains de grand seigneur, soignées et modelées à la perfection. Il avait des manières affreusement élégantes et parlait avec affectation, en émaillant ses propos de bribes d’un français recherché…. Sa politesse, sa bonne éducation était incomparables. Toutes les femmes étaient folles de lui… » Borodine – 1856 – membre du “Club des Cinq“ (Stassov, Balakirev, Cui, Rimski-Korsakov).
On est loin du portrait peint par un certain Repine, image d’un homme hagard, hirsute, le nez rouge, les yeux cernés, le regard absent. Entre les deux, à peine un quart de siècle. La solitude, le manque d’argent, l’alcool ont fait des ravages. Saisi par Repine sur son lit d’hôpital, il meurt quelques jours plus tard. A côté de lui, un flacon de cognac avalé dans la nuit, et…le Traité d’Instrumentation d’Hector Berlioz. Il a 42 ans.
Entre temps, il a quitté théâtres et salons de la vie militaire pour, modeste fonctionnaire, se consacrer tout entier à la musique. Il écrira, qu’initié par sa nourrice, la niania, aux contes russes et chants populaires, “ cette intimité avec le génie du peuple et les formes de sa vie, donna la première et la plus forte impulsion à mes improvisations musicales au piano. Et son but bien précis sera alors : « La vie partout où elle se montre, la vérité si amère soit-elle, un langage hardi et sincère, à bout portant, voilà à quoi j’aspire, voilà ce que je veux, voilà où je crains d’échouer ! » Un credo qu’il conservera toute sa vie.
Ces Tableaux d’une exposition viennent après de nombreuses mélodies, de plus en plus poignantes, désespérées. C’est que la mort rôde autour de Modeste Petrovitch. Et lui-même éprouve d’étranges pressentiments sur son devenir propre. Juillet 1873, c’est son grand ami peintre-architecte-maquettiste Victor Hartmann qui meurt à 40 ans d’une rupture d’anévrisme. Cette brusque disparition le laisse désemparé, furieux.
Un an passe. Modeste se rend à une rétrospective de dessins et projets d’Hartmann organisée par Stassov. Son imagination musicale a besoin de concret, d’impulsion venant du dehors. Les tableaux de son ami défunt avec leurs motifs si variés lui ouvrent un vaste horizon. Il a alors l’idée de “peindre en musique“ les meilleurs. Il se représentera lui-même en train de déambuler dans l’exposition, se souvenant tantôt avec joie tantôt avec tristesse du grand artiste décédé. C’est la Promenade, un intermezzo répété plusieurs fois sous des formes différentes et servant de lien entres les dix morceaux de piano. Il nous entretient ainsi de son émotion, plus que de la nature des œuvres exposées. Il interprète ce qu’il voit, qu’il “sent“. Il filtre, remanie, grossit ou amincit un trait, anime un objet…. Ces compositions musicales sont aimables et même gracieuses pour certaines, sans doute sous l’influence des cycles de Robert Schumann comme les Papillons, Carnaval. C’est en mai 1922 que Ravel se rend à une invitation de Serge Koussevitsky, éditeur entre autres de Stravinski. Ce chef d’orchestre et mécène saura être persuasif et la proposition faite d’orchestrer ces fameux Tableaux sera acceptée par Ravel. Et c’est à Lyons-la-Forêt que vont s’élaborer ces nouveaux Tableaux, d’après la révision faite auparavant par Rimski-Korsakov. Au titre d’information, Koussevitsky a-t-il fourni à Ravel une orchestration complète faite un an auparavant par le tchèque Léo Funtek ? Les puristes cherchent les similitudes. Il paraît qu’elles sont nombreuses.
Mais, d’où vient que ce travail de “manipulation“ ait pu s’exercer autant sur cette composition ? Certains expliqueront que Moussorgski n’a pas le style d’un orchestrateur, et pas plus celui d’un pianiste. D’où les réticences de pianistes renommés, depuis sa création, à l’inclure dans leur programme. Il n’a pas écrit pour la virtuosité elle-même, mais pour, globalement, la matière sonore. Quand l’exécution devient trop difficile, c’est lui qui supprime les notes accessoires pour ne garder que les extrêmes. Il livre alors des paquets simultanés de notes aux deux mains, avec, entre eux, un vide plus ou moins grand entre le grave et l’aigu. C’est à partir de cette sorte de “trame“ que Ravel va réussir à concilier dans son orchestration goût et éclat. Le résultat éclipsera alors toutes les autres adaptations précédentes – et même les suivantes. C’est en cette plénitude restituée, sans fausser le ton du créateur que réside la réussite de Ravel : une spectaculaire appropriation alliant rudesse et raffinement.
Parler des Tableaux d’une exposition le serait de façon incomplète si on ne mentionnait pas l’extraordinaire aventure de cette œuvre pour piano réorchestrée qui “colle“ littéralement aux progrès réalisés alors dans le domaine de …l’enregistrement sonore ! En effet, sait-on, par exemple, que les premiers essais de stéréophonie ont été effectués, en 1931, aux USA, par la compagnie Bell qui, avec deux disques synchrones, parvint à restituer le relief sonore de Promenade I et Gnomus ? L’un des disques les plus remarqués du jeune microsillon fut la version d’Anton Dorati à la tête du Concertgebouw. La naissante stéréo imposera les lectures de Karel Ancerl et Fritz Reiner avec l’Orchestre de Chicago, sous la direction de Sir Georg Solti. De vrais bains sonores.
Mais ce n’est pas tout. Cette œuvre se distingue encore par une foule d’orchestrations et de transcriptions. Elle est incontournable. C’est le “tube“ au même titre que le Boléro, ou l’Hymne à la joie, ou La Truite, ou La Petite Musique de Nuit, ou la Lettre à Elise,…Il existe même une version partielle pour chœur à bouche fermée des King’s Singers, une autre pour orgue d’Oskar Gottlieb Barr, une époustouflante réinvention au “synthé“ due au japonais Tomita, des transcriptions pour l’accordéon, …
Quelques indications d’instrumentation dans l’orchestration de Ravel
Promenade I : devant un choral de cuivres, Ravel isole la personnalité débonnaire du visiteur et cette trompette (thème) grandiose est donc minée par quelque ironie. La réponse des cordes et les parenthèses de la petite harmonie soulignent le regard bienveillant porté par Modeste Petrovitch sur tous ceux qui viennent rendre hommage à son ami. Solennellement, l’ensembles es cuivres submerge à la fin la trompette solo : le visiteur est embarqué par la foule.
Gnomus : soubresauts violents et convulsifs, claudications rendues par les instruments à vent, reptations, trépignements aux cordes. L’être effrayant est dépeint, mais derrière cette laide apparence, il est une âme qui souffre et qui subit (à rapprocher de la mélodie Darling Savvishna).
Promenade II : des tons plus doux avec un thème au cor, et un basson surprenant. Elle mène aux portes du :
Il Vecchio Castello : c’est le solo du saxophone qui, introduit par le basson, escorté par le hautbois, la flûte et par la petite harmonie, prend un caractère voilé bouleversant ( on retrouve le basson de l’Alborada di Gracioso et cela annonce les saxophones dans …le Boléro). Ravel focalise alors sur la solitude du ménestrel chantant à la barrière du château.
Promenade III : elle est “trompettante“, amplement confiée à l’orchestre et semble dire : “Allez, il nous faut changer d’air“.
Aux Tuileries : pièce courte et légère, vive, à l’humour taquin, utilisant la petite harmonie. Sans transition, nous passons au :
Byldo (chariot polonais tiré par des bœufs) : on attaque pianissimo. Un grand solo est confié à un tuba sur une lourde scansion des cordes bientôt doublées par un roulement de tambour plutôt guerrier. Puis, dans un dégradé, on retourne au pianissimo qui s’éloigne.
Promenade IV : une nouvelle version dans un registre aigu des bois et des cordes amène au :
Ballet des poussins dans leurs coques : un épisode du ballet Trilby, chef-d’œuvre d’humour faisant intervenir harpe, bois, pizzicati des cordes. C’est un scherzino plein de grâce aérienne. Le visiteur est de plus en plus captivé. Il saute d’un tableau à l’autre. Plus de promenade, pas de transition et on affronte directement le dialogue des :
Deux Juifs : Samuel Goldenberg et Schmuyle
Le premier, riche et arrogant, avance pompeusement : sur un tapis de corde set bois à l’unisson. Le deuxième, pauvre et geignard, éclate en jérémiades de plus en plus désespérées : c’est la petite trompette et ses notes répétées convulsivement : les deux thèmes se chevauchent. Les piaillements sont perceptibles interminablement malgré le motif arrogant des cordes. Après les dernières supplication, accord ultime à la trompette, et brusquement, c’est le “passage à la trappe“. Des cors deviennent alors conducteurs pour :
Le Marché de Limoges : cordes foisonnantes, interventions des petites percussions. Tout cela traduit une grande agitation populaire, en réalité, une querelle de “bonnes femmes“ qui s’invectivent, se poursuivent, en un mot “se crêpent le chignon“ ! Et, d’un coup, c’est le surgissement des :
Catacombes et Promenade qui suit : Cum mortuis in lingua mortua : c’est la page essentielle du recueil. Ravel, pas plus croyant que Moussorgski, préserve le climat liturgique en confortant l’accord des grands accords, les confiant aux seuls trombones sur une “nappe“ d’accords aux cordes. Plus loin, une harpe soulignera la lente remontée vers la lumière, quittant les frémissements au violon d’outre-tombe.
Baba Yaga : la Cabane sur des pattes de poule
C’est la sorcière des contes russes. Elle fait une entrée explosive dans un registre élevé aux cuivres et percussions. On entend des rythmes impétueux de danses populaires. Le déchaînement laisse la place à une sorte de nocturne irréel, mystérieux (contrebasses et contrebassons). Pratiquement, tous les pupitres confondus ramènent au déchaînement final introduisant le dernier tableau.
La Grande Porte de Kiev : Ravel commença par ce tableau. Un choral grave, au trombone, ouvre cette apothéose dans le solennel. Tout de suite, à plein orchestre, le vacarme triomphal est pourtant interrompu par un épisode pianissimo religieux plutôt pathétique. Puis, c’est la rentrée des tutti. Aux cordes, le second pianissimo est plus religieux encore. Carillon, gong, célesta et tout ce qui peut tintinnabuler se rejoint. Ravel calcule un effet cumulatif halluciné amenant à un finale d’une éloquence symphonique rarement égalée.
Gianandrea Noseda, originaire de Milan, est reconnu comme étant l’un des plus grands chefs de sa génération, un des plus doués. En mai 2016, il reçoit le titre de “Conductor of the Year” de l’International Opera Awards.
Directeur Musical du Teatro Regio de Turin depuis 2007, au cours de la dernière décennie Gianandrea Noseda a mené l’Opéra au premier plan international. Il a inauguré une nouvelle ère multimédia et est à l’initiative d’ambitieuses tournées à travers le monde qui ont fait du Teatro Regio Torino l’un des plus grands ambassadeurs culturels d’Italie. Auparavant, il fut principal chef invité au Mariinsky et au BBC Philharmonic. Avec le Mariinsky, ce sera une longue relation de près de dix ans avec des séjours de trois mois par an à Saint-Petersbourg, un véritable tournant dans sa vie, vous confie-t-il.
Le Maestro Noseda a ouvert la saison 2016-17 en octobre en célébrant le 120e anniversaire de la première de La bohème de Puccini qui a eu lieu au Teatro Regio Torino en 1896. Un fait marquant de la saison 2015-16 a été une nouvelle production de La donna serpente d’Alfredo Casella, un compositeur qu’il a défendu pendant de nombreuses années à la fois en concert et lors d’enregistrements.
En janvier 2016, le Maestro Noseda devient le huitième Directeur Musical du National Symphony Orchestra au Kennedy Center à Washington, D.C. Il prend ses fonction au cours de la saison 2016-17 avec des représentations en novembre 2016 et janvier 2017. Sa première saison complète en tant que directeur musical sera la saison 2017-18.
En 2016, Gianandrea Noseda est également nommé Principal chef invité du London Symphony Orchestra. La première saison, il mène une tournée de seize concerts dans sept pays différents, et ouvre la saison du LSO à Londres avec le Requiem de Verdi. Il est aussi Principal chef invité de l’Israel Philharmonic Orchestra depuis 2012, et le Maestro Noseda est aussi invité régulier de nombreux orchestres parmi les plus célèbres.
Le Maestro Noseda entretient une relation privilégiée avec le Metropolitan Opera depuis 2002. Durant la saison 2016-17 il a dirigé une nouvelle production de Roméo et Juliette de Gounod, la Première ayant eu lieu au Gala de la Saint-Sylvestre. La saison dernière, il a dirigé Les Pêcheurs de Perles : production acclamée par la critique qui a également eu sa Première au Gala de la Saint-Sylvestre le 31 décembre 2015. Lors de la saison 2013-2014, son interprétation de l’opéra de Borodin Prince Igor en collaboration avec le metteur en scène Dmitri Tcherniakov donna lieu à l’enregistrement d’un DVD disponible chez Deutsche Grammophon.
Bertrand Chamayou, l’enfant furieusement mégalo, et plus tard, le travailleur jusqu’à l’ivresse.
« La musique n’établit pas de correspondances objectives, elle vise à évoquer le sentiment suscité par l’objet. » Bertrand Chamayou.
Bertrand Chamayou fait partie des artistes désormais incontournables de la scène musicale. Doté d’un très vaste répertoire, impliqué dans la création contemporaine et oscillant d’un style à l’autre avec une facilité déconcertante, il impose aujourd’hui une assurance et une imagination saisissantes, ainsi qu’une remarquable cohérence dans son propos artistique.
En 2015-2016, Bertrand Chamayou fait ses débuts avec de nombreux nouveaux orchestres qui s’ajoutent à une liste déjà très impressionnante. Bertrand a été invité à se produire sur nombre de grandes scènes internationales, et de nombreux festivals parmi les plus réputés sur la planète. On notera, entre autres, le Festival Piano aux Jacobins à Toulouse, qui lui est très fidèle depuis ses débuts et l’a invité aussi à plusieurs reprises à son édition chinoise. En tant que concertiste, il joue sous la direction des plus grands chefs du moment.
La musique contemporaine occupe une part importante de son activité et il a travaillé avec des légendes vivantes de la création comme Henri Dutilleux ou György Kurtag. Il a été invité dans le cadre du festival « Présences » à donner les concertos de Thomas Adès et de Esa-Pekka Salonen. Son activité de chambriste est de même essentielle, et il se produit régulièrement avec ses amis qui sont nombreux, Sol Gabetta, Renaud Capuçon, Daishin Kashimoto… Ses programmes de récitals occupent les scènes les plus renommées du monde entier.
Natif de Toulouse, Bertrand Chamayou a été remarqué dès l’âge de 13 ans par le pianiste Jean-François Heisser dont il a suivi par la suite l’enseignement au conservatoire de Paris. Dans le même temps, il a travaillé assidûment aux côtés de l’illustre Maria Curcio à Londres, et a reçu les conseils éclairés d’un grand nombre de maîtres, dont ceux de Murray Perahia.
Bertrand Chamayou a par ailleurs à son actif des réalisations ambitieuses comme le cycle des Vingt regards sur l’Enfant-Jésus à l’occasion du centenaire du compositeur ou les Douze études d’exécution transcendante de Liszt, données maintes fois en concert, et dont résulte un « live » salué unanimement par la critique (Sony Classical).
« Il y a en permanence en nous, même quand on ne joue pas, un travail mental inconscient de la partition tant sur le plan de la musique que sur le plan musculaire. Le tout est d’arriver à ne pas se mettre en mauvaise tension. » Bertrand Chamayou
Filarmonica Teatro Regio Torino
L’orchestre Filarmonica Teatro Regio Torino a été fondé en 2003 à l’initiative des professeurs de l’orchestre du Teatro Regio, à l’origine sous le nom de Filarmonica 900, vu l’importance de son répertoire de musique du XXe siècle.
En effet, sa particularité a toujours été de mettre en valeur l’extraordinaire variété de la musique du vingtième siècle en insérant dans sa programmation, à côté des chefs d’œuvre classiques, les grands thèmes de la musique symphonique du siècle dernier, tout en gardant une attention particulière sur la rencontre entre l’idée de musique « culturelle » et les nouveaux langages comme le jazz, les musiques de films et la musique populaire.
Il en résulte un répertoire riche issu en grande partie de compositeurs majeurs – en particulier du vingtième siècle – tels Mahler, Strauss, Ravel, Prokofiev, Berg, Copland, Respighi et Chostakovitch, et des projets insolites et parfois inédits, impulsés par une imprévisible rencontre entre les genres, comme le projet Gershwin’s World de Herbie Hancock ou la participation à la restauration de la bande originale de Cabiria di Pastrone exécutée en direct pendant la projection du film.
Depuis 2004, la Filarmonica TRT, en collaboration avec le Teatro Regio de Turin, se produit pour la Saison Symphonique des “Concerts”, qui arrive cette année à sa treizième édition. Dès ses débuts, elle s’est imposée pour le public et la critique internationale comme un orchestre de grande qualité et faisant preuve d’une programmation originale.
Ces dernières années, la Filarmonica TRT a été présente dans de nombreux festivals internationaux. On note le Ravello Festival en aout 2014 avec un programme entièrement wagnérien, sous la direction du chef d’orchestre Gianandrea Noseda avec la participation de la soprano Linda Watson et au Festival de Pâques de Aix-en-Provence en 2015 avec la pianiste Khatia Buniatishvili.
Les rencontres avec d’autres grands compositeurs contemporains méritent d’être soulignées, ainsi que l’interprétation en première absolue des œuvres de Francesco Antonioni, Pascal Dusapin, Toshio Hosokawa, Fabio Nieder, Michael Daugherty, Carlo Boccadoro et James Hartway.
En octobre 2010, la Filarmonica a proposé la première interprétation italienne de “Icarus at the Edge of Time” de Philip Glass, à l’occasion du Festival de la Science de Gènes, sous la direction de Ezio Bosso. Ces dernières années, une étroite collaboration a permis l’exécution en première absolue de la Symphonie n°2 et l’enregistrement de la Symphonie n°1 et de la bande originale du film Il dolce e l’amaro et Le ali de Andrea Porporati.
En novembre 2012 le Chef d’orchestre Yutaka Sado a accepté avec enthousiasme d’être le premier chef invité et, en juin 2015, le Chef Gianandrea Noseda a été nommé Directeur musical. Ces arrivées ont confirmé la reconnaissance du prestige international de l’Orchestre.
Michel Grialou
Filarmonica Teatro Regio Torino
Gianandrea Noseda (direction)
Bertrand Chamayou (piano)
Halle aux Grains
mardi 18 avril 2017 à 20h00
Mécénat / Partenariats
Nathalie Coffignal
ncoffignal@grandsinterpretes.com
Tel : 05 61 21 09 61
Bertrand Chamayou © Marco Borggreve – Warner Classics
Gianandrea Noseda © Sherman
Filarmonica Teatro Regio Torino © DR